Nouveau record pour le Livret A avec une collecte nette de près de 26 milliards d'euros

Sur les six premiers mois de l'année, les épargnants ont déposé 25,84 milliards d'euros de plus qu'ils n'en ont retiré sur leur Livret A. Un niveau inédit qui s'ajoute aux précédents records atteints par le produit d'épargne dont le taux de rémunération a été porté à 3% le 1er février dernier. Un seuil auquel il va d'ailleurs rester en août prochain bien qu'il aurait dû grimper à 4,1%, en raisons de l'inflation, selon l'application stricte de la méthode de calcul. Un choix qui prive les épargnants de 2,8 milliards d'euros d'intérêts mais que le gouverneur de la Banque de France justifie comme un moyen de garantir le financement de l'économie.
La collecte nette du Livret A a atteint un niveau inédit depuis que le produit d'épargne a été généralisé à toutes les banques en 2009.
La collecte nette du Livret A a atteint un niveau inédit depuis que le produit d'épargne a été généralisé à toutes les banques en 2009. (Crédits : Antonio Bronic)

Le Livret A bat décidément tous les records : au premier semestre, les épargnants ont déposé 25,84 milliards d'euros de plus qu'ils n'en ont retiré. Un niveau inédit depuis que le produit d'épargne a été généralisé à toutes les banques en 2009.

Rien de surprenant néanmoins à ce record au vu du résultat déjà historique enregistré au premier trimestre 2023 : l'écart entre les dépôts et les retraits, appelé « collecte nette », s'élevait à 20 milliards d'euros. La tendance s'est toutefois quelque peu calmée au second trimestre. Sur le mois de juin, la collecte nette a ainsi représenté 1,34 milliard d'euros, soit nettement moins que les 2,47 milliards de mai. Un niveau qui reste conséquent. C'est d'ailleurs le deuxième meilleur mois de juin depuis 2009, après les 3 milliards d'euros net collectés en juin 2020, au sortir du premier confinement.

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L'engouement pour le livret préféré des Français - il y en a 56,6 millions, dont l'immense majorité détenus par des personnes physiques - est donc réel et s'explique par la hausse du taux de ce dernier : le 1er février dernier son taux de rémunération est, en effet, passé de 2% à 3% pour compenser les effets de l'inflation. A l'annonce de cette hausse, le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, s'était d'ailleurs félicité en ces termes : « Nous serons le seul pays en Europe qui proposera à ses compatriotes un livret d'épargne garanti à un taux supérieur à l'inflation ».

Néanmoins, à 3%, ce taux reste nettement inférieur à la hausse des prix qui atteignait toujours 5,1% sur un an en mai dernier.

Un taux de rémunération plus bas que prévu

Sans compter que le taux de rémunération du Livret A aurait pu être encore plus élevé selon les recommandations à l'époque de la BPCE qui estimait, sur la base des chiffres de décembre, que le taux du Livret A pourrait être porté à 3,3 %. Et ce, d'après la formule de calcul, qui résulte de la moyenne entre, d'une part, le taux d'inflation moyen des six derniers mois et, d'autre part, la moyenne des taux interbancaires, auxquels les banques s'échangent de l'argent à court terme.

Pour justifier cette baisse, le gouverneur de la Banque de France qui suggère l'évolution du taux avait invoqué dans un communiqué des « circonstances exceptionnelles » pour ménager les finances du logement social, dont les prêts sont souvent indexés sur ce taux. En effet, les sommes déposées par les Français sur le livret A et Livret de développement durable et solidaire (LDDS), dont la majeure partie est centralisée par la Caisse des dépôts (CDC), sont destinés en partie à financer le logement social, l'économie sociale et solidaire ou encore les économies d'énergie dans les logements. Si le relèvement du taux est une bonne nouvelle pour les épargnants, il est donc moins bien vécu par certains acteurs publics dont les prêts auprès de la CDC sont souvent indexés sur ce taux.

Pas de revalorisation de la rémunération du Livret A

Un taux à 3% que François Villeroy de Galhau a de nouveau défendu mardi dernier pour les 18 prochains mois : « une promesse en faveur de l'épargnant », a-t-il fait valoir. « Le 3% actuel est un peu inférieur à la formule, c'est vrai », a admis le gouverneur en marge de la présentation du rapport annuel de l'épargne réglementée, mais il devrait permettre une rémunération « sensiblement supérieure à l'inflation au cours de l'année 2024 ». Selon l'application stricte de la formule de calcul, le taux de rémunération aurait dû grimper, au 1er août, à 4,1%.

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Mais il sera bien maintenu à 3%. « Révisé normalement tous les six mois, ce taux restera le même jusqu'en janvier 2025 », précise la direction de l'information légale et administrative. Un choix qui, sur les six prochains mois, prive les épargnants de 2,8 milliards d'euros d'intérêts — pour quelque 510 milliards d'euros d'encours des Livrets A et des LDDS à fin 2022, qui ont par ailleurs gonflé de près de 32 milliards d'euros depuis janvier. Un geste délicat à justifier en période de forte inflation.

Mais pour le gouverneur de la Banque de France, cela « vise à pleinement intégrer les deux fonctions de l'épargne réglementée : protéger l'épargne populaire et financer de façon très importante l'économie française ». Les organismes de logement social, qui empruntent à taux variable aux taux du Livret A, sont en première ligne : « un pour cent de taux du Livret A en plus aurait représenté 32.000 logements sociaux en moins, un tiers de la production annuelle », a-t-il poursuivi mardi.

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En outre, le maintien du taux donne de la visibilité aux banques, qui conservent et rémunèrent 40,5% des Livrets A et des LDDS. Il pourra aussi limiter la casse des fonds euros de l'assurance vie, en perte de vitesse. Toutefois, le rendement moyen de ces derniers, prélèvements sociaux pris en compte, mais hors défiscalisation, est près de deux fois inférieur au Livret A même maintenu à 3%, selon les calculs du fondateur du cabinet Facts & Figures Cyrille Chartier-Kastler.

(Avec AFP)

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Commentaires 4
à écrit le 23/07/2023 à 5:13
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Belle cagnotte pour payer la dette?

à écrit le 22/07/2023 à 10:50
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La réforme des retraites est passée par la .. j épargne 31% de mon salaire pour me casser plus vite a la retraite ( tant pis pour la décote) ou si ma boîte me vire à 57 ans comme mon frangin juge «  trop vieux » dixit sa DRH… de plus faudrait savoir...

à écrit le 22/07/2023 à 10:50
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La réforme des retraites est passée par la .. j épargne 31% de mon salaire pour me casser plus vite a la retraite ( tant pis pour la décote) ou si ma boîte me vire à 57 ans comme mon frangin juge «  trop vieux » dixit sa DRH… de plus faudrait savoir...

à écrit le 22/07/2023 à 10:32
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Ah ces français qui veulent pas se faire plumer par les marchés financiers yen a marre des réfractaires hein !

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