États-Unis et Chine décollent à toute vitesse, Paris et Berlin très inquiets du déclassement de l'Europe

Ce mercredi, étape cruciale pour la relance de l'Union européenne puisque la France, l'Allemagne... une douzaine de pays en tout, vont soumettre à Bruxelles leur plan de relance selon la répartition des 750 milliards d'euros prévus pour toute l'UE. Mais, face aux démarrages canon des États-Unis et de la Chine (dont la croissance au 1er trimestre est attendue à +18%!), c'est la peur d'un grand retard de croissance qui hante les esprits.
Photo d'illustration : le président français Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel lors d'une vidéoconférence franco-allemande du Conseil de sécurité à l'Élysée à Paris, France, le 5 février 2021.
Photo d'illustration : le président français Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel lors d'une vidéoconférence franco-allemande du Conseil de sécurité à l'Élysée à Paris, France, le 5 février 2021. (Crédits : Reuters)

La France et l'Allemagne ont appelé mardi la Commission européenne à examiner "au plus tôt" les plans de relance nationaux pour éviter que l'Europe, fragilisée par les ratages de la vaccination, ne se laisse distancer par la Chine et les Etats-Unis dans la course à la reprise mondiale.

"Nous avons perdu trop de temps. La croissance chinoise est repartie. Les Etats-Unis sont en plein essor. L'Union européenne doit rester dans la course", a déclaré le ministre français des Finances Bruno Le Maire lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue allemand Olaf Scholz.

Une initiative symbolique visant à replacer le couple franco-allemand au centre du jeu européen, comme il y a un an.

"La Commission doit analyser les plans nationaux de relance et de résilience dès que possible afin qu'ils puissent être approuvés par le Conseil en juillet au plus tard. Cela permettra que l'argent soit versé avant la fin de l'été", a insisté le ministre français, qui la veille disait espérer un premier versement début septembre.

Répartition des 750 milliards entre États-membres: à chacun selon ses besoins

L'UE, qui s'est accordée en juillet 2020 sur un fonds de relance de 750 milliards d'euros (5,6% du PIB européen) financé par une émission de dette commune, franchira une étape importante cette semaine puisqu'une douzaine de pays doivent lui soumettre leur plan, dont la France et l'Allemagne mercredi.

312,5 milliards d'euros seront versés sous forme de subventions. À chacun selon ses besoins: si l'Italie et l'Espagne en seront les principaux bénéficiaires, à hauteur de 70 milliards chacune, la France percevra près de 40 milliards d'euros et l'Allemagne, première économie européenne, 25,6 milliards.

"La responsabilité politique des États membres et de la Commission est maintenant de faire du plan de relance européen une réalité concrète pour nos citoyens dès que possible", a martelé Bruno Le Maire.

Un message qui a été entendu à Bruxelles:

"En ce moment-même, les gouvernements des pays de l'UE finalisent leurs plans nationaux de relance. Et la Commission travaille main dans la main avec eux sur ces plans, 24 heures sur 24", a déclaré la présidente de l'UE, Ursula von der Leyen, dans un communiqué.

Elle ajoutait:

"C'est l'occasion du siècle pour l'Europe. Un moment vraiment historique", a-t-elle insisté.

Inquiétude face aux démarrages canon de la Chine et des États-Unis

Mais si "la vaccination s'accélère en Europe", selon Mme von der Leyen, le Vieux continent accuse un retard de croissance par rapport aux deux premières économies mondiales.

D'un côté, la Chine a démarré l'année sur les chapeaux de roue, forte d'une croissance estimée à 18,3% au premier trimestre.

De l'autre, le nouveau président Joe Biden avec son plan de 1.900 milliards de dollars va donner un coup de fouet à l'économie américaine. Selon le FMI, elle devrait dégager une croissance de +6,4% cette année, contre 4,4% pour la zone euro.

En comparaison de la crise de 2009-2011, dont elle a failli ne pas se relever, l'Europe semblait pourtant cette fois bien décidée à faire de la pandémie de Covid-19 une opportunité pour aller de l'avant et montrer son utilité.

En mai 2020, le président français Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel proposent un plan de soutien de 500 milliards d'euros financé par un emprunt commun.

Cette initiative du couple franco-allemand aboutit à l'accord historique des Vingt-Sept en juillet.

Lire aussi : Macron et Merkel arrachent un accord de 750 milliards pour relancer l'Europe

Las, les ratés s'accumulent ensuite, entre une politique commune d'achat de vaccins qui manque d'ambition, des parlements qui traînent à donner leur feu vert au recours à l'emprunt commun, la Cour constitutionnelle allemande qui s'en mêle...

"Je pense que nous sommes sur la bonne voie, pas seulement en Allemagne et en France, mais aussi dans les autres Etats", a toutefois estimé Olaf Scholz, se disant "confiant" sur l'aboutissement du processus de ratification.

4,1 points de croissance en plus si les fonds sont décaissés cet été

Selon l'agence de notation Standard and Poor's, le plan Next Generation EU pourrait apporter 4,1 points de croissance supplémentaire aux Vingt-Sept si les fonds commencent à être décaissés comme prévu cet été.

Mais ne faut-il pas envisager sans attendre un nouveau stimulus? "Avant de réfléchir à un nouveau plan, adoptons celui-là'", a balayé Bruno Le Maire en réponse à une question de l'AFP.

"Nous verrons dans quelques semaines où nous en sommes en ce qui concerne la croissance en Europe, et alors nous prendrons les décisions nécessaires", a-t-il ajouté.

Commentaires 12
à écrit le 30/04/2021 à 9:43
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Pauvre Europe , même plus souveraine , on a laissé partir les usines pour les voraces actionnaires et on est en rupture de tout micropuces , matériaux , pièces diverses et on est freiné par les pays de l'est revanchards soutenus en sous main par nos ...

à écrit le 29/04/2021 à 8:52
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Que voulez vous tant que les politiques ne verront que la finance (les courbes de la bourse) comme travail, les delocalisatilns et mise au chômage continueront et accelereront. Pour eux il y a personne qui se leve et va au travail, juste eux qui soit...

à écrit le 28/04/2021 à 20:24
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La relation France Allemagne c est comme la fable de la cigale et la Fourmi. En plus d être inmcompetente et orgueilleuse la cigale est inefficace. Pas étonnant donc le déclassement européen qui n'est pas terminé...

à écrit le 28/04/2021 à 18:23
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Un ratage serait un signe d'échafaud pour cette UE immobile.

à écrit le 28/04/2021 à 17:52
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Pour les salariés virés ici et qui entendent de leur Direction ," Ne vous inquiétez pas ,le boulot ne part pas en Chine mais est juste délocalisé dans un pays européen à bas coût " .,Ça doit être un ouf de soulagement d'apprendre cette bonne nouvell...

à écrit le 28/04/2021 à 12:44
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Bon mon post un peu trop proche de la vérité, donc NON PC, a été censuré...vive la démocratie!

à écrit le 28/04/2021 à 11:49
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Cela fait longtemps....quand Stellantis fabrique ses D5X, D9 et autres voitures en Chine, quand Renault fabrique plus de 75% des ses véhicules hors de France, etc... quand l'Europe est incapable de parler d'une voix, empêtrée dans ses problèmes exist...

à écrit le 28/04/2021 à 11:46
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Quand on a des idées aussi arrogantes vantant que la France est un pays de services (sic) et que les politiques suivent comme des moutons les financiers, eh bien on se retrouve dépouillé de tout quand la bise est venue.... Il faut bien passer au con...

à écrit le 28/04/2021 à 11:26
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la chine a des chiffres opaques, alors le bilan des banques etait deja gorge de creances pourries en 2005 je crois qu'il vaut mieux eviter de regarder en 2020 pour les etats unis, ils ont mis 2*25% de pib en relance, alors il vaudrait mieux un petit...

à écrit le 28/04/2021 à 11:16
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Quelle croissance ? Pour qui ? Pour quoi? C'est si pour continuer sur la lancée d'avant le Covid, cela n'a aucun intérêt vu que nous étions sur une pente descendante et dangereuse. Hélas, pour sauver les meubles temporairement, nous irons au plus fac...

à écrit le 28/04/2021 à 11:05
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Trop facile de mettre la nullité de l'UE sur le dos du covid hein, depuis Maastricht et donc la dictature financière confortée par le putsche du traité de Lisbonne, l'UE ne veut que du dumping fiscal et sociale favorisant la rente et les vieux au dét...

à écrit le 28/04/2021 à 11:04
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Si leur seule alternative est un suivisme "bête et méchant", ils ont de quoi s'inquiéter! De plus, leur imagination et adaptation est en berne donc... c'est les populations qui vont en subir les conséquences!

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