Élections européennes : 4 Français sur 10 dans l'indifférence

Par Grégoire Normand  |   |  739  mots
Les élections européennes auront lieu du 23 au 26 mai prochains.
Avant le scrutin du 26 mai, 42% des Français interrogés par BVA expriment un désintérêt pour ces élections. C'est six points de plus que lors de la précédente enquête menée en mars. La République en marche (24%) et le Rassemblement national (20%) demeurent en tête. Ils sont suivis des Républicains (13,5%).

Les craintes d'une forte abstention se multiplient. Selon le dernier baromètre réalisé par BVA pour La Tribune, Europe 1 et Orange, 42% des Français expriment un désintérêt pour ce scrutin contre 36% au mois de mars et 35% en février. À l'opposé, 56% des Français se disent intéressés contre 62% en février et mars. Il n'y a donc pas eu de regain d'intérêt après le débat organisé par l'audiovisuel public marqué par la cacophonie entre les douze têtes de listes invitées le 4 avril à débattre.

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À quelques semaines de l'échéance, l'effritement de l'attrait des électeurs pour le renouvellement du Parlement européen n'annonce pas de bonnes nouvelles. L'institut de sondage estime que la participation pourrait se situer entre 44% et 50% sachant qu'il y a une grand part d'incertitude. Si 57% des personnes interrogées ont exprimé une intention de vote et se disent sûres de leur choix, 32% ont la volonté d'aller glisser un bulletin dans l'urne mais peuvent encore changer d'avis. Enfin, 11% ont exprimé un vote blanc ou nul. Face à cette importante volatilité du corps électoral, il reste moins de deux mois aux forces politiques en présence pour convaincre les électeurs de se rendre aux urnes. Depuis les premières élections européennes, le taux de participation n'a cessé de se dégrader passant de 61% en 1979 à 42,6% en 2014.

Un désengagement des jeunes

Dans le détail, 29% des personnes interrogées se montrent "pas vraiment intéressées" et 13% se disent "pas du tout intéressées". A l'inverse, 33% indiquent qu'ils sont "assez intéressés" et 23% affirment qu'ils sont "très intéressés". Sur l'échantillon interrogé par l'organisme de sondages, de fortes disparités apparaissent entre les générations. Chez les 18-34 ans, seuls 46% se disent intéressés contre 77% chez les plus de 65 ans. Cet écart de 31 points traduit un véritable fossé à l'égard de cette campagne. Par catégorie socioprofessionnelle, ces élections suscitent de l'intérêt chez une grande majorité de cadres (66%) et de retraités (74%). A l'inverse, les employés et les ouvriers auraient tendance à se détourner de cet enjeu (48%).

Dans le champ politique, les sympathisants de la République en marche sont les plus nombreux en proportion (84%) à exprimer de l'engouement. Viennent ensuite les partisans du Parti socialiste (69%) et ceux des Républicains (71%). A la France insoumise (65%), chez Europe Ecologie les Verts (64%) ou au Rassemblement national  (64%), cet attrait est moins visible. Enfin, par zone géographique, les résultats obtenus par l'institut spécialisé dans les enquêtes d'opinion illustre un écart entre les communes rurales inférieures à 2.000 habitants (52%) et les zones urbaines comme les villes moyennes (entre 20.000 et 100.000 habitants) ou l'agglomération parisienne (60%).

La droite gagne du terrain

Sur l'échiquier politique, la droite avance ses pions progressivement. La tête de liste aux européennes pour les Républicains, François Xavier Bellamy remporte 1,5 point d'intentions de vote en avril pour atteindre 13,5% contre 12% en mars. C'est la progression la plus importante par rapport au dernier sondage réalisé par BVA. L'ancienne ministre chargée des Affaires européenne Nathalie Loiseau stagne à 24% pour la liste de la République en marche tout en restant en tête des intentions. Elle est suivie de la liste du Rassemblement national (RN) menée par Jordan Bardella qui atteint 20%, en recul d'un point. En quatrièmes position arrive la liste de la France Insoumise (LFI) emmenée par Manon Aubry. Elle gagne 0,5 point à 8%. La liste du Parti socialiste (PS) dirigée Raphaël Glucksmann gagne un peu de terrain (0,5 point) à 5,5%. Le recul le plus marqué concerne la liste Europe-Ecologie-les-Verts conduite par Yannick Jadot (-1,5 point à 7%).

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Méthodologie : étude réalisée par l'institut BVA auprès d'un échantillon interrogé par Internet du 10 au 11 avril 2019. L'enquête est réalisée à partir d'un échantillon de 1.402 inscrits sur les listes électorales, identifiés au sein d'un échantillon de 1.504 Français, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus. Les intentions de vote qui figurent dans le rapport de BVA reposent sur la base des personnes inscrites sur les listes électorales, certaines d'aller voter et ayant exprimé une intention de vote, soit 679 individus.