Clap de fin pour Fizzy, l’application phare d’Axa dans la Blockchain

Par Juliette Raynal  |   |  656  mots
Lancée en 2017, Fizzy était la première assurance française basée sur la Blockchain. Elle permettait d'indemniser automatiquement un assuré en cas de vol retardé mais n'a rencontré qu'un succès limité. Seules quelques centaines de polices ont été vendues.

"Désolé, mais l'expérience fizzy est terminée". Voici ce que l'on peut lire sur le site de Fizzy, une offre d'assurance paramétrique, c'est-à-dire basée sur la donnée et non pas sur la déclaration d'un sinistre, développée par Axa, en partenariat avec la Fintech lilloise Utocat. La promesse était celle d'une indemnisation automatique, d'un montant défini à l'avance, lorsque l'avion de l'assureur atterrit avec un retard de plus de deux heures, sans même qu'il n'ait besoin d'effectuer la moindre réclamation.

"Nous tenons à vous remercier pour ces 2 années et pour tout ce que nous avons appris à vos côtés. L'équipe Fizzy passe à autre chose, mais nous vous reverrons bientôt", indique Axa sur le site, précisant que les polices souscrites en amont restent valides.

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[Crédit : Axa]

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Première assurance française basée sur la Blockchain

Outre le parcours très simplifié proposé aux assurés, ce produit innovant avait eu un certain écho dans l'écosystème français de l'assurance, lors de son lancement en 2017, car il s'agissait du premier service d'assurance basé sur la Blockchain. Sa fermeture revêt donc une dimension symbolique à l'heure où les différentes applications de la Blockchain dans le domaine de l'assurance ne sont pas encore parvenues à bouleverser cette industrie.

Cette technologie de « chaîne de blocs » en français, née il y a dix ans avec le bitcoin, permet de stocker et transférer des données de manière sécurisée et décentralisée. Elle est souvent comparée à un grand livre comptable partagé et infalsifiable. Ses applications vont bien au-delà de la cryptomonnaie, comme le bitcoin et l'ether, et peuvent concerner la traçabilité et la certification par exemple.

Une indemnisation automatique

Dans le cas de Fizzy, la Blockchain était utilisée pour automatiser un processus, celui de l'indemnisation, grâce à un programme informatique autonome, que l'on appelle smart contract.

« C'est le smart contrat qui décide d'indemniser ou non l'assuré. L'heure d'arrivée prévue de l'avion est inscrite dans ses lignes de code, il récupère l'heure d'arrivée réelle [en se connectant au site Flightstats, ndlr] et fait la soustraction des deux. S'il y a plus de deux heures d'écart, une commande est passée auprès de notre prestataire de paiement », avait détaillé Laurent Benichou, artisan de ce projet chez Axa Next, l'entité innovation de l'assureur, lors de l'événement La Tribune Blockchain Summit, le 18 avril dernier.

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Seulement quelques centaines de polices vendues

Malgré ces avantages, l'offre Fizzy n'a rencontré qu'un succès très limité avec seulement quelques centaines de polices vendues depuis son lancement en 2017, la faute, entre autres, à une commercialisation plus difficile qu'envisagée par l'intermédiaire d'entreprises partenaires, comme des compagnies aériennes, des agences de voyages ou encore des opérateurs de carte de paiement.

"L'augmentation de la satisfaction client ne suffit pas. Il faut démontrer qu'il y a un réel retour sur investissement pour elles [les potentielles entreprises partenaires, ndlr]. Cela prend plus de temps que prévu", avait confié Laurent Benichou.

Axa espérait, toutefois, donner à Fizzy un second souffle avec le lancement, il y quelques mois, d'une nouvelle version couvrant également l'annulation des vols d'avion. L'assureur misait sur la vente de plusieurs dizaines de milliers de polices par an.

A plus long terme, Axa espérait même décliner cette approche pour une assurance voyage basée sur les prévisions météorologiques, voire pour l'assurance habitation. D'autres projets concernant les cryptoactifs étaient également à l'étude. Depuis, d'autres assurances paramétriques ont vu le jour, comme celle proposée par Moonshoot-Internet, la startup née au sein de Société Générale Assurances. Mais cette dernière ne s'appuie pas sur la Blockchain.