Le dialogue entre entreprises et actionnaires se transforme

La nouvelle donne sociétale et environnementale condamne les entreprises à changer leur discours vis à vis de toutes les parties prenantes. Une évolution qui impose une nouvelle relation en amont des assemblées générales.
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La saison des assemblées générales arrive. Et avec elle les interrogations sur l?avancée du dialogue entre les sociétés et les investisseurs mais aussi toutes les parties prenantes. Un sujet qui préoccupe un nombre croissant d?interlocuteurs. Et ce, d?autant plus que tous s?accordent à dire que l?assemblée générale n?est plus l?occasion unique de mettre en contact actionnaires, dirigeants et investisseurs. Depuis plusieurs années déjà, les entreprises réfléchissent à améliorer leurs relations et leur dialogue avec leurs actionnaires. Réflexion qui s?est déjà traduite par de notables progrès en matière de transparence et d?interaction.

Mais la perfection est loin d?être atteinte. Et de nombreux spécialistes pointent du doigt les difficultés toujours présentes. Comme Michel Laviale, président du club finance de l?ORSE (Observatoire sur la responsabilité sociétale des entreprises) qui intervenait ce mardi matin dans le cadre des matinales de l?IFA (Institut français des administrateurs). Pour lui, la principale difficulté réside dans l'augmentation du nombre d'acteurs en présence. Avec notamment l?émergence et le rôle croissant des actionnaires salariés, des syndicats professionnels ou des ONG. De même les formes du dialogue se sont-elles diversifiées puisqu?au delà du dialogue direct il existe maintenant des regroupements collectifs mais aussi et surtout les fameux réseaux sociaux, susceptibles de changer assez rapidement la donne en matière d?échange d?informations.

Le fond mais aussi la forme

Au-delà de la qualité des informations échangées, certains professionnels s?inquiètent de la forme. « Il y a avant tout un problème d?organisation du dialogue tant de la part des émetteurs que de celle des investisseurs », soutient Cédric Lavérie, responsable corporate governance chez Amundi. Il faut dire que les émetteurs ont souvent mis en place trois types de dialogue avec leurs actionnaires : un premier plus particulièrement financier, un second extra-financier et un troisième plus spécialement axé sur les questions de gouvernance d?entreprise.

« La difficulté est de rendre cohérent ces trois modes d?échange. Pour une meilleure intégration, il faudrait un reporting intégré permettant de parler un même langage », ajoute ce responsable. Et de regretter qu?en France, beaucoup de sociétés se cachent derrière un carcan légaliste mais aussi le code AFEP MEDEF qui ne répondent pourtant pas à toutes les questions que peuvent se poser des investisseurs. De même évoque-il les difficultés rencontrées pour déposer des résolutions. Ses solutions pour améliorer ce dialogue entre émetteurs et investisseurs ? De nombreux road show pour expliquer la stratégie mais aussi les bonnes pratiques de gouvernance et une meilleure intégration indirecte des parties prenantes.

Il faut changer de discours

Pour Caroline de la Marnière, présidente de la société de conseils en communication Capitalcom, il est intéressant de constater que les parties prenantes reconnaissent volontiers les efforts fournis par les sociétés pour améliorer la qualité de leur dialogue. Elles ne prennent toutefois pas pour argent comptant tout ce qui leur est dit. « Les entreprises doivent impérativement changer leur discours. La matière financière et sociétale ne peuvent plus être séparées. Il faut concilier ces deux dimensions sous peine de voir les parties prenantes aborder un ton de plus en plus agressifs vis-à-vis de ceux qui n?auront pas compris ce message », assure-t-elle. Et de recommander également une indexation des variables des dirigeants sur des critères extra-financiers, c'est-à-dire sociétaux et environnementaux. Tout comme la pratique du « say on pay » qui donne à l?assemblée des actionnaires un droit de regard sur les rémunérations des dirigeants. Pratiques que nombre de pays recommandent de plus en plus.

L'image, ce bien immatériel le plus précieux

Ces recommandations seront-elles entendues ? Les avancées de parfaite gouvernance avancent à faible allure, mais elles avancent. Et les problématiques RSE et ISR pour de meilleures pratiques sociétales et environnementales ne peuvent plus être mises de côté par les entreprises. Elles ont donc tout intérêt à s?en préoccuper le plus vite possible pour ne pas être dépassées par un cadre législatif qui ne devrait pas tarder à émerger. Il en va de leur avenir financier et de leur image, leur bien immatériel le plus précieux.
 

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