La croissance de l'économie allemande s'est affichée en hausse de 1,6% au deuxième trimestre, c'est un peu mieux que les 1,5% initialement estimés en juin, selon les données publiées mardi par l'Office fédéral des statistiques, Destatis.
L'activité a bénéficié notamment du bond de 3,2% de la consommation privée par rapport aux trois premiers mois de l'année. "La consommation privée était le pilier le plus important de la reprise économique au printemps", soulignait de son côté la Bundesbank dans son rapport mensuel publié lundi.
Destatis a également révisé à la hausse le PIB du premier trimestre, quand l'Allemagne a dû recourir à d'importantes restrictions pour endiguer une nouvelle vague d'infections, évaluant la contraction à -2,0%, contre -2,1% précédemment.
Remontée du taux de TVA
Mais si ces restrictions ont été progressivement levées depuis le printemps, ce rebond de l'activité a été pénalisé par les goulets d'étranglement sur les chaînes d'approvisionnement.
"L'Allemagne se distingue de ses voisins à double titre : le choc de prix est plus fort à cause de la remontée du taux de TVA cette année et la reprise industrielle est davantage contrainte à cause des pénuries de composants pour la puissante branche automobile", souligne Bruno Cavalier, chez Oddo BHF.
Fort déficit public
Sur un an, la croissance - corrigée des variations saisonnières - atteint 9,4%. Elle reste toutefois inférieure de 3,3% comparée à la période d'avant la crise sanitaire, selon Destatis. Le gouvernement table sur un retour au niveau pré-Covid d'ici "début 2022", a indiqué le ministre de l'Économie dimanche aux journaux régionaux Funke, tandis que la Banque fédérale, plus optimiste, mise sur "cet été ou cet automne". Le gouvernement s'attend, pour sa part, à une croissance de 3,5% du PIB pour l'année en cours, selon sa dernière prévision de printemps.
En outre il faut tenir compte de la crise sanitaire. "Plus inquiétant, le nombre de cas de Covid-19 a commencé à augmenter rapidement en raison de la propagation du variant Delta, ce qui pourrait jusqu'à un certain point rendre les ménages beaucoup plus prudents. La confiance des consommateurs mesuré par l'indicateur GfK, malgré le récent rebond, reste encore largement sous les niveau pré-Covid", souligne Stefan Schilbe, chef économiste chez HSBC.
En outre, en raison de la pandémie, l'Allemagne enregistre au premier semestre le deuxième plus important déficit public de son histoire sur une telle période, à 80,9 milliards d'euros, selon Destatis. Un montant qui représente 4,7% du PIB. Il faut remonter à 1995 pour retrouver un déficit plus important, lié dans ce cas aussi à des conditions exceptionnelles avec l'intégration dans les finances publiques de la dette liée à l'organisme Treuhand d'ex-RDA.
Incertitudes sur l'issue des élections fédérales
Par ailleurs, la tenue d'élections fédérales dans un mois ajoute au climat d'incertitudes. Selon un sondage réalisé par Forsa, publié ce jour, les intentions de vote en faveur du Parti social-démocrate allemand (SPD) dépassent celles pour l'alliance conservatrice CDU-CSU, pour la première fois en 15 ans.
En une semaine, le SPD, qui progresse de 2 points, est désormais crédité de 23% des intentions de vote. Le bloc constitué par l'Union chrétienne-démocrate (CDU) et son alliée bavaroise l'Union chrétienne-sociale (CSU) est en recul d'un point, à 22%. Les intentions de vote en faveur de l'alliance conservatrice se situent au plus bas depuis 1984.
Quant aux Verts, ils occupent la troisième place, en recul d'un point, avec 18% des suffrages.
(avec agences)