
Lutte contre le changement climatique, décarbonation, réindustrialisation, défense... La liste des défis impérieux ne cesse de s'allonger pour les Etats. Aux Etats-Unis et en Chine, les dirigeants ont engagé des plans d'investissements colossaux pour répondre à l'urgence climatique. Sur le Vieux continent, quelques Etats ont récemment présenté des plans de décarbonation à l'image de l'Allemagne ou de la France.
Le gouvernement tricolore a fait le pari de la réindustrialisation après des vagues de délocalisation, synonymes de plans massifs de licenciements. Le projet de loi industrie verte vient d'arriver au Parlement. Face au réchauffement climatique pointée par les climatologues, la France va devoir appuyer sur l'accélérateur des investissements. Paris s'apprête à accueillir une cinquantaine de chefs d'Etat et de gouvernement un grand sommet sur la finance mondiale en fin de semaine.
Dans ce contexte, l'Institut Rexecode a dévoilé ce mercredi 21 juin ses pistes pour favoriser les investissements. « Les besoins d'investissements sont estimés entre 50 et 80 milliards par an », a expliqué l'économiste et président du centre de réflexion Michel Didier. « La transition écologique n'est pas le seul besoin collectif. Il y a également le vieillissement de la population, la réindustrialisation. L'équation est sans solution si on n'invente pas un nouveau mode d'intervention de l'Etat », a-t-il poursuivi.
Depuis plusieurs mois, le gouvernement pousse pour sortir du « quoi qu'il en coûte ». Lundi dernier, les ministres de Bercy Bruno Le Maire et Gabriel Attal ont esquissé les pistes d'économies prévues dans le prochain budget 2024 à 10 milliards d'euros. L'exécutif a promis de « refroidir la dépense publique » dans son programme de stabilité envoyé à Bruxelles au printemps. Entre la montagne d'investissements et la politique budgétaire plus restrictive, le gouvernement se retrouve dans une impasse.
Réformer la fiscalité sur les donations
Sans surprise, les économistes de Rexecode ont plaidé en faveur d'une mobilisation accrue de l'épargne des Français. « L'épargne financière de précaution des ménages est de l'ordre de 3.000 milliards d'euros. Elle répond aux besoins de retraite, de faire face à d'éventuels coups durs, et de transmission. Son orientation va vers des placements sûrs et liquides car les décisions sont bridées par la crainte légitime du risque », ont expliqué les auteurs d'un document de travail présenté aux journalistes.
En partant du constat que les seniors ont plus d'épargne que les jeunes, « l'objectif serait de faire descendre cette épargne vers les plus jeunes pour qu'ils puissent s'acheter un logement ». Le centre Rexecode veut stimuler « les donations du vivant». «On peut baisser les droits de donation sans un coût excessif pour les finances publiques», assure Michel Didier. « Une réduction de recettes fiscales, largement étalée dans le temps, pourrait susciter une augmentation de pouvoir d'achat des générations plus jeunes cinq à six fois plus élevée ».
Des fonds d'investissements en capital garanti et des placements à très long terme
L'autre principal levier évoqué par le think-tank proche des milieux patronaux porte sur la création de fonds d'investissements à capital garanti. Le but est « de drainer l'épargne moyenne vers des participations au capital d'entreprises non cotées afin d'en simuler le développement ». Il suggère également de favoriser des placements à très long terme d'une durée d'au moins 20 ans.
« L'idée est que les personnes placent de l'argent et que cette somme soit exonérée des droits de succession à condition que les héritiers s'engagent à aller jusqu'à la fin du placement », souligne Michel Didier. Cette proposition pourrait faciliter les régimes de retraite par capitalisation. Mais cette idée risque encore de mettre le feu aux poudres après la longue mobilisation contre la réforme des retraites du gouvernement.
Rexecode opposé à toute hausse de la fiscalité et de l'endettement
Sur la propositions d'une taxe exceptionnelle sur les 10% les plus riches de l'économiste Jean Pisani Ferry, Rexecode a mis un veto sur toute hausse de prélèvement.« Nous sommes résolument défavorables à toute hausse d'impôt car cela pénaliserait l'activité », a insisté Michel Didier. Sur ce point, l'institut rejoint la position du ministre de l'Economie Bruno Le Maire qui s'est montré fermement opposé à toute hausse de la fiscalité.
Pourtant, l'ancien conseiller et mentor d'Emmanuel Macron Jacques Attali ou des membres de la majorité soutiennent sur tous les plateaux cette hausse de la fiscalité. Concernant un financement par l'endettement, l'institut d'études économiques a également exprimé son veto. « La menace d'une déstabilisation financière de la zone euro pourrait être à l'ordre du jour », a prévenu Michel Didier.