Défis et promesses du Wifi dans l'avion

Le marché de la connectivité aérienne accélère. Sera-t-il le nouvel Eldorado ? Les enjeux sont nombreux. C'est ce qui ressort d'une table-ronde qui s'est déroulée à l'occasion de Paris Air Forum.

Si de plus en plus de compagnies aériennes franchissent le pas avec un service Wi-fi à bord d'avion, le marché de la connectivité aérienne a encore de la marge. Déjà bien développé outre-Atlantique, le WiFi dans les avions « commence à arriver en Europe et en Asie », a lancé Rodolphe Belmer, le Directeur général d'Eutelsat, à l'occasion d'une table ronde qui s'est tenue le 16 juin à Paris Air Forum, organisé par La Tribune à la Maison de la Chimie à Paris.

Pour l'heure, ce marché « ne représente que 5 % de nos revenus, mais cela pourrait plus que doubler dans les cinq prochaines années avant d'encore accélérer », a-t-il pronostiqué. La raison ? « Avec l'infrastructure actuelle, nous pouvons proposer un bon service. Mais avec celle de demain, de plus gros satellites, nous serons en mesure de fournir un meilleur service encore ». En clair, l'objectif est de fournir des infrastructures apportant un WiFi qui pourrait « permettre aux passagers de consulter Netflix sur leur iPad en qualité HD ».

À l'heure actuelle, l'expérience WiFi du passager reste limitée. « Si on veut passer au live streaming, il faut le haut débit », explique Richard Perrot, VP marketing chez Thales Inflight Entertainment & Connectivity. C'est le concept derrière leur SES 17, un satellite de nouvelle génération, dédié au marché nord-américain, qui sera réservé au seul secteur de l'aéronautique. Ses capacités seront-elles suffisantes lorsque l'usage se sera généralisé, notamment au-dessus des grandes métropoles ? « Pour servir la région nord-américaine, nous avons ajouté quatre autres satellites à celui-ci », assure-t-il. Le tout dans l'objectif d'apporter la même expérience à bord qu'au sol. « C'est la norme que nous devons atteindre ».

Avion connecté, une mine d'or

David Bruner, vice-président Ventes Internationales et Marketing de Panasonic Avionics Corporation, dresse une liste de défis. Le WiFi à bord représente des coûts, celui du capital, du travail et de l'exploitation. « À l'heure actuelle, c'est un facteur de différenciation, donc il y a une course des compagnies aériennes au WiFi ». Pour autant, le seul WiFi n'est pas l'Eldorado. « Toutes les compagnies aériennes auront un WiFi ». « Ce qui change réellement la donne, et là ce sera une mine d'or, c'est quand les compagnies aériennes profiteront de l'avion connecté pour améliorer la productivité et le service client ». Donner au personnel les outils pour connaître qui vous êtes, ce que vous aimez, pour personnaliser votre expérience, pour connaître si vous allez être en retard ou manquer votre correspondance et déjà vous trouver une solution, voire pour, si quelque chose vous arrive à bord, consulter le médecin par la vidéo... « Tout ceci affecte le service, le coût et la productivité ». C'est donc dans la solution de ces problématiques que se situe la course.

L'avenir du divertissement en vol

Autre enjeu, comment marier WiFi et services de divertissement en vol (IFE, pour Inflight Entertainment) ? « La connectivité en vol (IFC) s'est construite sur le concept du contenu vidéo », note Richard PerrotAutrement dit, la majorité des passagers regardaient les dernières sorties cinéma. Une interaction... à sens unique. « L'enjeu pour tout le secteur est d'adapter le divertissement en vol au monde d'aujourd'hui ». Dès lors, la question est de savoir comment capter l'intérêt du passager et profiter de la connectivité en termes de services. « Les gens veulent plus d'interactivité ». Pour autant, le divertissement en vol restera à bord, estime Richard Perrot. « Nous devons l'utiliser comme une plateforme pour en augmenter les applications et pour se rapprocher d'un environnement à l'image de celui que le passager possède sur son téléphone mobile ».

L'impact de l'interdiction des tablettes

Depuis le printemps dernier, une mesure de sécurité du gouvernement américain frappe la connectivité aérienne : l'interdiction des gros appareils électroniques à bord des avions en provenance des aéroports de huit pays du Moyen-Orient. Elle a même failli être élargie à tous les vols à destination des États-Unis. Quel impact une généralisation pourrait-elle entraîner sur la croissance du marché de la connectivité aérienne ? Richard Perrot se montre optimiste. « C'est un problème pour certaines compagnies aériennes, mais notre secteur est prêt à s'adapter et cela pourrait même constituer une opportunité pour accélérer en matière de connectivité », a-t-il jugé, en évoquant des solutions liées à l'appairage. Pour David Bruner, si l'impact ne concerne en effet pas tellement l'utilisation d'appareils à bord, l'interdiction et les problèmes logistiques sur ces aéroports pourraient en revanche décourager les passagers de les fréquenter. Et cela pourrait bel et bien être négatif pour son business.

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