Coronavirus : Crédit Agricole souffre moins que les autres au premier trimestre

Crédit Agricole SA, l'entité cotée du groupe mutualiste, a triplé ses provisions en anticipation des risques à venir liés au Covid-19 et a vu son bénéfice reculer d'environ 18% à 652 millions d'euros. Ses revenus progressent toutefois de 7% à 5,2 milliards d'euros. Contrairement à ses homologues tricolores, ses activités de financement et d'investissement ont peu souffert de la tempête sur les marchés financiers.
Juliette Raynal
(Crédits : Reuters)

Après Société Générale la semaine dernière et BNP Paribas hier, Crédit Agricole SA (Casa) a publié ses résultats trimestriels ce mercredi 6 mai, révélant l'impact de la crise sanitaire sur ses activités. Si l'entité cotée du groupe mutualiste a vu le montant de ses provisions pour créances douteuses tripler, elle assure être capable d'absorber le choc du coronavirus et est parvenue à maintenir ses revenus en croissance contrairement à ses homologues tricolores. Surtout, ses activités de financement et d'investissement ont moins souffert de la dislocation des marchés.

Le coût du risque s'envole

Dans le détail, Casa a vu son coût du risque, qui correspond aux provisions passées pour faire face à de possibles accidents de remboursement, s'envoler pour atteindre 621 millions d'euros au premier trimestre de l'année, contre 225 millions à la même époque en 2019. À l'échelle du groupe, c'est-à-dire en incluant les caisses régionales, ce montant monte même à 930 millions d'euros, contre 281 millions d'euros un an auparavant. Toutefois, une partie importante de ce coût du risque est liée à une augmentation des provisions réalisées à titre préventif sur des encours sains, explique la Banque verte. Autrement dit, les provisions passées au premier trimestre ne reflètent pas des problèmes de remboursement de crédits d'ores et déjà avérés, mais une anticipation des risques futurs.

Il n'empêche que ces prévisions ont largement entamé le bénéfice de Casa. Son résultat net ajusté part du groupe s'établit à 652 millions d'euros sur les trois premiers mois de l'année, en retrait de 18,1% sur un an. Au niveau du groupe, le plongeon est bien plus raide avec un repli supérieur à 31% à 981 millions d'euros. En comparaison, celui de BNP Paribas a fondu de 33% tandis que Société Générale a enregistré sa première perte trimestrielle depuis 2012. Par ailleurs, le recul enregistré par Casa reste inférieur au repli de 36% sur lequel tablaient les analystes sondés par FactSet.

Une activité de financement moins exposée aux dislocations des marchés

Casa se félicite en outre d'une bonne dynamique commerciale. Le Produit net bancaire publié, équivalent peu ou prou du chiffre d'affaires, progresse de 7,1% à 5,2 milliards d'euros même si la production commerciale a baissé à partir du mois de mars, notamment sur les crédits habitats et les crédits à la consommation.

Contrairement à Société Générale et BNP Paribas, toutes les deux fortement pénalisées par l'activité de dérivés actions, sa banque d'investissement et de financement a peu souffert et a même enregistré une bonne dynamique avec des revenus en hausse. Comment expliquer cette différence ? D'abord, l'activité de dérivés actions chez Casa est de taille beaucoup plus modeste. "Ensuite, nos activités sont tournées vers la satisfaction des besoins de financement des clientèles corporate. C'est une activité qui consomme beaucoup de bilan [de capital, Ndlr] mais qui est aussi beaucoup moins volatile et qui nous expose moins que les autres aux dislocations de marché", a expliqué Jérôme Grivet, directeur financier de Casa lors d'une conférence téléphonique avec la presse, précisant ne pas "fabriquer des produits d'investissement pour des clients investisseurs".

Porter l'économie vers la sortie de crise

Philippe Brassac, le directeur général de Casa, qui s'est refusé à donner des prévisions pour l'ensemble de l'année, a quant à lui affirmé la capacité du groupe à absorber l'impact du Covid-19 et a largement insisté sur son rôle de "pontage de l'économie". Le patron de la Banque verte assure ainsi que "20% à 30% [de cette opération de pontage de l'économie réalisée par les banque, Ndlr], c'est directement le groupe Crédit Agricole qui l'opère".

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Le groupe mutualiste a ainsi accordé 126.000 Prêts garantis par l'État (PGE) pour un montant de 19,5 milliards d'euros. "Le taux de refus est à peine de 2% au niveau du groupe et les chiffres vont continuer à monter. C'est une opération qui se matérialise à vitesse grand V", assure Philippe Brassac. En parallèle, Crédit Agricole a mis en suspens quelque 335.000 crédits représentant un montant de 3,4 milliards d'euros d'échéances.

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Concernant la question épineuse de l'indemnisation des pertes d'exploitation, Crédit Agricole indique avoir versé 210 millions d'euros à ses clients les plus impactés et ayant souscrit à une assurance multirisque professionnelle avec perte d'exploitation. Enfin, du côté des particuliers, quelque 188.000 reports d'échéances ont été actionnés par les clients.

Juliette Raynal

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