Bras de fer Paris-Bruxelles sur Dexia

Dexia, sauvé de la faillite en septembre 2008 grâce à une recapitalisation d'urgence de 6,4 milliards d'euros, est sous le coup d'un examen de la Commission européenne. L'établissement bancaire, dont la Caisse des dépôts (CDC) détient 17,61% du capital, pourrait être contraint à d'importantes cessions d'actifs comme des filiales à l'étranger, notamment sa filiale turque Denizbank.

La Caisse des dépôts, premier actionnaire de Dexia s'oppose vigoureusement à l'idée d'un démantèlement ou de cessions d'actifs massives que Bruxelles pourrait décider d'imposer à la banque franco-belge, a déclaré jeudi à Reuters Michel Bouvard, président de la commission de surveillance de l'établissement public.
 

Dexia, sauvé de la faillite en septembre 2008 grâce à une recapitalisation d'urgence de 6,4 milliards d'euros, est sous le coup d'un examen de la Commission européenne sur les aides publiques dont elle a bénéficié au plus fort de la crise. L'établissement bancaire, dont la Caisse des dépôts (CDC) détient 17,61% du capital, pourrait, dans le cadre de la décision de Bruxelles, être contraint à d'importantes cessions d'actifs comme des filiales à l'étranger. La cession de sa filiale turque Denizbank a d'ailleurs été évoquée.
 

"Imposer des cessions pour des raisons qui ne seraient pas justifiées serait profondément injuste, profondément anormal" a déclaré Michel Bouvard, rappelant que la CDC avait participé à hauteur de deux milliards d'euros au renflouement de Dexia. "C'est une affaire qui serait choquante pour l'actionnaire et qui détruirait de la valeur", a-t-il ajouté. "Cela créerait d'ailleurs, de mon point de vue, pour la Commission européenne un élément de jurisprudence qui peut être lourd de conséquences", a ajouté Michel Bouvard qui est aussi député UMP.
 

La Commission européenne doit rendre sa décision sur le plan de réorganisation de Dexia d'ici à fin février. Mais l'entrée en fonction de la nouvelle Commission courant février pourrait accélérer le calendrier. D'après la presse belge, le groupe pourrait parvenir à un accord avec la Commission dès fin janvier, c'est-à-dire avant l'échéance du mandat de la commissaire à la Concurrence Neelie Kroes. "C'est bien que ce soit quelqu'un qui connaisse le dossier qui le boucle", estime Michel Bouvard qui est également député UMP. "Il ne faut pas que ce dossier s'éternise. (...) Une période d'incertitudes pour une société telle que Dexia qui se prolonge est une mauvaise période".


DEBAT SUR DENIZBANK


Dans le cadre de la restructuration entamée après son sauvetage, la banque a d'ores et déjà vendu à l'américain Assured Guaranty sa filiale de rehaussement de crédit FSA à l'origine de ses difficultés. Le groupe a aussi cédé ses 20% dans Crédit du Nord à la Société générale et sa filiale Dexia Epargne Pension à BNP Paribas.
 

Pierre Mariani, l'administrateur délégué de Dexia, a en revanche écarté une cession de sa filiale Dexia Crédit Local mais celle de sa filiale turque Denizbank reste une menace. "On sait très bien qu'il y a un débat sur la Turquie. C'est de notoriété publique", a déclaré Michel Bouvard en allusion à Denizbank. "Je serai très attentif à ce qui se passera".
 

Rappelant que la participation dans Dexia était pour la CDC un actif stratégique, le député a fait savoir que la Caisse des dépôts allait défendre ses "intérêts patrimoniaux". "S'il y a un actionnaire qui peut considérer qu'il a pris sa responsabilité d'actionnaire dans cette affaire c'est bien la Caisse des dépôts", a tenu à souligner Michel Bouvard au sujet du sauvetage de Dexia. "Il serait vraiment tout à fait anormal que la DG Concurrence ne respecte pas la responsabilité de l'actionnaire".

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