Bitcoin : monnaie dangereuse mais technologie vertueuse ?

Par latribune.fr  |   |  565  mots
Le CESE pointe du doigt la grande volatilité du bitcoin dont la valorisation "a évoluée entre 1 dollar et 1163 dollars au plus haut" depuis sa création.
Un rapport publié mercredi par le Conseil économique, social et environnemental (CESE) dénonce l'utilisation du Bitcoin à des fins "douteuses". En cause : l'absence de transparence et de traçabilité de cette monnaie virtuelle. Pour autant, l'institution estime intéressante la technologie de cryptage.

Fiable, le Bitcoin ? Le Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) a tranché dans un rapport publié mercredi 15 avril. Le Bitcoin, qui représente "90% de l'activité" monétaire virtuelle, ainsi que les 500 autres monnaies de ce type "doivent faire preuve de transparence et de traçabilité" et être soumise à "un cadre réglementaire", préconise l'organisation.

Problème de confiance et de transparence

La devise, émise selon un algorithme et indépendante des banques centrales, permet l'achat de biens ou des services auprès de toute personne ou société qui l'accepte comme mode de paiement. Ce système rend "impossible" d'associer des personnes à des transactions, observe le CESE. Il "permet tout type de parades", y compris les opérations "douteuses, voire illégales [ainsi que] le blanchiment d'argent".

"Une monnaie, à l'instar du Bitcoin qui met l'anonymat total en tête de gondole" pose "un problème majeur", a alerté Pierre-Antoine Gailly, rapporteur de l'étude consacrée aux enjeux des nouvelles monnaies lors de sa présentation à la presse.

"Aujourd'hui le Bitcoin ne répond pas du tout aux besoins d'une monnaie transparente et confiante", a-t-il ajouté.

Le site internet Silk Road, surnommé "l'eBay de la drogue", l'utilisait par exemple comme monnaie d'échange jusqu'à sa fermeture par les autorités américaines en 2013. L'an dernier, des enquêteurs d'Europol ont également identifié pour la première fois un site qui vendait de la pédopornographie exclusivement contre des bitcoins.

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Extrême volatilité et manque de fiabilité des plateformes

Le CESE pointe par ailleurs la grande volatilité de cette monnaie dont la valorisation "a évoluée entre 1 dollar et 1163 dollars au plus haut" depuis sa création, indique le rapport.

D'autre part, "les acteurs proposant ces nouvelles solutions [monétaires] ne sont pas régulés" selon les normes existantes, souligne le CESE. Les risques pour les utilisateurs de bitcoin "de ne pas récupérer le montant" d'une transaction augmentent en conséquence.

Le Bitcoin s'est en effet bâti une réputation sulfureuse en raison de son manque de fiabilité, notamment après la faillite de la plateforme d'échanges de Bitcoin MtGox en 2014, qui avait mystérieusement perdu des centaines de milliers de bitcoins et le piratage de plusieurs autres au cours des derniers mois. Face à ce manque de fiabilité, quelques acteurs, dont les frères Winklevoss -connus notamment pour avoir revendiqué l'invention de Facebook-, travaillent sur l'ouverture de plateformes d'échanges hautement sécurisées.

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Utiliser la technologie de cryptage à d'autres fins

Pour le CESE, il est donc nécessaire de "mettre en place un cadre légal international de régulation" des monnaies virtuelles du genre. L'institution compte particulièrement sur l'entente entre États pour "harmoniser leurs pratiques" afin de lutter "contre le blanchiment et le financement du terrorisme". En juin 2014, Tracfin, la cellule anti-blanchiment du ministère des Finances, avait déjà invité les pouvoirs publics à encadrer l'utilisation des monnaies virtuelles, renforcer leur régulation et travailler au suivi des risques qu'elles génèrent.

"Pour autant, la technologie de cryptologie qu'il y a derrière le bitcoin n'est pas à jeter", a estimé Pierre-Antoine Gailly. Elle pourrait notamment être utilisée dans le "transfert de documentations", conclut-il.

(L. P. et J. B., avec AFP)