Airbus Helicopters résiste toujours et encore aux vents contraires

Par Michel Cabirol  |   |  944  mots
L'hélicoptériste européen a réussi une belle année en vendant 54 Super Puma en 2017
Depuis trois ans, Airbus Helicopters démontre une forte résilience. Le constructeur de Marignane se maintient à la première place du marché des appareils civils et parapublics de plus de cinq sièges. Il revendique 50% de parts de marché sur les 520 hélicoptères livrés en 2017.

Trois ans de tempêtes sur le marché des hélicoptères et de déboires multiples (en particulier pour la famille H225) n'ont provoqué ni le crash, ni la réduction de voilure d'Airbus Helicopters. Le constructeur de Marignane souffre mais reste très résilient. Ainsi, la filiale d'Airbus se maintient à la première place du marché des appareils civils et parapublics de plus de cinq sièges en revendiquant 50% de parts de marché sur les 520 hélicoptères livrés en 2017. Loin, très loin de ses principaux concurrents : Bell (18% de parts de marché), Leonardo (17%) et les constructeurs russes (11%).

"En dépit d'un contexte de marché difficile, nous sommes parvenus à maintenir notre leadership sur le marché", s'est réjoui le PDG d'Airbus Helicopters, Guillaume Faury, qui s'apprête à rejoindre Airbus pour prendre la tête de la branche aviation commerciale en remplacement de Fabrice Brégier.

Pour autant, la résilience de l'hélicoptériste n'aura qu'un temps, le carnet de commandes s'effritant dangereusement. L'année dernière encore, le ratio commandes/livraisons (book-to-bill) est une nouvelle fois négatif avec 335 commandes nettes (353 en 2016) pour 409 livraisons (418 en 2016). Ces dernières années, le carnet de commandes du constructeur s'est d'ailleurs progressivement érodé pour atteindre un point bas à fin 2017 (692 appareils, contre 766 fin 2016 et 832 fin 2015). Fin 2008, Airbus Helicopters disposait dans son carnet de commandes de 1.515 commandes d'appareils. En dix ans, la chute est spectaculaire (- 54%). En 2018, Airbus Helicopters vise un "book to bill" autour de 1 avec une prévision de livraisons aux alentours de 400 appareils.

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La bonne année du Super Puma

L'hélicoptériste européen a réussi une belle année en vendant 54 Super Puma en 2017 (48 commandes nettes). En 2016, Airbus Helicopters en avait vendu 23 (commandes brutes) et seulement deux en 2015. C'est la bonne surprise de 2017. Le constructeur de Marignane a également obtenu 19 commandes dans la gamme "super-medium" avec le H175. Les prises de commandes incluent également 168 hélicoptères monomoteurs légers et 105 hélicoptères bimoteurs légers H135/H145.

Guillaume Faury s'est félicité d'une "solide performance commerciale sur le segment des appareils lourds et de milieu de segment" en soulignant "que ces types sont des best-sellers dans leurs segments respectifs".

En 2017, Airbus Helicopters a notamment profité de la mise en vigueur au deuxième trimestre d'un très important contrat militaire au Koweït, qui a signé en août 2016 un contrat pour l'achat de 30 appareils tactiques de type Caracal (H225M) pour 1,1 milliard d'euros. En novembre, South Korea's National 119 Rescue a commandé deux H225. Par ailleurs, la société de leasing britannique Airtelis a signé un contrat pour trois H215. Le constructeur européen a également reçu en juin deux commandes venant du Japon, la première portant sur trois H225 de la part du Japan Coast Guard (JCG) et la seconde sur un H215 acheté par la police de Tokyo (Tokyo Metropolitan Police Department).

Au premier trimestre, Airbus avait indiqué dans son communiqué financier que sa filiale hélicoptériste avait vendu 10 exemplaires de la famille Super Puma, dont sept appareils pour un pays du Moyen Orient (H215). Enfin, la société de leasing chinoise CMIG (China Minsheng Investment Group) a signé en septembre une lettre d'intention (LoI) pour l'achat de deux H225. Par ailleurs, Airbus Helicopters a réussi un joli coup commercial en Tanzanie en réussissant à vendre quatre appareils Super Puma (deux H215 et deux H225), qui devraient être mis en vigueur en 2018. En Pologne, le constructeur participe à un nouvel appel d'offres lancé en février 2017 pour 16 Caracal après l'arrêt des négociations exclusives pour la fourniture de 50 H225M.

En 2017, tout comme en 2016, les clients du Super Puma sont venus du civil (police, recherche et sauvetage, par exemple) et du militaire, et non plus du secteur pétrolier et gazier, comme c'était le cas les années auparavant. Cela traduit un changement de ce  marché dont il est encore difficile de dire s'il sera durable, a analysé Guillaume Faury. La hausse des prix du pétrole n'absorbe pas encore les surcapacités élevées sur le marché des hélicoptères lourds, les groupes pétroliers et gaziers continuant à réduire leurs opérations offshore dans un souci d'économies. "Je ne pense pas que la remontée partielle des prix du pétrole aura un impact positif sur l'industrie des hélicoptères dans les prochaines années", a estimé le patron d'Airbus Helicopters.

Le successeur du Super Puma dans les choux

Ce sera au successeur de Guillaume Faury de redéfinir le X6, futur hélicoptère lourd de nouvelle génération dont l'entrée en service était prévue à horizon 2020. Les études de conception du X6 menées depuis 2015 ont montré que certaines technologies de rupture envisagées au sein de la chaîne d'approvisionnement.manquaient de maturité et la demande d'hélicoptères lourds de transport de passagers s'avère incertaine, a constaté Guillaume Faury.

"Tant que nous ne trouvons pas de solution appropriée pour régler ces défis technologiques et commerciaux, nous ne lancerons pas de programme en tant que tel", a expliqué Guillaume Faury.

Pour autant-, a-t-il précisé, "cela ne signifie pas que c'en est fini du X6, mais il est probable qu'il devienne quelque chose d'assez différent de ce que nous avions pensé quand nous avons lancé la phase de conception". La Commission européenne avait donné son feu vert en juin 2017 à une aide de 377 millions d'euros accordée par la France et l'Allemagne pour développer le X6. Ce projet sera-t-il finalement résilient ?