Les salariés de la BCE refusent leur futur numéro deux

La Tribune révèle que le syndicat de la BCE a envoyé au président du Conseil européen une lettre où il s'inquiète de la nomination du luxembourgeois Yves Mersch.

Le personnel de la Banque centrale européenne veut avoir son mot à dire dans le choix de ses dirigeants. Dans une lettre adressée ce mercredi au nouveau président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, que La Tribune s'est procuré, le syndicat Ipso, qui représente 40% des 1.536 salariés permanents de la BCE , appelle ainsi à la "nomination d'un vice-président respectueux des droits syndicaux". Le mandat du grec Lukas Papademos, qui occupe actuellement le poste de numéro deux de la banque, s'achève en effet le 31 mai prochain et les chefs d'État et de gouvernement européens devront auparavant avoir nommé son successeur. Le nom d'Yves Mersch, actuel gouverneur de la Banque centrale du Luxembourg (BCL), est fréquemment cité comme favori pour ce poste. Une perspective qui inquiète Ipso. Le syndicat évoque notamment le licenciement d'un représentant syndical en 2005 au sein de la BCL, mais estime qu'il ne s'agit là que de "la partie immergée de l'iceberg" et rappelle "la longue histoire de répression des représentants du personnel" de la BCL.

Ipso s'était fait connaître au printemps en dénonçant l'absence de dialogue social au sein de la BCE et en prenant l'initiative de la première grève de l'histoire de la banque début juin. Depuis, la direction a accepté de mener des discussions avec les représentants des salariés afin d' "améliorer le cadre actuel du dialogue social". Mais Ipso rappelle qu'il reste encore dans l'attente d'une "issue concrète de ses discussions". Et du coup, le syndicat se dit "inquiet qu'un tel signal positif puisse être compromis et que les progrès réalisés puissent être remis en cause par la nomination d'un vice-président qui ne serait pas impliqué dans un dialogue social de bonne qualité".

Relations sociales

En désavouant par avance Yves Mersch, Ipso tente clairement de faire de la gestion des problèmes sociaux un des critères du choix des membres du directoire de la BCE. Il estime d'ailleurs que "toutes les qualifications des dirigeants principaux de la BCE , y compris le respect des relations sociales et de travail au sein de la banque, sont une condition clé pour le succès de l'Union économique et monétaire". Et d'espérer que soit choisi un candidat "qui prenne en compte tous les sujets pertinents, y compris les perspectives sociales".

Reste à savoir si cette exigence du syndicat aura une influence sur la décision des chefs d'État et de gouvernement. En tout cas, si certains n'étaient déjà pas convaincus par la candidature d'Yves Mersch, ils trouveront sans doute là un argument supplémentaire. Quant à Jean-Claude Trichet, président de la BCE jusque fin 2011, cette lettre lui rappelle que le feu couve encore dans les étages inférieurs de l'Euroturm de Francfort.

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