Débat télé des Européennes : les 12 candidats ont-ils raté leur premier round ?

D'abord prévu à neuf, le débat diffusé sur France 2 et France Inter s'est élargi sous la pression des candidats initialement non-invités, à coup de procédures judiciaires. Côté sérénité il fallait donc repasser, d'autant plus que le temps de parole, réduit à la portion congrue, a encore un peu plus stressé les protagonistes qui se sont exprimés dans un brouhaha quasi-permanent. Sans oublier qu'il s'agissait d'une première pour des européennes, comment nos têtes de liste se sont-elles tirées de ce grand comparatif en temps réel ? [+ à lire en pied d'article: "12 têtes de liste en tweets"]
Les deux favoris, Nathalie Loiseau (liste Renaissance pour LREM et le Modem) et Jordan Bardella, (liste du Rassemblement National, ex-Front National), lors du débat télévisé (France 2) et radiodiffusé (France Inter) pour les élections européennes, retransmis en direct hier soir.
Les deux favoris, Nathalie Loiseau (liste Renaissance pour LREM et le Modem) et Jordan Bardella, (liste du Rassemblement National, ex-Front National), lors du débat télévisé (France 2) et radiodiffusé (France Inter) pour les élections européennes, retransmis en direct hier soir. (Crédits : Reuters)

Une grande cacophonie ponctuée par quelques passes d'armes: le laborieux débat télévisé, premier du genre, qui a réuni jeudi douze têtes de liste pour les Européennes, a rétabli le clivage entre souverainistes et fédéralistes, sans éviter les guerres fratricides.

D'abord prévu à neuf, le débat diffusé sur France 2 et France Inter s'est élargi sous la pression des candidats initialement non-invités, à coup de procédures judiciaires.

Dans un brouhaha quasi-permanent, où les temps de parole de chacun étaient limités à leur part la plus congrue, le débat a permis aux candidats les plus à la peine dans les études d'opinion de tenter de mordre sur les deux favoris, Nathalie Loiseau (LREM) et Jordan Bardella (RN).

Des piques et des vannes

  • Migrants

Raphaël Glucksmann (Place publique, soutenu par le PS) a ainsi sèchement interpellé, à propos des migrants: "Ni Madame Loiseau, ni Monsieur Bellamy n'ont dit ce que devrait dire n'importe quel humaniste: on les sauve!"

A Nathalie Loiseau (LREM) en particulier, M. Glucksmann s'est voulu solennel: "J'ai honte de votre oubli, Madame."

Cruel, Yannick Jadot, tête de liste des écologistes à l'élection européenne de 2019, a ironisé: "Raphaël Glucksmann pioche largement dans notre programme, c'est très bien."

Dans le camp des pro-Europe, c'est surtout Jean-Christophe Lagarde (UDI) qui s'est voulu le plus pugnace: "Je refuse de placer des douaniers sur le pont de Kehl à Strasbourg, contrairement à M. Wauquiez et Mme Le Pen."

Tous d'accord pour taper sur L'Union européenne

  • L'union européenne

La majorité des candidats s'est pourtant livré à une critique sévère de l'Union européenne. Alors que Jordan Bardella (tête de liste du Rassemblement National
) a cité comme modèle à plusieurs reprises le ministre de l'Intérieur italien d'extrême-droite, Matteo Salvini. La gauche, elle, s'en est pris aux "lobbies" : "le Commissaire au climat (l'Espagnol Miguel Arias Cañete) est un ancien magnat d'une compagnie pétrolière, (c'est) comme si on avait confié à Dracula le camion du don du sang", a lancé le communiste Ian Brossat.

Florian Philippot s'est engouffré dans ce qu'il considère être une contradiction de la droite: "Vous avez voté tous les traités de libre-échange", a-t-il apostrophé François-Xavier Bellamy, alors que ce dernier avait reconnu plus tôt "l'échec" d'un trop grand élargissement.

"L'UE coûte 85 centimes d'euros par jour (à chaque Français)

Sur le budget européen et sa redistribution, même tir de feux croisés: "On va donner plus à l'UE qu'on donne à notre police, notre gendarmerie", a notamment fustigé Nicolas Dupont-Aignan.

Nathalie Loiseau, se voulant pédagogue: "L'UE coûte 85 centimes d'euros par jour (à chaque Français), moins qu'un café: nous payons beaucoup, donc nous devons être exigeants avec ceux qui reçoivent beaucoup".

"Si le climat était une banque, ça fait longtemps que l'UE l'aurait sauvée"

  • Réchauffement climatique, transition écologique, écocide

Après deux heures d'émission, qui en a finalement compté plus de trois, la question écologique - au cœur de nombreux programmes de candidats - a été évoquée:

"Si le climat se réchauffe, c'est l'Europe la première qui devra payer les pots cassés", a fait valoir Jean-Christophe Lagarde, selon qui "si le climat était une banque, ça fait longtemps que l'UE l'aurait sauvée".

"Le meilleur ami de l'écologie, c'est la frontière", a pour sa part répété M. Bardella.

Face à M. Bellamy, qui a appelé à "réconcilier écologie et économie", Benoît Hamon a réclamé la "reconnaissance du crime d'+écocide+", en mettant en cause "des entreprises, des personnes morales" qui "produisent contre l'intérêt général".

Et lorsque Yannick Jadot a opportunément cité l'ancien président de la Commission Jacques Delors, Nathalie Loiseau - dont le numéro deux de la liste est Pascal Canfin, ex-EELV - a eu beau jeu de lui rappeler que "quand on a une écologie de témoignage, on ne pèse pas sur le Parlement européen".

  • Grand débat, "Gilets jaunes", RIC

Peu d'allusion dans le débat aux "Gilets jaunes", si ce n'est lorsque Manon Aubry a mis sur la table la proposition de son parti d'un référendum d'initiative citoyenne européen, comme l'a proposé le groupe LFI (La France Insoumise) à l'Assemblée.

  • Conseil de sécurité de l'ONU : transfert du siège de la France à l'UE

Sur le fond, plusieurs propositions ont été soumises au vote des candidats. A la notable exception de Benoît Hamon, tout le monde était opposé à transférer le siège de la France au Conseil de sécurité de l'ONU à l'UE, une compétence qui ne relève pas des députés européens.

  • Cumul des mandats

Tous, sauf François Asselineau qui s'est abstenu, se sont également engagés, s'ils sont élus, à siéger au Parlement européen jusqu'à l'issue de leur mandat en 2024, et donc à renoncer à briguer tout autre mandat, y compris présidentiel.

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12 TÊTES DE LISTE EN TWEETS

Manon Aubry (La France Insoumise)

Jordan Bardella (Rassemblement national)

François-Xavier Bellamy (Les Républicains)

Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France)

Raphaël Glucksmann (liste commune Place publique-Parti socialiste)


Yannick Jadot (Europe Ecologie-Les Verts)

Nathalie Loiseau (La République en marche)

Ian Brossat (Parti communiste français)

Jean-Christophe Lagarde (Union des démocrates et indépendants)


Benoît Hamon (Génération. s)

Florian Philippot (Les Patriotes)


François Asselineau (Union populaire républicaine).

Commentaires 35
à écrit le 07/04/2019 à 19:30
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Seul la France Insoumise a la capacité de réformer en profondeur l'Union Européenne. EELV veut une économie-écologie de marché et Benoit Hamon veut transférer le siège de la France au Conseil de sécurité de l'ONU à l'UE. Le vote utile pour les Euro...

à écrit le 06/04/2019 à 13:36
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Glucksman a été le meilleur!Enfin un peu de fraicheur et de compétence!Loiseau m'a semblé agressive et dépassée,Bardella ridicule.

le 06/04/2019 à 20:15
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Vous n'êtes pas objectif, Glucksman a été mauvais, il a l'honnêteté de le reconnaître, mais autant que Bellamy, ces deux là font du bien au débat je suis sur ce point d'accord avec vous...quant a Loiseau c'est carrément mauvais..

le 07/04/2019 à 17:19
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Ne comparez pas Glucksman a Bellamy,s'il vous plait.L'un est un philosophe confirmé et repecté,l'autre débute,et malgré sa fraicheur,Bellamy doit encore faire ses preuves.

à écrit le 06/04/2019 à 8:48
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Bataille de seconds couteaux, voire troisièmes couteaux... Qui peuvent-ils faire rêver ? C'est terriblement révélateur cette image qu'ils concourent à donner de l'Union Européenne.

le 06/04/2019 à 10:15
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Les premiers couteaux ont géré une UE la crise du dépouillement depuis 40 ans pour rien avec pour seul résultat d' installer les Gilets Jaunes. Vous n' avez tjrs pas digérer les menotte, les français eux ont compris avec Asselineau...

à écrit le 06/04/2019 à 8:09
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On a eu aucune communication sur le nombre de téléspectateur ayant suivi ce débat , le chiffre doit être mauvais

à écrit le 06/04/2019 à 4:14
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J'ai jete un coup d'oeil rapide sur ce rassemblement de breles. Les francais ont les politiques qu'ils meritent.

le 06/04/2019 à 10:09
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En parlant de breles : Organe interne à l’Assemblée nationale, l’ADE est chargée d’entreprendre la négociation collective avec les syndicats de collaborateurs parlementaires, qui réclament une amélioration de leurs conditions de travail. Le 15 fév...

à écrit le 05/04/2019 à 20:27
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Les politiques sont tellement déconsidérés auprès de la nation que le métier n'attire plus que des médiocres qui se disputent une piètre notoriété à renfort de discours formatés, désuets et rances, teintés d'une pathétique arrogance qui n'avait même ...

le 05/04/2019 à 21:06
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Amen.

à écrit le 05/04/2019 à 19:37
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N' en jetez plus vous confirmez la détestation de cette Ue fabriquée par seul coloriage médiatique. Asselineau est au-dessus du lot comme d' habitude, clair précis, concis malgré la diversité des impuissances GOPEodépendantes représentées, lrem/socia...

à écrit le 05/04/2019 à 19:10
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180 minutes, 12 débatteurs... 15 minutes par débatteur, saucissonnées en tranches de 90 sec. On ne voit pas ce qu'il aurait pu sortir d'intéressant de l'exercice et effectivement il a laissé tout le monde sur sa faim. La campagne ne fait que co...

à écrit le 05/04/2019 à 19:07
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Loiseau, :"L'UE coûte 85 centimes d'euros par jour (à chaque Français), moins qu'un café: nous payons beaucoup, donc nous devons être exigeants avec ceux qui reçoivent beaucoup". A donc, il y en a qui reçoivent beaucoup ,combien ?

le 06/04/2019 à 9:11
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Collectivement, tous les pays de l'Est de l'Europe dont chaque pays reçoit l'équivalent par habitant de 200€ à 500 €. Le plus gros bénéficiaire global étant la Pologne avec environ 15 milliards € d'aides nettes (une fois déduite sa cotisation). La...

à écrit le 05/04/2019 à 19:01
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Loiseau : "Nous n'oublions pas ce que nous devons à l'Europe" C'est vrai quoi, une bonne loi travail contre les salariés appliquée de force ,c'est quand même génial ,non ? et j'évoque même pas la reforme des retraite à venir.

le 06/04/2019 à 1:15
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Evitez de reprocher à l'Europe ce que nous pouvons également reprocher à la France. Sachant que seules 75% des retraites sont payées par les cotisations -forcées- et le reste par un ensemble de 22 taxes et impôts, une réforme est inévitable que vous ...

le 06/04/2019 à 9:12
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@truc Et tu veux quoi comme système ?

à écrit le 05/04/2019 à 18:40
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Madame Loiseau, je vous propose un slogan de campagne: Non au glyphosate, oui a la GLI-F4 C'est rassembleur, en marche et ecolo, et d'actualité, ça parle a la gauche comme a la droite, et ça sonne bien. Tout un programme en quelques mots

à écrit le 05/04/2019 à 18:36
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12 candidats pour un débat, ce n'est pas assez, il manquait Laguiller, Poutou, Lassalle, Besancenot, Cheminade...Enfin quelques candidats supplémentaires qui ne représentent qu'eux mêmes ou presque comme la plupart des autres présents hier soir. Pour...

à écrit le 05/04/2019 à 18:34
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Personnellement je n’ai rien appris, les programmes, empreints de la démagogie habituelle, sont déjà connus. Et pour la plupart irréalisables dans une logique mondiale pilotée par la finance spéculative. Tous ces débats deviennent inutiles et à la li...

à écrit le 05/04/2019 à 18:17
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Personne n'a souligné le caractère peu paritaire de ces têtes d'affiche. La où tient le pouvoir, la gent féminine s'efface!

à écrit le 05/04/2019 à 17:38
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"Le pain symbole du pouvoir d'achat, est l'enjeu de toutes les révoltes populaires". Vu ce qui reste sur les plateaux de ce midi au boulot et qui va finir à la benne , c'est pas gagné

à écrit le 05/04/2019 à 16:54
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Quand je vois l'attitude de ces gugusses, c'est vraiment consternant.

à écrit le 05/04/2019 à 15:58
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Notez l’incompétence de Lagarde (UDI) ou sa malhonnêteté...Il a tout simplement dit que les 6 milliards que l'UE versait à la GB pourront être ré-alloués !! Mon cher, il n'y a rien à ré-allouer !!! La GB était contributrice nette, les 6 milliards von...

le 05/04/2019 à 18:08
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En tout les cas la GB va devoir faire un chèque de 50 milliards à l'UE.

le 07/04/2019 à 3:07
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@marc469, en cas de no deal, les britanniques ne paieront rien ! Et les 44 Mde (pas 50), qui étaient des engagements sur les dépenses à venir, devront être repartis entre les restants, dont 9 Mde pour la France.

à écrit le 05/04/2019 à 15:56
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Bof, je sais pas ce que je vais faire, perso je suis europhobe, je voterais bien pour le PIF (parti indépendantiste français) l'équivalent de l'ukip s'il existait, malheureusement nos trois europhobes (a la saint éloi) sont trois enarques, et je les ...

le 05/04/2019 à 17:06
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@jeannot lapin, Asselineau est énarque , et alors ??? Il a créé son parti il y a 12 ans, il n'est plus payé. Il était Inspecteur Général des Finances, il aurait fait carrière, profitant un max du système. Quand à Phillipot, ce mec est un scandale. ...

le 05/04/2019 à 18:27
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@UPR Il reste un surétatiste, et encore récemment je l'ai entendu pas trop trop chaud pour mettre un peu de proportionnelle alors que la représentativité des représentants est ZE énorme problème français. Si des fois il dit des choses intéressante...

à écrit le 05/04/2019 à 14:38
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En gros, rien ne va plus en UE, si on excepte LREM, tout le monde veut que ça change mais personne (sauf un...Asselineau) ne reconnaît qu’on ne peut rien modifier sans l’accord des 27... bref, une belle bande de parleurs.

à écrit le 05/04/2019 à 14:35
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La France est jusqu'à maintenant un grand pays, pour ses habitants, mais un tout petit pays pour l'UE de Bruxelles par sa faiblesse de caractère, comme... tout les autres membres sous tutelle de cet administration hors sol!

le 06/04/2019 à 14:22
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Le mot "tutelle" s'emploie justement dans le cas d'entité incapable de se gérer, pratiquement en mort cérébrale. Est ce le cas de la France?

à écrit le 05/04/2019 à 14:21
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Ils avaient tous un point de commun, même constat et même refus d'accepter cette UE technocratique qui ne fonctionne plus. Immigration, politique industrielle, gouvernance même analyse. Une ambiance de déclin d'une UE qui se délite. Les anglais quitt...

à écrit le 05/04/2019 à 14:12
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""Si le climat était une banque, ça fait longtemps que l'UE l'aurait sauvée"" Au milieu de cet énième spectacle politicien qui ne sert à rien il y a eu de belles paroles quand même. ET pour faire le tour du problème rapidement que tous refuse...

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