L'Europe, au centre des préocupations du gouvernement Merkel IV

La chancelière allemande Angela Merkel a (enfin) été reconduite mercredi dans ses fonctions, un quatrième mandat qu'elle attaque affaiblie et avec six mois de retard face aux défis populiste et de la réforme de l'UE.
(Crédits : HANNIBAL HANSCHKE)

Après six mois de paralysie politique, le nouveau gouvernement allemand va prendre ses fonctions mercredi. Voici les priorités du quatrième mandat de la chancelière Angela Merkel. La réforme de l'Union européenne y joue un rôle central.

UE au centre des préoccupations

Le contrat de coalition entre conservateurs et sociaux-démocrates s'ouvre sur un chapitre intitulé "un nouvel élan pour l'Europe", au moment où l'UE est minée par les crises, sa bureaucratie et le retour des nationalismes.

Pour le vice-chancelier et ministre des Finances désigné Olaf Scholz, il en va de la survie de l'Union: "Nous avons pour mission que le projet (européen) avance de telle manière que l'avenir politique de la démocratie et de l'économie de marché soit garanti. Dans un monde toujours plus complexe, il est essentiel que les Européens restent ensemble".

Le nouveau gouvernement a prévu une hausse de la contribution allemande au budget de l'UE et de "renforcer durablement" avec la France la zone euro pour la rendre plus résistante aux crises. Berlin est aussi favorable à la création d'un Fonds monétaire européen.

Par contre, Mme Merkel n'a jusqu'ici apporté qu'un soutien prudent à l'une des idées phares de M. Macron: un budget d'investissement de la zone euro pour faciliter sa "stabilisation" et soutenir les "réformes structurelles".

L'Allemagne ne dit rien non plus de l'idée française d'un ministre des Finances de l'UE alors que Berlin craint par dessus tout de devoir payer les dettes des autres.

La chancelière a promis plus de "clarté" après un déplacement à Paris pour élaborer des propositions communes en vue du Conseil européen des 22-23 mars.

Répondre aux peurs de l'immigration

En 2015, Angela Merkel ouvrait les portes de l'Allemagne à des centaines de milliers de candidats à l'asile. Une décision qui l'a fragilisée et qui a conduit au succès historique de l'extrême droite aux élections législatives de septembre 2017.

Dans l'accord de coalition, la frange la plus à droite du camp conservateur de la chancelière a obtenu une limite au nombre de demandeurs d'asile autorisés annuellement dans le pays (entre 180.000 et 220.000). Et les sociaux-démocrates ont dû se contenter d'une reprise très limitée du regroupement familial.

Le futur ministre de l'Intérieur, le conservateur bavarois Horst Seehofer, a promis "un +Masterplan+ pour accélérer l'examen des demande d'asile et multiplier les expulsions, car leur nombre doit considérablement augmenter".

Au niveau européen, Mme Merkel espère toujours arracher des quotas de répartition des réfugiés à travers l'UE, un chiffon rouge pour nombre de pays d'Europe centrale et orientale.

La chancelière veut aussi s'attaquer "aux causes de la migration" clandestine via la sécurisation des frontières de l'espace Schengen, des accords pour des procédures d'expulsion simplifiées et une aide au développement accrue aux pays dits d'origine.

Économie : "amener la prospérité à tous"

"Nous vivons une période de changement du monde qui va probablement autant transformer les choses que le passage de la société agraire à la société industrielle": Mme Merkel s'est donné pour mission au cours de son quatrième mandat de préparer l'avenir, elle qui a toujours été accusée de se satisfaire de la prospérité héritée des réformes de ses prédécesseurs.

Malgré le "boom économique", souligne Olaf Scholz, il y a "la peur de nombreux citoyens pour l'avenir de leur emploi". En cause, l'essor du numérique, de la robotisation et de la mondialisation. Ces craintes - qui sont aussi au cœur des succès du Brexit, de Donald Trump et de partis d'extrême droite comme l'Alternative pour l'Allemagne - doivent être combattues, selon la feuille de route du prochain gouvernement, par un savant mélange d'investissements dans le digital et l'infrastructure, de baisses d'impôts, de stabilisation du niveau des retraites et d'accès à l'éducation.

Pour la chancelière, l'objectif de ce quatrième mandat sera "d'amener la prospérité à tous", alors que les inégalités se sont creusées malgré la croissance.

Au total, grâce aux surplus budgétaires passés et à venir, ce sont au moins 46 milliards d'euros de dépenses supplémentaires qui sont prévues jusqu'à la fin de la législature en 2021.

(avec l'AFP)

Commentaires 7
à écrit le 18/03/2018 à 10:01
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Ah, oui! Après avoir fait tout son possible pour la discréditer pendant les 10 dernières années... D'autre part, on pourrait affirmer qu'elle se trouvait depuis toujours au centre de ses préoccupations, quand il s'agissait de la soumettre au joug al...

à écrit le 14/03/2018 à 10:26
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Il faut harmoniser la fiscalité des entreprises entre la France et l'Allemagne. C'est urgent.

à écrit le 14/03/2018 à 10:25
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impossible a croire elle qui n'a jusqu'à ce jour œuvre pour son unique interet et surtout pour les riches allemands regarder la pauvrete du pays ou est la distribution des richesses et puis personne ne dit rien sur ses central a charbon qui ont d...

à écrit le 14/03/2018 à 10:18
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La vie est dure... et l'a toujours été ! Surtout en société où il est si facile d'exprimer mal être et frustrations. Que le projet de l'UE soit une oeuvre séculaire n'est pas si étonnant. Faut-il céder pour autant aux populismes de Mélenchon et de Le...

le 14/03/2018 à 10:38
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A ne pas vouloir exprimer totalement ce que vous pensez vous générez un commentaire particulièrement confus. Je ne peux pas savoir en vous lisant si vous êtes pour la continuité de ce cadavre qu'est l'UE, si vous êtes pour sa réforme profonde en ...

à écrit le 14/03/2018 à 9:16
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C'est bien trop tard, l'égoisme profond de l'allemagne de ces dernières années à épuiser une europe qui déjà n'avait pas beaucoup d'énergie au départ. L'UE c'est dumping fiscal, dumping sociale, une diplomatie inexistante avec une influence mondi...

le 18/03/2018 à 10:06
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Tout à fait d'accord avec vous. Pourtant l'idée initiale était bonne. On enterre le cadavre, on repart de zéro, sans l'Angleterre cette fois, De Gaulle avait raison, en faisant attention à ne pas répéter les dérives néolibérales du passé et en surve...

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