Brexit : 1.000 emplois pourraient être rapatriés à Paris par les banques françaises

Par Delphine Cuny  |   |  776  mots
La Société Générale pourrait notamment rapatrier 300 à 400 personnes de Londres à son siège de La Défense.
La Fédération bancaire française a indiqué au ministre de l'Economie Bruno Le Maire que près de 1.000 emplois pourraient être transférés de Londres vers la capitale par les grands groupes français. L'impact indirect pourrait être de 3.000 emplois supplémentaires.

[Article publié à 12h25 et mis à jour à 16h20]

À défaut des banques étrangères, ce sera les banques françaises qui rapatrieront des emplois de Londres vers Paris. Au lendemain de l'annonce officielle du choix de Francfort par Citigroup, après celui de Morgan Stanley, la Fédération bancaire française (FBF), présidée par le directeur général de Crédit Agricole SA, vient d'annoncer une bonne nouvelle pour la place de Paris.

« Les grands groupes bancaires français [...] ont confirmé au ministre [de l'Economie, Bruno Le Maire] qu'ils choisiront naturellement Paris dans ce cadre [le Brexit, Ndlr]. Ce sont près d'un millier d'emplois qui pourraient être concernés, dont l'effet d'entrainement est d'au moins trois emplois indirects pour un emploi direct », indique la FBF dans un communiqué.

Soit un potentiel de 3.000 emplois indirects en plus.

Cependant, le lobby bancaire déclare que  « le dimensionnement des équipes qui s'installeront à Paris dépendra aussi des décisions réglementaires sur les conditions d'exercice des activités financières dans l'Union européenne, de la réglementation des activités de marché et de la localisation des infrastructures de marché [notamment les chambres de compensation, Ndlr] qui sont des enjeux majeurs. » Et cette organisation membre du Medef ajoute à l'attention du ministre de l'Économie :

« La France doit aussi rassurer en matière de prévisibilité et de stabilité de sa politique fiscale. La trajectoire qui figurera dans les lois budgétaires de la rentrée sera donc essentielle, sur l'impôt sur les sociétés comme sur l'ensemble des prélèvements obligatoires. »

Autant que HSBC ?

Cette déclaration intervient à la suite d'une rencontre ce vendredi à Bercy entre Bruno Le Maire et le comité exécutif de la FBF qui réunit la fine fleur du secteur bancaire français : étaient présents Xavier Musca, le directeur général délégué du Crédit Agricole, Jean-Laurent Bonnafé le directeur général de BNP Paribas, Frédéric Oudéa celui de la Société Générale, François Pérol le président du directoire de BPCE, Pascal Durand le DG de la confédération nationale du Crédit Mutuel et Rémy Weber  le président du directoire de la Banque Postale, ainsi que la directrice générale du lobby bancaire, Marie-Anne Barbat Layani, et le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau Ce sont la Soc Gén, BNP Paribas et le Crédit Agricole qui sont concernés au premier chef par ces potentielles relocalisations du fait de leurs importantes activités de marchés.

A ce stade, seule la banque HSBC a officiellement choisi Paris comme base de repli et envisage de transférer environ 1.000 emplois en France, où elle possède une licence bancaire de plein exercice grâce à sa filiale, le CCF, racheté en 2000. Voire un peu moins en cas de soft Brexit. Mais donc autant que l'ensemble des banques françaises, qui vont devoir rapatrier une partie de leurs traders de l'autre côté du Channel. Ceci dit, les banques américaines qui ont évoqué des transferts vers Francfort ont parlé de quelques centaines d'emplois, environ 200 en général.

Relocalisation de l'Autorité bancaire

Le patron de la Société Générale, Frédéric Oudéa, avait déclaré il y a dix jours, lors du forum Paris Europlace, qu'il envisageait de transférer 300 à 400 personnes de sa division banque de financement et d'investissement (SG Corporate & Investment Banking), sur les 2.000 actuellement à Londres. La Soc Gén emploie au total au Royaume-Uni 4.000 personnes, notamment dans la banque privée (pour le marché britannique essentiellement). Elle a prévu de quitter son siège de Tower Hill, dans le quartier historique aux portes de la City, pour rejoindre en 2019 celui de Canary Wharf au 1 Bank Street, à côté des tours de JP Morgan et de Morgan Stanley. Et à deux pas de celle de l'Autorité bancaire européenne (ABE), dont la relocalisation sera âprement disputée entre plusieurs grandes villes européennes, dont Francfort et Paris.

La FBF fait valoir que les grands groupes bancaires français constituent « le cœur » de la place financière de Paris, dont le Premier ministre Édouard Philippe a récemment défendu l'attractivité devant des investisseurs, en dévoilant toute une série de mesures.

« Leurs activités de banque de financement et d'investissement (BFI) sont déjà massivement implantées à Paris et dans la région Ile-de-France, avec près de 41.000 salariés, comme leurs filiales de gestion d'actifs qui emploient plus de 16.000 salariés », plaide le lobby bancaire.