« Nous avons besoin d’hommes féministes ! » Karien Van Gennip (ING)

Ex-ministre aux Pays-Bas, Karien van Gennip est depuis 2015 directrice générale de la banque ING en France. Cette banquière au parcours atypique a été élue en mai dernier coprésidente de l’association de promotion de la mixité Financi’Elles. Sa priorité est de s'assurer que la place des femmes reste tout en haut de l'agenda des dirigeants d'institutions financières.
Delphine Cuny
Karien Van Gennip est la patronne d'ING en France.
Karien Van Gennip est la patronne d'ING en France. (Crédits : Reuters)

Ingénieure en physique, diplômée d'un MBA de l'Insead, ministre du commerce extérieur, députée puis banquière. Et aussi mère de quatre filles. De son parcours singulier, qui l'a menée d'Amsterdam à San Francisco puis Paris, de McKinsey à l'Autorité néerlandaise des marchés financiers et à ING, depuis 2008, Karien van Gennip, 51 ans, a gardé un regard original.

CEO d'ING France depuis 2015, elle a été élue en mai dernier coprésidente de l'association Financi'Elles, fédération de réseaux de promotion de la mixité dans le secteur de la finance. Européenne convaincue et militante de l'égalité femmes-hommes, celle qui fut nommée « Young Global Leader » par le World Economic Forum en 2009 nous livre sa vision et son expérience de patronne de banque.

LA TRIBUNE - La finance française vous semble-t-elle faire une place suffisante aux femmes ?

KARIEN VAN GENNIP - Quand je suis arrivée en France il y a quatre ans, une des bonnes surprises a été la part plus importante des femmes à des postes à responsabilité qu'aux Pays-Bas, où l'on voit monter un débat sur la mise en place de mesures législatives. L'existence de quotas en France avec la loi Copé-Zimmermann a permis une vraie progression de la place des femmes. En interne, chez ING, j'ai mis en place une mesure simple : qu'il y ait toujours une femme parmi les trois derniers candidats à un poste. Cela permet d'éviter les biais. Sinon, on a tendance à promouvoir des personnes qui nous ressemblent en plus jeune, des « mini-moi » ! Je me souviens d'un collègue senior qui, il y a plusieurs années, m'avait objecté au sujet d'une candidate : « ses chaussures sont trop fashion ! » On doit pouvoir surmonter ce genre de biais.

Lire aussi : Pour Lagarde, « la féminisation de la finance n'est pas une option, c'est une nécessité ! »

Êtes-vous une militante ?

Je suis plus féministe qu'à mes débuts il y a 25 ans. Je suis devenue activiste car nous avons essayé de faire progresser la place des femmes au plus haut niveau mais les progrès ne sont clairement pas assez rapides. Le leadership reste à plus de 80% aux mains des hommes. Pour faire bouger les choses, il ne faut pas seulement des femmes leaders, nous avons besoin d'hommes féministes !

Ma priorité en tant que co-Présidente de Financi'Elles est de garder la mixité tout en haut de l'agenda de nos grands dirigeants d'entreprise. J'entends parfois un peu de lassitude sur le sujet, comme si le problème était réglé, or on est encore loin de la parité et de la véritable inclusion !

Lire aussi : L'appel de Financi'Elles pour la parité

Qu'apportent les femmes de différent dans la finance ?

Au début de ma carrière, je considérais que le fait que je sois une femme n'importait pas. Mais un collègue d'expérience m'a fait comprendre que ce n'était pas le cas : si je suis la seule femme dans une réunion, je suis perçue comme différente, il faut en avoir conscience et en tirer parti. C'était un conseil précieux.  Me perçoit-on avant tout comme femme, comme néerlandaise ou comme banquière ? La diversité de genre, mais aussi culturelle et de points de vue, est facteur de performance et facilite la prise de décision.

Il y a des sujets sur lesquels les femmes sont très investies. Par exemple, sur les questions liées au développement durable, nous sommes beaucoup de femmes à la table des discussions ! Une des réalisations dont je suis le plus fière, en tant que banquière en France, est notre politique de développement durable. Nous avons mis en place des produits innovants, des prêts « verts » dont les taux sont indexés sur la performance des entreprises en développement durable, et nous utilisons notre bilan pour financer les projets de demain, à l'instar des parcs éoliens.

Le sujet du bien-être au travail, qui comprend entre autres l'équilibre vie personnelle et vie professionnelle, est également prioritaire selon moi. Je note d'ailleurs que les hommes sont plus à l'aise pour en parler dans un univers mixte. J'ai veillé chez ING à ce que l'on trouve une manière, plus fun et plus joyeuse, de travailler car le bonheur au travail est une problématique importante.

Propos recueillis par Delphine Cuny.

Photo UNE H306

Delphine Cuny

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Commentaires 8
à écrit le 04/11/2019 à 10:38
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Ce qui m'inquiète c'est que dès que "je mets des points sur les "i" avec ma femme, elle me demande une gifle! Est ce normal docteur! Cela a l'air d'une plaisanterie mais la victimisation a de l'avenir!

à écrit le 31/10/2019 à 8:53
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Et des femmes qui oseraient ne pas détester les hommes, mais qui vivraient parmi eux à égalité sans s'occuper de considérer si leurs collègues sont des hommes ou des femmes, ce ne serait pas à la mode ?

à écrit le 26/10/2019 à 5:44
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Le féminisme, c’est du sectarisme. Ça n’a pas apporté grand chose de bon. Et maintenant, les femmes à la tête de ces groupuscules demandent à des hommes de partager leurs idées étriquées... Et bien vu comment les féministes voient les hommes, je leur...

à écrit le 25/10/2019 à 17:51
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C'est du populisme, de la politique à 2 balles : le vrai positionnement est d'avoir des personnes "égalitaristes" qui ne jugent que sur les compétences réelles... Tout France dérive sur le populisme, alors qu'il suffirait de mettre en œuvre ce qui es...

à écrit le 25/10/2019 à 15:16
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Le titre est une rigolade?!! actuellement dans l'assurance et les banques, le recrutement est plutôt sur des profils qu'aime zemour..... Alors dire qu'il faut des féministes homme, c'est beau, mais comme toute chose au pays des droits de l'homme, ...

à écrit le 25/10/2019 à 12:24
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Il y a la Tribune et son genial agitateur. J'ai nomme le citoyen blase. Longue vie.

à écrit le 25/10/2019 à 12:11
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L'art de la manipulation est bien féminine, cela ne va pas s'arrêter en si bon chemin!

à écrit le 25/10/2019 à 10:42
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Je ne connais aucune personne cupide féministe ni quoi que ce soit d'autre d'ailleurs. A ce niveau ils sont incapables de penser à autre chose qu'à eux-mêmes. Bon courage !

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