Airbus : Le Drian va-t-il aller en Pologne demander des explications ?

Par Michel Cabirol  |   |  509  mots
L'offre d'Airbus Helicopters notamment en termes d'investissements compensatoires en Pologne (offset) - soit 100% du montant du contrat - était difficilement refusable par Varsovie
Selon nos informations, le ministre de la défense Jean-Yves Le Drian pourrait partir à Varsovie dans les prochains jours - lundi? - pour demander des explications à son homologue polonais à quelques jours de la visite de François Hollande en Pologne.

En France, la décision de la Pologne de rompre les négociations exclusives pour l'achat de 50 hélicoptères de transport multicolore Caracal ne passe vraiment pas. Et encore moins pour le ministère de la Défense Jean-Yves Le Drian, qui s'était beaucoup impliqué dans cette opération. Selon nos informations, il pourrait d'ailleurs partir à Varsovie dans les prochains jours - lundi ? - pour demander des explications à son homologue polonais à quelques jours de la visite de François Hollande en Pologne. Une réunion de la dernière chance en quelque sorte...

Sur le plan politique, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a tendu ces dernières années à plusieurs reprises la main aux Polonais dans le cadre du Triangle de Weimar (Berlin, Paris et Varsovie) pour relancer l'Europe de la défense. Il avait trouvé un écho chez le précédent ministre de la Défense polonais, Tomasz Siemoniak, qui y semblait favorable. Mais depuis l'arrivée du PiS au pouvoir, les relations se sont tendus entre la France et la Pologne. Et celles entre Jean-Yves le Drian et Antoni Macierewicz, qui a tenu des propos très durs sur le Caracal, ne sont pas très bonnes.

Une offre difficilement refusable

L'offre d'Airbus Helicopters notamment en termes d'investissements compensatoires en Pologne (offset) - soit 100% du montant du contrat - était difficilement refusable par Varsovie. Et pourtant, les Polonais l'ont fait. Ce qui es une belle claque pour Airbus Helicopters et Airbus Group, qui souhaite ou souhaitait faire de la Pologne son cinquième pilier en Europe.

Pas sûr non plus que les Polonais retrouvent une telle offre s'ils relancent un appel d'offres. Surtout de la part des Américains. Faut-il se rappeler du fiasco des offset américain dans le cadre de la vente des F-16 de Lockheed Martin en 2002 à l'armée de l'air polonaise quelques jours après l'entrée de la Pologne dans l'Union européenne.

Transferts de technologies et de propriété intellectuelle

Airbus Helicopters est allé très loin pour séduire Varsovie en faisant de nombreuses propositions. Conformément aux demandes de l'appel d'offres, le constructeur de Marignane s'est engagé à réaliser des investissements compensatoires en Pologne (offset) de plus de trois milliards d'euros, soit le montant du contrat. Dans le détail, Airbus Helicopters et le motoriste Safran Helicopter Engines (ex-Turbomeca) devaient installer leur chaine d'assemblage à Lodz.

Les deux industriels s'étaient engagés à créer de l'ordre de 1.250 emplois directs et environ 2.000 indirects en Pologne. Notamment à Lodz (800 emplois directs) et Radom (250). Les Polonais avaient également obtenu des transferts de technologie massifs ainsi que des transferts de propriété intellectuelle qui leur permettaient de développer sous leur responsabilité des programmes d'amélioration du Caracal. En outre, la chaine polonaise avait obtenu la fabrication de Caracal gagnés à l'exportation dans certains pays par Airbus Helicopters. Enfin, le constructeur européen s'était engagé à faire monter en puissance le centre de recherche installé en Pologne, qui devait passer d'une trentaine d'ingénieurs à une centaine.