Armement : accord entre Paris et Berlin sur le SCAF, le MGCS et les exportations d'armes

Par Michel Cabirol  |   |  662  mots
Angela Merkel et Emmanuel Macron, mercredi 16 octobre à Toulouse pour le Conseil ministériel franco-allemand. (Crédits : Rémi Benoit)
La France et l'Allemagne avancent sur les trois dossiers sensibles dans le domaine de la défense, qui grippaient les relations entre les deux pays partenaires : programmes de l'avion du futur (SCAF) et du char du futur (MGCS) ainsi qu'un compromis sur les exportations d'armes.

C'était attendu, mais pas gagné d'avance. La France et l'Allemagne avancent sur les trois dossiers sensibles dans le domaine de la défense, qui grippaient les relations entre les deux pays partenaires : programmes de l'avion du futur (SCAF) et du char du futur (MGCS) ainsi qu'un compromis sur les exportations d'armes. "Cela s'est bien passé, au-delà de nos espérances", explique-t-on dans l'entourage de Florence Parly à l'issue du conseil ministériel franco-allemand, qui se tenait à Toulouse mercredi. Un accord franco-allemand au niveau des gouvernements a été finalisé, mais que va en faire le Parlement allemand, qui protège ses industriels (MTU et Rheinmetall, notamment) de façon excessive parfois ? C'est désormais la principale interrogation.

Le SCAF poursuit sa phase de décollage

Sur le système de combat aérien du futur (SCAF), les deux pays ont trouvé un accord pour poursuivre le programme. Il est prévu de lancer la notification des contrats de R&T (Recherche & Technologie) sur les cinq piliers du programme dès janvier 2020, affirme-t-on à l'Hôtel de Brienne : plateforme, système de systèmes, propulsion, remote carrier (drones, missiles...) et simulation. Soit un contrat de 150 millions d'euros, qui financera notamment le lancement d'un démonstrateur très attendu par les bureaux d'études de Dassault Aviation et d'Airbus. Les deux pays ont réaffirmé leur volonté de le voir voler en 2026. Cet avion de combat du futur et les drones qui l'accompagneront entreront en service en France et en Allemagne à l'horizon 2035/2040.

Il n'en reste pas moins que les deux pays doivent encore régler d'ici à un mois les "frictions" entre les motoristes Safran et MTU, ce dernier étant soutenu mordicus par le Bundestag. Il est donc prévu de notifier un contrat en janvier 2020. Mais si cela n'était pas possible, Paris et Berlin ont convenu de poursuivre le programme SCAF sans attendre un accord entre les deux motoristes.

Le MGCS prêt à passer la première

Après une négociation pied à pied de 2h30 entre les ministres des Armées, Florence Parly, et de la Défense Annegret Kramp-Karrenbauer, Paris et Berlin ont trouvé un accord. Un contrat sur l'étude d'architecture système du programme MGCS devrait être signé au premier trimestre 2020. Selon l'entourage de la ministre, une lettre d'intention (LoI) a été signée cette semaine par les trois industriels concernés (Nexter, Krauss-Maffei Wegmann et Rheinmetall).

Accord sur les exportations d'armes

Après près un an de travail en matière d'exportations d'armements, Paris et Berlin ont trouvé "une issue positive, explique-t-on dans l'entourage de Florence Parly. C'est un accord respectueux de la souveraineté de chaque Etat". Les deux pays ont signé "un accord juridiquement contraignant sur les règles de contrôle des exportations d'armements pour les programmes développés en commun", a expliqué l'Elysée dans un communiqué publié mercredi. Cet accord est considéré comme "très satisfaisant" pour la France sur les trois points qui divisaient Paris et Berlin : les programmes en coopération entre les deux pays comme le SCAF et le MGCS, les exportations d'un groupe franco-allemand comme KNDS, la société commune entre Nexter et Krauss-Maffei Wegmann (KMW), et, enfin, la problématique des équipements et des composants allemands équipant les systèmes d'armes français.

"L'accord sur les exportations d'armement scelle une confiance mutuelle entre la France et l'Allemagne et constitue la condition du succès de projets communs comme le char et l'avion du futur (l'accord de l'autre pays pour exporter ces équipements sera donné automatiquement)", a expliqué l'Elysée.

Sur les deux premiers points, il n'y a pas de restrictions à l'exportation, explique-t-on à La Tribune. Sur ce dernier point, il a été confirmé qu'en dessous du seuil de 20% fournis par les industriels allemand dans un programme français, Berlin n'avait pas son mot à dire, quelle que soit la destination de l'équipement militaire. Ce qui vaut pour la France, vaut également pour l'Allemagne. Un accord inespéré...