L’Europe résistera-t-elle face au risque populiste  ?

[ 9 POINTS CHAUDS DE 2019 ] Marchés agités, guerre commerciale États-Unis Chine, Brexit, crise de "Gilets jaunes"... 2019 sera l'année de tous les dangers avec un monde face au risque de la récession. Mais aussi, comme le pire n'est jamais sûr, l'année de toutes les opportunités. Neuvième point chaud : des élections européennes à haut risque.
Robert Jules
(Crédits : CHARLES PLATIAU)

2019 sera pour l'Union européenne une année d'élections. On votera pour renouveler le Parlement européen entre les 23 et 26 mai, élections dont découleront un nouvel exécutif à la Commission de Bruxelles, le président étant élu par les députés européens, et le nom du successeur de l'italien Mario Draghi à la tête de la BCE. Ce sera surtout un test grandeur nature sur la perception qu'ont les Européens de l'UE, après le départ des députés britanniques, en raison du Brexit, et la montée des mouvements populistes, illustrée de façon inattendue par le puissant mouvement des « gilets jaunes » en France. Longtemps dominé par deux blocs, les conservateurs d'un côté, les sociaux-démocrates de l'autre, le nouvel équilibre sera à chercher dans le compromis entre les élus qui se retrouveront sur une ligne d'opposition aux eurosceptiques et aux populistes, dont le nombre de députés devrait être plus important.

Cette nouvelle donne a pris un tour spectaculaire en France, deuxième économie de l'UE, dont la croissance est prévue à 1,7 % cette année. Salué internationalement, Emmanuel Macron, élu sur un programme de réformes d'inspiration libérale défendant une ligne européenne, bat des records d'impopularité. En à peine dix-huit mois, il a perdu une large part de son crédit, mis à mal par le mécontentement des « gilets jaunes ». Sans marge de manœuvre, et ayant déjà concédé 10 milliards d'euros de dépenses publiques, le jeune président français n'a pas d'autre choix que de poursuivre ses réformes, notamment celles des retraites et de l'assurance-chômage, s'il ne veut pas perdre les 20 % d'électeurs qui le soutiennent encore. En cas de blocage, il pourra dissoudre l'Assemblée et provoquer de nouvelles élections pour savoir quelle orientation les Français veulent aujourd'hui.

Le contre-exemple est l'Italie. La troisième économie européenne est dirigée par une coalition inédite formée par la Ligue, classée à l'extrême droite, et le mouvement populiste 5 étoiles. Mais l'épreuve de force entre Rome et Bruxelles sur le budget italien a finalement débouché sur un accord à la mi-décembre, l'Italie acceptant d'ajourner certaines mesures phares, comme la réforme des retraites et le revenu de citoyenneté, pour éviter la procédure d'infraction. Le déficit public devrait être ramené à 2,04 % du PIB contre 2,4 % initialement prévu. Surtout la dette, qui atteint un record de 130 % du PIB, ne s'aggravera pas. Mais ce gouvernement bute sur la croissance, qui devrait atteindre à peine 1 % cette année.

Plus inquiétant, l'Allemagne, la référence européenne par excellence, pourrait subir des revers. Son modèle économique fondé sur les exportations est pénalisé par les difficultés de certains de ses clients importants comme la Chine, l'Italie ou la Turquie, auxquelles s'ajoute la menace des États-Unis d'imposer des droits de douane plus élevés sur ses importations d'automobiles. De fait, sa croissance a ralenti fortement (elle a été révisée de 2,5 % à 1,5 %).

Même si le pays a largement de quoi compenser un trou d'air grâce à ses excédents budgétaires, la fin de règne de la chancelière Angela Merkel ajoute aux incertitudes politiques, d'autant que les conservateurs sont menacés par la montée d'un puissant mouvement d'extrême droite, l'Alternative pour l'Allemagne (AfD). Même si les Européens restent attachés à l'UE (l'Eurobaromètre de décembre 2018 indique que la confiance se maintient à 42 % depuis le printemps, son plus haut niveau depuis l'automne 2010), qui fête les 20 ans de l'euro, les difficultés que rencontre la partie de la population la plus vulnérable du Vieux Continent montrent la nécessité de repenser le projet européen sous peine d'une désaffection croissante.

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Robert Jules
Commentaires 5
à écrit le 14/01/2019 à 15:58
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Lors des dernières élections européennes en 2014, nous avions déjà entendu nos dirigeants promettre de "prendre en compte les préoccupations des peuples". Quels résultats 5 ans plus tard ? RIEN ! Plus d'autre alternative que l’éclatement de l'UE.

à écrit le 14/01/2019 à 11:24
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"L’Europe résistera-t-elle face au risque populiste  ?" Si l'Europe apporte sécurité, prospérité pour tous et démocratie directe : Oui Par contre si l'Europe continue à imposer ses lois sans l'avis des personnes concernés, l'immigration non désir...

à écrit le 14/01/2019 à 9:59
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Le populisme n'est pas la solution politique pour l'Europe. La solution est la démocratie pluraliste qui assure à chaque courant politique des voix possible au parlement européen. Le populisme n'est que l 'antichambre de la dictature et de l'interdi...

à écrit le 14/01/2019 à 9:40
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l'Europe a toutes les capacités, toutes les compétences nécessaires, pour rivaliser, voire imposer ses vues sur la scène internationale, mais au lieu d'en tirer profit elle se déchire, se détruit .En ordre dispersé elle est la cible permanente des"sn...

à écrit le 14/01/2019 à 8:53
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"L’Europe résistera-t-elle face au risque populiste  ?" "L’Europe" ? Qu'est-ce que c'est svp ? Des pays qui se déchirent entre eux sur le dumping fiscal et social ? Des pays qui se soumettent à la seule Loi de l'argent, une union sacrée reposant ...

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