Les Français continuent à piocher dans leurs comptes courants... pour épargner

Par latribune.fr  |   |  725  mots
La Banque de France avait déjà observé un recul substantiel de 14,1 milliards d'euros les trois mois précédents. (Crédits : Lee Jae Won)
L'encours des billets et pièces, couplé aux comptes à vue, a baissé de 18,5 milliards d'euros entre janvier et mars. Il subsiste néanmoins 782,4 milliards d'euros sous cette forme au 31 mars 2023.

Les ménages français ont de nouveau pioché dans leurs comptes courants au premier trimestre, selon le baromètre trimestriel de la Banque de France, publié ce vendredi 11 août. Ainsi, les montants dormant en numéraire — c'est-à-dire l'encours des billets et des pièces — et sur les comptes à vue ont baissé de 18,5 milliards d'euros entre janvier et mars. Cette diminution notable intervient alors que la Banque de France avait déjà observé un recul substantiel de 14,1 milliards d'euros les trois mois précédents. Il subsiste néanmoins 782,4 milliards d'euros sous cette forme au 31 mars 2023.

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Faut-il en déduire que les Français consomment davantage ? Loin de là. L'inflation persistant, cette baisse est à rapprocher davantage du remplissage du Livret A et du Livret de développement durable et solidaire (LDDS). Ces deux livrets d'épargne réglementée - dont les taux sont fixés par l'Etat et dont les intérêts ne sont pas fiscalisés - ont attiré 25,4 milliards d'euros au premier trimestre, et encore quelque 9 milliards supplémentaires depuis, selon les données partagées chaque mois par la Caisse des dépôts.

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Le Livret A gonfle

Il faut dire qu'avec un taux de 3% net depuis le 1er février, ils sont bien plus attractifs que les rémunérations des dépôts à vue proposées par les banques, de 0,04% en moyenne au mois de juin pour les particuliers. Les établissements bancaires ont néanmoins fait un petit effort pour les entreprises, dont les dépôts à vue sont rémunérés douze fois plus, à 0,48% en moyenne.

Un autre produit financier fait aussi les frais de cette concurrence féroce du Livret A : les fonds euros de l'assurance vie. Ces derniers connaissent en effet une collecte nette négative (à savoir des prestations supérieures aux cotisations) depuis plusieurs années qui s'accélère. Ils ont dégonflé de 15,5 milliards d'euros au premier semestre, selon les chiffres de la fédération professionnelle France Assureurs.

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L'assurance vie a signé en juin son meilleur mois du semestre, mais elle reste malmenée depuis le début de l'année. Dans le détail, ce mois a enregistré un niveau mensuel record de cotisations (sommes versées sur les contrats), à 15,6 milliards d'euros, en raison notamment d'un effet de rattrapage après un mois de mai atone.

Les unités de compte tirent leur épingle du jeu

En face, les prestations (qui comprennent les rachats et les versements en cas de décès) augmentent aussi sur un an, à 13,9 milliards d'euros, mais dans une proportion moindre. La fédération y voit l'impact de la hausse du coût de la vie et la nécessité d'augmenter l'apport pour les projets immobiliers, de quoi encourager les ménages qui le peuvent à puiser dans leur épargne.

Le solde net s'établit à 1,7 milliard d'euros en juin et à 4,1 milliards d'euros sur l'ensemble du semestre, ce dernier montant étant près de trois fois inférieur à celui de l'an dernier sur la même période.

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Si les épargnants se tournent massivement vers l'épargne réglementée, l'assurance vie reste cependant le premier produit d'épargne en valeur des Français, avec un encours se situant fin juin au niveau record de 1.911 milliards d'euros, principalement en fonds euros. Quelque 18 millions de personnes disposent d'une assurance-vie, soit un capital moyen de plus de 100.000 euros par souscripteur, souvent investi dans plusieurs contrats. Les placements en unités de compte (UC), potentiellement plus rémunérateurs mais également plus risqués pour les épargnants, se sont étoffés de 19,5 milliards d'euros.

Selon Philippe Crevel, directeur du Cercle de l'Epargne, il faut s'attendre à une « érosion de la collecte » sur les livrets réglementés d'ici la fin de l'année « d'autant plus si l'inflation se résorbe ». « Traditionnellement, les six derniers mois de l'année sont propices aux dépenses (vacances, rentrée scolaire, fêtes de fin d'année) », a-t-il rappelé à l'AFP le mois dernier.

(Avec AFP)