Ariane 6 : "Les industriels ne sont pas dans le corridor financier fixé" (Geneviève Fioraso)

La secrétaire d’État en charge de l'Espace, Geneviève Fioraso, explique à La Tribune que la facture de 2,6 milliards d'euros présentée par Airbus Group et Safran pour développer Ariane 6 n'est pas dans les clous.
Michel Cabirol
La secrétaire d'Etat en charge de l'Espace Genviève Fioraso veut une préférence européenne en matière de lancements de satellites institutionnels

"C'est une base de négociations", assure à "La Tribune" Geneviève Fioraso, secrétaire d'État en charge de l'Espace, à propos de la proposition d'Airbus Group et de Safran sur le développement de deux versions d'Ariane 6. Les deux industriels vont présenter ce mardi à Genève aux ministres des pays membres de l'Agence spatiale européenne (ESA) cette proposition qu'ils ont remise à l'ESA le 18 juin. Mais, explique la secrétaire d'État, "cette réunion ne sera pas conclusive. Il va rester du travail technique, financier et commercial. Nous devons être en ordre de marche en octobre pour être fin prêt en décembre", c'est-à-dire pour le conseil ministériel de l'ESA du 2 décembre à Luxembourg.

Pour Geneviève Fioraso en revanche, il n'est pas question que les États assument seuls un éventuel échec d'un lancement, comme l'ont écrit Airbus Group et Safran dans leur proposition remise à l'ESA. "C'est la stratégie inverse. Il y aura une prise de risques plus grande de la part des industriels", explique-t-elle. S'agissant de la facture de 2,6 milliards d'euros (2,3 milliards d'euros pour le développement des deux versions d'Ariane 6 et 320 millions des infrastructures sol) des deux industriels, elle n'est pas dans les clous. "Il ne sont pas dans le corridor financier fixé", souligne-t-elle. La secrétaire d'Etat ne souhaite pas non plus donner un chèque global aux industriels dès le démarrage du programme. Enfin, elle attend des explications de leur part sur le calendrier proposé d'Ariane 5 ME et d'Ariane 6, qui pourrait, selon elle, fragiliser Ariane 5 ME.

La France veut une préférence européenne

En revanche, la secrétaire d'État va se battre pour obtenir des États européens, l'Allemagne et le Royaume Uni notamment, le principe intangible d'une préférence européenne pour les lancements institutionnels européens de façon à garantir aux industriels quatre tirs par an. Une des exigences des deux industriels. "Cela me parait réaliste d'avoir quatre lancements institutionnels par an", affirme-t-elle. "On ne peut pas être Européen quand cela arrange et inversement", poursuit-elle.

Face à la montée en puissance du lanceur américain Falcon 9, Geneviève Fioraso souhaite absolument que la filière spatiale européenne se donne les moyens de lutter contre "le dumping" de SpaceX. "Il faut responsabiliser les industriels qui investiront davantage et prendront de plus en plus d'initiatives. Il faut avoir enfin une filière davantage intégrée, explique-t-elle. Il ne faut pas en revanche leur imposer une solution technique de façon à ce qu'ils s'approprient le programme. Cela permettra également de ne pas déstabiliser leur tissu industriel".

Une nouvelle gouvernance

Pour Geneviève Fioraso, il faut donc "changer la gouvernance, changer de paradigme". "Cette nouvelle gouvernance pourra entraîner des évolutions chez Arianespace et au CNES mais tout se fera en dialogue", explique-t-elle. Arianespace et la direction des lanceurs (DLA) du CNES pourraient ainsi à terme rejoindre la société commune d'Airbus Group et Safran qui va regrouper dans un premier temps leurs activités dédiées aux lanceurs civils. Responsabiliser les industriels certes, mais "l'Etat stratège" conservera "une expertise technique et financière" sur les programmes spatiaux, souligne-t-elle.

Une nouvelle gouvernance qui inquiète toutefois un peu partout dans la filière spatiale française. Ainsi, les salariés d'Arianespace ont décidé "majoritairement de procéder à un débrayage de 30 minutes qui aura lieu le mardi 8 juillet 2014 à 14h pour Evry et 9h pour Kourou" à la suite du projet de la société commune entre Airbus Group et Safran. Par ailleurs, la CGT Herakles "condamne cette fuite en avant des politiques européennes de privatisation des différents secteurs d'activités stratégiques". Enfin, la CGT Snecma estime que la proposition des deux industriels "n'est ni plus ni moins une captation du secteur privé de l'ensemble des moyens étatiques dédiés à l'espace".

Michel Cabirol

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Commentaire 1
à écrit le 10/07/2014 à 9:24
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Je vois le dialogue d'ici au conseil d'administration :<<,le lanceur est perdu on fait comme d'habitude vous prenez les pertes à votre charge (au représentants du(es) gouvernement(s),il nous faudra en outre une dotation supplémentaire,pour se remettr...

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