Royaume-Uni : Theresa May veut convoquer des élections anticipées

Après concertation avec son gouvernement, la Première ministre britannique a annoncé vouloir davantage de stabilité (parlementaire) durant les négociations sur le Brexit. Pour convoquer ces élections, elle devra d'abord obtenir l'aval de la Chambre des communes.
Sasha Mitchell
Theresa May, devant le 10 Downing Street, le mardi 18 avril 2017.

Les marchés se sont affolés, les commentateurs politiques aussi. En milieu de matinée, le 10 Downing street a annoncé l'imminence d'une allocution de la Première ministre, sans donner plus de précisions. La livre sterling, qui progressait jusque-là ce matin contre le dollar, a brutalement chuté à 1,25 dollar, les spéculations allant bon train. A 11h05, dix minutes avant l'horaire prévu, Theresa May est apparue sur le perron de la résidence du chef de l'Etat britannique pour annoncer son souhait de convoquer - "à contrecœur", a-t-elle précisé - des élections législatives anticipées le 8 juin prochain.

Theresa May veut élargir sa majorité au Parlement

Mais la Première ministre devra d'abord obtenir l'aval des deux tiers des membres de la Chambre des communes, les élections se tenant normalement au Royaume Uni tous les cinq ans, selon le Fixed-term Parliaments act de 2011. Dans sa courte intervention, May a précisé qu'elle solliciterait les députés dès demain et qu'elle justifiait son choix par l'attitude de l'opposition qui lui mettrait des bâtons dans les roues en vue des négociations pour le Brexit. Référence notamment aux appels répétés à un deuxième référendum, aux velléités indépendantistes ressuscitées du Scottish National Party (SNP) "au nord de la frontière" mais aussi à la Chambre des Lords, dont la proposition de faire voter le Parlement sur le deal obtenu par le gouvernement d'ici à 2019 n'avait pas plu à l'exécutif.

Popularité des conservateurs, désarroi chez les travaillistes

Pour l'heure, les conservateurs ne disposent que d'une majorité de 5 sièges (330 au total), à la chambre basse du Parlement, et ce depuis les élections de 2015. Mais tout porte à croire qu'un scrutin tenu avant 2020 permettrait aux Tories d'accroître leur majorité de manière très substantielle. Dans les sondages, le parti conservateur s'affiche nettement en tête avec 44% des intentions de vote contre 23% pour les travaillistes et 12% aux Liberal democrats. Mieux encore, 50% des Britanniques estiment que Theresa May ferait une meilleure Première ministre que Jeremy Corbyn (14%), de plus en plus contesté au sein de son camp - ce n'est pas nouveau - et désormais dans les rangs de ses propres soutiens.

"Vous avez le choix entre un leadership fort et stable dans l'intérêt national avec les conservateurs ou une coalition faible et instable emmenée par Jeremy Corbyn [avec les Lib Dems, ndlr]", avertit en substance Theresa May.

Pour inverser la tendance, le député d'Islington-nord (Londres) aura fort à faire. Unir son parti, qui pourrait obtenir moins de 200 sièges (contre 229 actuellement) si les élections sont confirmées pour le mois de juin prochain, ne sera pas chose aisée. La mission s'annonce même impossible, lui qui a dû remettre en jeu son poste de leader du Labour à l'automne dernier, tout juste un an après son élection, sous la pression du Parliamentary Labour Party. Pour ajouter au pessimisme ambiant, une élection partielle, tenue en février, a vu les travaillistes perdre le siège de Copeland (nord-ouest) au profit des conservateurs. Première fois, depuis 1982, que le parti au pouvoir remporte un tel scrutin.

Du côté de Theresa May, qui avait pourtant assuré à de nombreuses reprises qu'elle ne convoquerait pas d'élections anticipées avant 2020, la volonté est donc claire : profiter du désarroi des travaillistes pour obtenir "sa" propre (forte) majorité au Parlement, et ce afin d'avoir les mains libres dans les négociations du "clean Brexit" qu'elle appelle de ses vœux. Mais pas seulement : il s'agit aussi ici de renforcer sa légitimité au sein de son parti, en se détachant de l'héritage de David Cameron, à qui elle a repris le poste de Premier ministre à l'été 2016. Une grande remise à plat, donc.

Sasha Mitchell
Commentaires 22
à écrit le 19/04/2017 à 20:25
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Tiens un politicien qui fait ce qu'il a expressément dit qu'il ne ferait pas ? Mettre en place ce qu'on a combattu, ce qu'elle fait avec le Brexit, le laissait déjà largement augurer. Et je comprend que vu la résistance des parlementaires et notammen...

à écrit le 19/04/2017 à 9:01
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Être sûr vaut mieux que douter!

à écrit le 18/04/2017 à 19:25
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Cette élection, elle aurait du la demander dans le mois qui avait suivi le référendum afin de confirmer les résultats. Juste un mot: elle devrait se méfier des sondages.

le 19/04/2017 à 13:05
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@plus que temps: sauf que tu as deux trains de retard. Le référendum sur le Brexit est terminé et les résultats sont ce qu'ils sont, sauf à vouloir la rejouer à la Sarko, c'est-à-dire en se fichant du vote des électeurs. Maintenant, il s'agit pour Ma...

à écrit le 18/04/2017 à 15:29
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qu ils degagent et le plus vite possible et que nous aussi nous sortions de ce bourbier qu est cette europe ...nous avons vecu des siecles en autonomie ....!!

le 18/04/2017 à 17:58
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Cela fait plusieurs siècles que la France ne vit plus en autonomie. On a besoin de l'étranger pour le pétrole, pour exporter nos produits, pour importer les produits meilleurs ailleurs. On a besoin de l'Europe pour nous défendre face aux USA et à ...

à écrit le 18/04/2017 à 15:10
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A part que... les tories ont perdu toutes les partielles depuis le brexit, au profit notamment des Lib Dem. C'est vrai que le catastrophique Corbyn qui a replongé le Labour dans la marginalité avec sa ligne "à gauche toute" contitue le meilleur espoi...

à écrit le 18/04/2017 à 13:19
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"Mieux encore, 50% des Britanniques estiment que Theresa May ferait une meilleure Première ministre que Jeremy Corbyn (14%), de plus en plus contesté au sein de son camp, " Voilà un amalgame vraiment moche. Corbyn est contesté par l'aile droite d...

le 18/04/2017 à 15:11
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Corbyn et Hamon c'est à peu près pareil... Le Labour comme le PS ne sortiront de la marginalité qu'après les avoir poussés vers une retraite bien méritée.

le 18/04/2017 à 18:23
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@ brice: vous n'avez pas encore compris que je ne rentrerais pas dans votre jeu de troll, que j'ai autre chose à faire que de me prendre la tête avec un robot néolibéral ? Bien entendu comme votre commentaire n'apporte rien, comme d'habitude, il...

le 19/04/2017 à 12:24
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ON se calme, M Citoyen Blasé ? Vous avez votre vision du monde, assez machiavélique, et pessimiste. Vous ne voyez que complot libéral, troll, manipulation contre le peuple. C'est votre point de vue, vous l'exposez assez largement. Ce n'est pas le...

le 20/04/2017 à 13:59
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"ON se calme, M Citoyen Blasé ?" encore une phrase incompréhensible. "Vous avez votre vision du monde, assez machiavélique, et pessimiste." Machiavélique !? Merci pour la rigolade. "Vous ne voyez que complot libéral, troll, manipulati...

à écrit le 18/04/2017 à 12:36
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44% pour l'équivalent de Fillon et 14% pour l'équivalent de Mélenchon sans Hamon et quasi absence de l'extrème droite. Ca fait rêver...

le 18/04/2017 à 13:01
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@Juv: elle n'a pas de 49.3 à sa disposition et il semble donc normal qu'elle cherche une majorité, faute de quoi toute décision sera impossible. Sur les pourcentages, il faut aussi rappeler que l'élu français n'obtient jamais plus d'environ 20% des v...

le 18/04/2017 à 13:20
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Sauf que fillon n'est pas pour un frexit, bien au contraire il est pour l'ordolibéralisme allemand, donc si vous pouviez de temps en temps nous éviter vos raisonnements simplistes cela ne serait pas du luxe, merci.

le 18/04/2017 à 15:14
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@citoyen : reste que le brexit met le Royaume-Uni en mauvaise posture économique alors que l'ordolibéralisme a remis l'Allemagne dans une forme économique olymplique. Le choix est vite fait.

le 18/04/2017 à 17:39
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May a fait campagne pour le maintien dans l'UE. Aujourd'hui, compte tenu du fait que tous les pro brexit n'ont pas été capables d'assumer le résultat du référendum, elle gère la situation au mieux des intérêts de son pays. A titre indicatif au RU, le...

le 18/04/2017 à 18:59
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"reste que le brexit met le Royaume-Uni en mauvaise posture économique" Avec une croissance supérieure à la croissance allemande oui c'est sûr, une sacré faillite même ! Vous racontez n'importe quoi mon pauvre vieux hein c'est épuisant... ...

le 18/04/2017 à 21:07
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"Avec une croissance supérieure à la croissance allemande oui c'est sûr, une sacré faillite même !" Attendons de voir quelles seront les conditions exactes du Brexit. Là on peut penser que les opérateurs économiques britanniques ont cherché à mettre...

le 19/04/2017 à 9:20
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"Attendons de voir quelles seront les conditions exactes du Brexit" Tiens c'est marrant juste avant que les anglais votent le brexit vous leur prédisiez la fin du monde pour eux tout seul et maintenant que la croissance est supérieur à l'allemagn...

le 19/04/2017 à 13:17
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@citoyen : pouvez vous nier que le Royaume-Uni est encore pour à peu près 2 ans encore membre de l'UE, et donc bénéficie jusque là de l'accès au grand marché, aux politiques de l'UE (dont la Pac, Erasmus,...), que par ailleurs la BOE a pris des mesur...

le 20/04/2017 à 8:12
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"ce n'est pas un hasard si May a différé autant que possible l'enclenchement de l'article 50, c'est pour tenter d'amortir le choc économique pour son pays" Et elel se débrouille parfaitement puisque l'angletterre connait une croissance économique...

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