En matière de "green deal", la France fait office de leader parmi les grandes économies du continent que sont l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne. En effet, elle compte allouer 50% des fonds qu'elle recevra à des initiatives vertes, soit 21 milliards d'euros, tandis que chacun des trois autres pays prévoit de consacrer autour de 40% de son budget aux mêmes types d'initiatives.
Néanmoins, lorsqu'on regarde en détail les données chiffrées de ces plans, ils recouvrent des réalités différentes. Les montants étant répartis en fonction de l'impact de la pandémie et de l'état de l'économie nationale avant celle-ci, l'investissement français paraît moindre comparé au 86 milliards d'euros mis sur la table par le gouvernement italien. Cependant, Rome compte baser une très grande partie de sa relance sur les programmes européens, avec 60% de l'argent octroyé par Bruxelles sous forme de prêts. De son côté, la France va financer moins de la moitié de son plan de relance avec de l'argent européen, et n'aura pas recours aux emprunts garantis par les institutions.
Danemark et Luxembourg font mieux
Pour autant, Paris n'est pas la meilleure élève européenne. D'autres Etats comme la Belgique et l'Autriche ont dévoilé qu'elles allaient consacrer des montants similaires à ceux de la France à des initiatives vertes, et le Luxembourg et le Danemark prévoient d'y allouer plus de 60% de leur fonds. Et plusieurs pays leaders dans la transition écologique comme la Suède ou la Finlande devraient soumettre à la Commission des plans tout aussi ambitieux.
Qui plus est, le plan français n'est pas contient des propositions discutables. La baisse des impôts de production est la mesure qui concentre le plus de critiques, puisqu'elle n'est pas conditionnelle à des contreparties environnementales. Ce n'est « rien d'autre qu'un chèque en blanc qui bénéficiera en priorité aux plus grands pollueurs du pays », souligne le Réseau Action Climat.
De plus, le plan français fait mieux que ceux de pays moins avancés dans leur transition écologique, qui doivent normalement investir davantage pour achever les objectifs de neutralité carbone fixés à 2050 par l'UE. A l'exemple de la Pologne, dont le plan consacre comme celui des pays évoqués précédemment 40% de son budget à la transition énergétique.
La moitié à la rénovation ferroviaire
Toutefois, là où le plan français se distingue des plans des autres pays est dans l'allocation des fonds. En effet, il alloue une majorité du budget à la modernisation et à l'amélioration de l'efficacité énergétique d'infrastructures existantes. Ainsi, la moitié des fonds verts ira par exemple à la rénovation du réseau ferroviaire. Autre différence, l'Allemagne dépense deux fois plus que la France en valeur absolue dans la transition énergétique, le Danemark alloue 15% de son plan de relance à la recherche verte, là où la France compte y consacrer moins de 5%. Même la Pologne peut se targuer d'actions plus concrètes, avec un dixième de son budget de relance servant au seul financement de l'éolien offshore.
Compte tenu de tous ces éléments, et bien qu'il aille en théorie plus loin que les objectifs fixés par Bruxelles, la composante européenne du plan de relance français est loin d'être la plus ambitieuse. Si Paris veut garder le leadership qu'elle se targue d'avoir dans la transition écologique, elle se doit donc de revoir ses objectifs à la hausse.