En Espagne, l'administration submergée par les demandes de revenu minimum vital

Mesure du gouvernement de gauche, la mise en place depuis trois mois d'un revenu vital pour lutter contre la pauvreté est dans l'impasse en raison de l'explosion de demandes que l'administration n'arrive pas à traiter. A ce jour, 80.000 demandes ont été approuvées sur les 143.000 analysées sur les 750.000 demandes reçues.
Le budget prévu pour financer la mesurer était de 3 milliards d'euros par an. Le gouvernement de gauche (Pedro Sanchez (PS), Premier ministre, et Pedro Iglesias (Podemos), ministre des Droits sociaux) évalue à 850.000 le nombre de foyers éligibles pour cette nouvelle prestation.
Le budget prévu pour financer la mesurer était de 3 milliards d'euros par an. Le gouvernement de gauche (Pedro Sanchez (PS), Premier ministre, et Pedro Iglesias (Podemos), ministre des Droits sociaux) évalue à 850.000 le nombre de foyers éligibles pour cette nouvelle prestation. (Crédits : SERGIO PEREZ)

Près de trois mois après sa création en urgence en Espagne pour faire face à l'explosion de la pauvreté entraînée par la pandémie, le revenu minimum vital est au point mort et l'administration débordée par l'avalanche de demandes.

Cette aide était une promesse du gouvernement de gauche composé des socialistes de Pedro Sanchez et de la gauche radicale de Podemos. Mais la pandémie de Covid-19, qui a durement endeuillé l'Espagne et dévasté son économie, a précipité son approbation fin mai, avant même la fin du déconfinement, pour en faire un filet de sécurité pour les plus précaires, alors que les files s'allongeaient devant les banques alimentaires. La mesure devrait coûter trois milliards d'euros par an selon le gouvernement.

750.000 premières demandes reçues

Officiellement, sur les 750.000 premières demandes reçues, 143.000 (19%) ont été analysées et 80.000 approuvés depuis le 15 juin, date de début du dépôt des dossiers, selon un communiqué du ministère de la Sécurité sociale diffusé le 20 août. Mais le principal syndicat de fonctionnaires, le CSIF, fait une lecture bien plus pessimiste de la situation: "près de 99% des demandes n'ont pas été traitées", affirme à l'AFP son porte-parole José Manuel Molina. Selon lui, les fonctionnaires de la Sécurité sociale n'ont réellement réussi à analyser que 6.000 dossiers, tandis que 74.000 foyers qui touchaient déjà des allocations familiales ont été déclarés bénéficiaires d'office.

Ces familles ont déjà reçu deux versements de l'aide, plafonnée à un maximum de 1.015 euros mensuels par foyer, selon le ministère de la Sécurité sociale. Mais pour des centaines de milliers d'autres, l'attente est angoissante. "Nous avons envoyé la demande le 26 juin, et depuis je n'ai aucun retour (...) Cela fait déjà deux mois d'attente, alors qu'en théorie c'était une mesure prise pour que personne ne se retrouve à la rue", témoigne Marta Sanchez, 42 ans. Mère de deux jeunes enfants, cette habitante de Séville (sud) doit pour la première fois recourir à la Croix Rouge pour les nourrir, après avoir perdu son emploi de télé-opératrice pendant le confinement, tandis que son mari, chauffeur de VTC, était lui aussi licencié. "Dieu merci, ma mère et ma sœur paient nos factures d'eau et d'électricité", tandis que leur propriétaire, un membre de la famille, ferme les yeux sur les loyers impayés, explique Marta Sanchez, consciente que toutes les familles n'ont pas sa chance.

Un phénomène "nouveau"

"Le rythme est peut-être un peu plus lent que prévu, mais nous travaillons à automatiser beaucoup de procédures, et le traitement devrait être beaucoup plus rapide à partir de maintenant", assure une porte-parole du ministère de la Sécurité sociale. "Le démarrage d'une prestation est toujours difficile (...) et cette situation n'est pas une exception", assure-t-elle.

Pour José Manuel Molina, le représentant des fonctionnaires, il s'agit au contraire d'un phénomène "nouveau", aggravé par des années de coupes budgétaires dans l'administration, qui a perdu 25% de ses effectifs en dix ans selon lui. "Le problème est qu'ils ont tout précipité, pratiquement sans formation et avec un énorme manque d'effectifs", alors que la branche de la Sécurité sociale en charge du revenu minimum vital ne compte que 1.500 fonctionnaires, qui s'occupent également des départs en retraite, explique le syndicaliste. Ces fonctionnaires sont confrontés à une "avalanche de demandes", dont le volume correspond déjà "à l'ensemble des dossiers de départ en retraite reçus au cours d'une année entière", assure-t-il. Environ 500 intérimaires ont été recrutés en renfort via la société semi-publique Tragsatec, mais leur aide est limitée car n'ayant pas le statut de fonctionnaire, ils ne peuvent pas valider officiellement les dossiers, regrette José Manuel Molina.

2,3 millions de personnes concernées

Et le nombre de demandes devrait encore s'accroître, car le gouvernement évalue à 850.000 le nombre de foyers éligibles pour cette nouvelle prestation, soit 2,3 millions de personnes dont 30% de mineurs. Présenté par le gouvernement comme très simple à remplir via une application internet, le dossier pose en fait problème à de nombreux demandeurs sans ressources touchés par la "fracture numérique", alors que le délai pour obtenir un rendez-vous physique tourne autour de deux mois, dénonce également le CSIF.

Commentaires 10
à écrit le 31/08/2020 à 12:47
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Le pseudo revenu universel et la dure réalité économique... comment mettre les Etats à genoux avec des idéologies de bobos déconnectés.

à écrit le 31/08/2020 à 11:45
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Une mesure de ce genre doit être universelle pour être acceptée et compensée budgétairement par l'impôt sur le revenu sinon c'est ingérable, ce que les espagnols sont en train de découvrir. Ce devrait être une allocation automatique universelle qu...

à écrit le 31/08/2020 à 10:05
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Fin d'un système, pillage, pollution, disparition des espèces, réchauffement climatique, pandémie, quelle réussite vers le néant ! Alors les saupoudrages sociaux n'y changeront rien, ni les cris horrifiés des défenseurs du système car à la fin : tou...

à écrit le 31/08/2020 à 6:38
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Ce qui se passe en Espagne est un avant goût de ce qui pourrait se passer en France dont l'économie est dans le même état de déliquescence. Contrairement à ce que croît certain intervenant la richesse d'un pays se mesure à son PIB/hab et la France e...

à écrit le 30/08/2020 à 22:04
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C'est typiquement la fausse bonne idée socialiste, donner de l'argent sans aucune contrepartie sauf à maintenir dans le besoin ces personnes que l'on sommera de voter socialistes alors que c'est PODEMOS et le PSOE qui les maintient dans cette trappe ...

à écrit le 30/08/2020 à 18:26
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c'est bien gentil, ils ne disent pas comment ils vont financer ca..... vu qu'ils sont comme les francais et qu'ils veulent que la bce prete de l'argent sans interet qu'elle annulera, on craint le pire autant on peut comprendre l'aide d'urgence a ce...

à écrit le 30/08/2020 à 12:54
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C'est bien le socialisme, ca permet de faire payer ses factures aux autres.

à écrit le 30/08/2020 à 12:21
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Un aperçu clair de la pauvreté qui s'est répandue dans notre UE en déclin. Ne pas oublier qu'en 1956, date de la première pierre de cette abomination la France était 3 ème puissance économique mondiale, en 2010 nous sommes 6 ème puissance mondial...

le 30/08/2020 à 21:20
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"Alors oui nos riches sont beaucoup plus riches qu'en 1956 mais le peuple français lui a régressé" Encore un qui devait pas etre ne en 1956. Petit rappel. a l epoque avoir une voiture etait un luxe, tout comme avoir le telephone. 99 % de la populati...

le 01/09/2020 à 8:47
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@ multipseudos: "Encore un qui devait pas etre ne en 1956." J'ai pas le droit de faire de lien le génie mais par contre je peux t'assurer que les mégas riches ont vu leurs fortunes personnelles grâce à ton moteur de recherche préféré tu vas pouvo...

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