PSA veut lancer des hybrides à air comprimé fin 2017, mais il attend un partenaire

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  617  mots
PSA a fait essayer ce mercredi des prototypes de voitures hybrides à air comprimé à quelques journalistes. Les baisses des rejets de CO2 sont réelles en ville. Mais, PSA ne se lancera pas seul dans cette aventure technologique. Or, il n'a pas trouvé de partenaires aujourd'hui. Le ticket d'entrée est élevé à 500 millions d'euros.

PSA cherche un partenaire pour lancer la fameuse technologie "Hybrid Air" qui combine essence et air comprimé. Cette technologie censée être révolutionnaire permet d'abaisser les consommations en ville de 45% selon le constructeur ainsi que les émissions de CO2 qui leur sont corrélées. "Cela fait trois ans et demi que nous l'expérimentons. On a eu au départ des doutes sur les performances du système, l'acoustique, mais, aujourd'hui, nous sommes persuadés de la pertinence et de la faisabilité de cette technologie",  affirme à  La Tribune Karim Mokaddem, Directeur du projet "Hybrid Air" chez PSA.

"Nous avons fini l'avant-projet. Et nous sommes prêts à passer à la phase de développement qui prendra 180 semaines", indique Gilles Le Borgne, Directeur de la recherche et du développement du constructeur. Cette technologie ne pourra donc être commercialisée avant fin 2017 au mieux.

500 millions d'euros de ticket d'entrée

Le hic: un ticket d'entrée élevé. Chez PSA, on évoque officieusement  une somme de "500 millions d'euros". Pas question donc de se lancer seul, alors même que les finances du constructeur français sont en mauvais état. "Il n'y a pas d'engagement industriel aujourd'hui. Si on ne trouve pas de partenaires, on n'y va pas. A ce jour, les négociations avec d'éventuels partenaires n'ont pas abouti", précise Karim Mokaddem.

Le Directeur du projet ajoute: "nous avons des discussions très poussées avec Dongfeng", le consortium public chinois qui est devenu actionnaire de PSA à hauteur de 14%. L'équipementier allemand Bosch, qui collabore avec le français sur l' "Hybrid Air", "fait aussi de son côté la promotion de cette technologie", souligne Karim Mokaddem, tout en indiquant: "le problème, c'est comment le marché réagira". 

"Il y a un rapport risque-opportunité très important. Pour lancer une industrialisation, il faut pouvoir compter sur plusieurs centaines de milliers d'unités par an", renchérit Gilles Le Borgne. Dix prototypes roulent actuellement avec le système "Hybrid Air", dont deux de dernière génération. C'est l'un d'eux que nous pu essayer ce mercredi dans Paris.

Manque encore de mise au point

Il combinait un petit moteur trois cylindres à essence de 82 chevaux, un stockeur d'énergie sous forme d'air comprimé, un ensemble moteur-pompe hydraulique, une transmission automatique via une boîte de vitesses à train épicycloïdal. Un système de pilotage intelligent adapte le mode de fonctionnement aux demandes du conducteur et optimise l'efficacité énergétique. 80 brevets ont été déposés par PSA sur cette technologie.

Lors des quelques kilomètres effectués avec un prototype de Peugeot 2008 ainsi gréé, avec beaucoup d'embouteillages, nous avons roulé 60% du temps en mode "zéro émission". Très bien. Le fonctionnement s'est montré toutefois rugueux, avec des trous à l'accélération. Il manque nettement de fluidité. Mais il s'agit d'un protoype encore très loin d'une production de série.

Moins cher qu'un hybride essence-électrique

"C'est moins complexe qu'un véhicule hybride essence-électrique, donc un peu moins coûteux. On vise un prix équivalent à celui d'un véhicule diesel à la nouvelle norme Euro 6 avec une boîte automatique"; assure Gilles Le Borgne, qui mise sur des "rejets de CO2 de 70 grammes au kilomètre" seulementLes Peugeot et Citroën vendues neuves en Europe émettaient "en moyenne 116 grammes en 2013 et on devrait être à 110-112 grammes cette année".

Avec l'"Hybrid Air", le gain est avéré en ville. Sur route et autoroute, en revanche, le différentiel est de 5% à peine, reconnaît le groupe. Seulement, voilà : les autres constructeurs ne sont pas décidés aujourd'hui à rejoindre PSA dans ce projet, dont certains contestent d'ailleurs l'intérêt et les gains réels.