Royaume-Uni : les députés disent "aye" aux élections de May en juin

Par Sasha Mitchell  |   |  887  mots
A l'issue d'un débat de 90 minutes, mercredi après-midi, les membres de la chambre des communes n'ont fait que formaliser le souhait de la Première ministre, votant à plus des deux tiers pour la tenue d'un scrutin avec trois ans d'avance sur le calendrier.
La Chambre des communes a voté à plus des deux tiers en faveur de nouvelles élections législatives. Prévu en 2020, le scrutin se tiendra le 8 juin, au terme d'une courte mais intense campagne électorale.

De suspense, il n'y avait point. Quelques heures après l'annonce surprise de Theresa May, mardi, les principaux partis d'opposition avaient donné leur accord à la tenue d'élections générales avec trois ans d'avance sur le calendrier, le 8 juin prochain. A l'issue d'un débat de 90 minutes, mercredi après-midi, les membres de la chambre des communes n'ont fait que formaliser le souhait de la Première ministre, votant à plus des deux tiers (522 pour et 13 contre) pour renvoyer les Britanniques aux urnes pour la troisième fois depuis 2015. Une obligation légale, caractérisée par le Fixed-term Parliaments Act de 2011, texte censé... éviter ce genre d'élections "opportunistes", pour reprendre les termes de l'ancien Premier ministre adjoint Nick Clegg (Liberal democrat), dans un communiqué publié ce matin. Pas d'affolement sur les marchés, non plus. Après être tombée à 1,25 dollar mardi matin avant l'annonce, la livre sterling est remontée à 1,28 dollar depuis.

Pas de débat télévisé

S'ouvre à présent une (très) courte campagne d'une cinquantaine de jours. Une période dépourvue de débats télévisés, a fait savoir Theresa May mercredi matin sur BBC Radio 4, qui dit préférer "les campagnes où les politiques sortent et rencontrent les électeurs". "Je débats quasiment chaque semaine au Parlement avec Jeremy Corbyn", a-t-elle justifié. Une nouvelle fois, la Première ministre a appelé les Britanniques a "lui faire confiance et à [lui] donner un mandat pour le plan que le gouvernement à élaboré en vue du Brexit". L'intérêt national plutôt que le débat démocratique et les voix (trop) dissonantes au Parlement, en somme. Si Theresa May n'a pas clairement affirmé qu'une majorité renforcée lui permettrait d'obtenir des compromis auprès de l'UE, sa ministre de l'Intérieure s'en est chargée à sa place, mardi soir : "Ce que je peux dire, ce que cela lui donnerait l'opportunité [...] d'établir des limites" lors des négociations, a confié Amber Rudd.

En face, les partis d'opposition, tout en continuant de critiquer la décision de la Première ministre et d'ironiser sur sa promesse non tenue de ne pas convoquer d'élections avant 2020, se mettent en ordre de marche. Tant bien que mal, du côté des travaillistes, où une poignée de députés, en désaccord avec leur leader issu de l'aile gauche du parti Jeremy Corbyn, ont d'ores et déjà annoncé qu'ils ne souhaitaient pas se représenter.

L'enjeu écossais

En position très délicate vis-à-vis de ses électeurs, dont 65% ont voté contre le Brexit et 35% pour, le parti ne parvient pas à trouver le bon positionnement depuis le référendum du 23 juin 2016. Officiellement, la sortie de l'UE est soutenue. Du bout des lèvres. En témoigne la réaction de Jeremy Corbyn après l'annonce de Theresa May, mardi après-midi, au cours de laquelle le mot "Brexit" n'a pas été prononcé une seule fois par le leader travailliste. Au grand dam du Parliamentary Labour Party. Selon le député d'Islington-nord (Londres), la campagne travailliste sera avant tout basée sur un programme "anti-austérité", qui vise a "offrir au pays une alternative à un gouvernement qui n'a pas réussi à reconstruire l'économie et qui a endommagé le système éducatif ainsi que la NHS (sécurité sociale, ndlr)".

     | Lire aussi Ecosse : le Parlement valide un nouveau référendum d'indépendance

Du côté du Scottish National Party, troisième force politique à la Chambre des communes avec 54 députés, le mot d'ordre est clair : faire en sorte que l'Ecosse reste hermétique au conservatisme, les Tories ne disposant pour l'heure que d'un seul "MP" au nord de la frontière. Car outre la question du Brexit, se profile la perspective d'un second référendum d'indépendance. Nul doute qu'en cas de renouvellement d'une bonne partie de ses députés, voire de tous, la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon pourra peser davantage auprès de Londres afin d'obtenir satisfaction. Pour l'heure, Theresa May s'oppose a tout référendum d'indépendance dans les mois à venir, répétant à l'envi qu'une telle initiative "affaiblirait le Royaume-Uni dans les négociations avec Bruxelles". Le prétendu "intérêt national" avant tout, une nouvelle fois.

Comme en 2015, la leader du SNP a par ailleurs affirmé mercredi matin qu'elle était disposée à former une "coalition progressiste" à la Chambre des communes à l'issue des élections. Une union relativement plausible sur le papier, mais qui a peu de chances de voir le jour, tant le résultat des travaillistes pourrait être faible. En parallèle, les Lib Dems ont, eux, fermé la porte à toute alliance avec un Labour emmené par Jeremy Corbyn...

L'ex-chancelier George Osrborne laisse son siège

Connu pour avoir mis en place des coupes budgétaires drastiques au début des années 2010, le ministre de l'Economie de David Cameron a annoncé mercredi qu'il ne briguerait pas de nouveau mandat. Sous le feu des critiques depuis plusieurs semaines pour avoir accepté cinq emplois - dont celui de directeur de la rédaction du Evening Standard et de conseiller pour BlackRock - en plus de son mandat de député de Tatton (Chesire), George Osborne a précisé qu'il quittait la Chambre des communes "pour le moment".