En Europe, l’austérité touche à sa fin

Par Grégoire Normand  |   |  450  mots
(Crédits : Yves Herman)
[ 9 POINTS CHAUDS DE 2019 ] Marchés agités, guerre commerciale États-Unis Chine, Brexit, crise de "Gilets jaunes"... 2019 sera l'année de tous les dangers avec un monde face au risque de la récession. Mais aussi, comme le pire n'est jamais sûr, l'année de toutes les opportunités. Cinquième point chaud : la fin de l'austérité en Europe ?

Dix ans après l'éclatement de la crise financière, la situation économique européenne est loin d'être favorable. La plupart des prévisionnistes anticipent un net coup de frein de la croissance en 2019 après une année 2018 au ralenti. Malgré ces mauvaises nouvelles, la situation budgétaire de la zone euro a retrouvé des couleurs ces dernières années.

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En moyenne, le déficit public a atteint 1 % du produit intérieur brut (PIB) et de nombreux pays ont retrouvé des excédents. Par comparaison, le déficit du budget aux États-Unis dépasse les 4 % du PIB et devrait exploser dans les deux années à venir. Les marges de manœuvre semblent donc plus importantes en zone euro.

À ce titre, « les politiques budgétaires sont globalement moins restrictives que sur la période 2010-2013 », rappelle l'économiste de l'OFCE Christophe Blot. « Aujourd'hui, les politiques budgétaires sont globalement plus neutres. Elle est expansionniste dans certains pays comme en Allemagne depuis deux ans. Elle a été expansionniste en 2018 en Espagne et elle le sera également en Italie à la suite des annonces du gouvernement », poursuit Christophe Blot.

Du côté de la France, les annonces d'Emmanuel Macron le 10 décembre dernier et la baisse de l'inflation devraient également soutenir la demande interne. Les économistes de l'Insee anticipent un fort rebond du pouvoir d'achat pour le premier semestre 2019. Au Portugal aussi, l'économie s'est raffermie grâce à des mesures de relance budgétaire depuis 2015.

Pour 2019, l'économiste Bruno Cavalier prévoit que « la politique budgétaire en zone euro va être modérément expansionniste. En incorporant les mesures fiscales françaises et italiennes, le stimulus approcherait 0,4 point de PIB. C'est bien inférieur au stimulus américain de 2018 (environ 1,4 point) mais le multiplicateur budgétaire est plus élevé en Europe qu'aux États-Unis (1 contre 0,5 environ). » Près de quarante ans après le fameux « Tina » (« There is no alternative ») cher à l'ancienne Première ministre du Royaume-Uni Margaret Thatcher, l'austérité semble moins à la mode sur le Vieux Continent. Mais les difficultés de la zone monétaire à former un budget commun témoignent des profonds désaccords qui subsistent vingt ans après sa création.

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