La crise du coronavirus ne laisse pas indemnes les banques tricolores. Après que Société Générale ait basculé dans le rouge, avec une perte nette de 326 millions d'euros au cours des trois premiers mois de l'année (une première depuis 2012), c'est au tour de BNP Paribas de partager des résultats trimestriels chahutés par la crise sanitaire.
La première banque de la zone euro par les actifs reste dans le vert mais voit fondre son bénéfice net de 33% au premier trimestre pour s'établir à 1,3 milliard d'euros. Corrigé des trois impacts de la crise sanitaire, celui-ci dépasserait les 2 milliards d'euros en hausse de 6,7%, affirme la banque de la rue d'Antin dans un communiqué de presse.
Dans ce contexte, BNP Paribas anticipe sur l'ensemble de l'année un repli de 15 à 20% de son bénéfice net par rapport à l'année 2019, "sauf nouvelle crise ou nouveaux développements".
Envolée du coût du risque
Comme ses homologues européens ou encore Société Générale, le résultat de BNP Paribas est lourdement impacté par une envolée du coût du risque, ces provisions passées pour faire face à de possibles accidents de remboursement de crédits accordés par la banque, en raison de la récession, présentée comme la plus grave depuis la seconde guerre mondiale.
Ces provisions ne sont pas étonnantes et sont le résultat de deux facteurs. "Premièrement, ces provisions sont effectuées dans une logique d'anticipation car ces pertes n'ont pas encore eu lieu. Aujourd'hui, il est impossible d'avoir une boussole qui indique précisément avec quelle sévérité les différents secteurs seront touchés par la récession économique", expliquait à La Tribune Gwenhaël Le Boulay, directeur associé senior au Boston consulting group (BCG), lors d'une précédente interview. "Ensuite, l'autre grand facteur c'est le rythme auquel les différents établissements vont souhaiter passer ces provisions", développait Gwenhaël Le Boulay. Selon lui, les banques les plus solides, celles affichant des ratios de solvabilité les plus élevés, auront tendance à provisionner davantage dès à présent.
Au cours du premier trimestre, le coût du risque a presque doublé chez BNP Paribas pour s'établir à 1,4 milliard d'euros, contre 769 millions à la même période un an auparavant. BNP Paribas a ainsi provisionné 502 millions d'euros pour faire face spécifiquement aux éventuelles pertes liées aux conséquences économiques de la pandémie.
Parmi les différents métiers, l'activité Personnal Finance, qui correspond aux crédits à la consommation, est lourdement touchée. Elle voit son coût du risque grimper de 253 millions d'euros par rapport au 1er trimestre de 2019, dont 189 millions d'euros liés aux anticipations des effets de la crise sanitaire. Le coût du risque augmente également sensiblement dans ses activités de financement et d'investissement (CIB), avec 201 millions d'euros de provisions, en hausse de 166 millions sur un an.
Baisse des revenus maîtrisée
Sur le plan des recettes, BNP Paribas s'en sort également mieux que la banque de La Défense. Alors que Société Générale a vu ses revenus dégringoler de 16,5% au cours des trois premiers mois de l'année pour s'établir à 5,2 milliards d'euros, la 1ère banque de la zone euro affiche une baisse de son produit net bancaire, équivalent peu ou prou de son chiffre d'affaires, de seulement 2,3% sur la même période à 10,8 milliards d'euros.
Ce léger recul du PNB s'explique essentiellement par la baisse de revenus (-184 millions d'euros) liées aux restrictions émises par les autorités européennes sur le versement des dividendes au titre de l'exercice 2019 ainsi qu'à des impacts comptables dans l'assurance qui ont conduit à la dévalorisation de 384 millions d'euros de certains portefeuilles d'actions violemment secoués par la tempête boursière qui a marqué cette période.
"Au terme d'un trimestre soutenu par une excellente dynamique commerciale, en ligne avec ses objectifs 2020, les résultats de BNP Paribas au 1er trimestre 2020 ont été impactés par la violence de la crise sanitaire. Malgré ce choc, la bonne résistance des revenus et des résultats démontre la robustesse du modèle diversifié et intégré du groupe", a commenté Jean-Laurent Bonnafé, administrateur directeur général de BNP, dans une communiqué.
La banque disposait fin mars d'un ratio de solvabilité (indicateur qui mesure la solidité des banques) de 12%, en baisse de 1 point de pourcentage par rapport au dernier trimestre de l'année 2019.
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