Le VBCI de Nexter enfin proche d'atterrir au Qatar ?

Par Michel Cabirol  |   |  545  mots
Le Qatar avait signé en décembre 2017 une lettre d'intention pour l'achat de 490 VBCI dans le cadre du programme Al Rayyan à l'occasion d'une visite d'Emmanuel Macron à Doha.
Selon des sources concordantes, le Qatar aurait promis en début d'année à Nexter de finaliser un contrat portant sur la fourniture de 490 véhicules blindés de type VBCI. Mais Rheinmetall, qui revient à marches forcées sur ce dossier, en a fait son objectif prioritaire en 2019.

C'est une campagne qui traîne en longueur depuis plusieurs mois, mais qui pourrait être enfin conclue en juin. Selon des sources concordantes, le Qatar aurait promis en début d'année à Nexter de finaliser un contrat portant sur la fourniture de 490 véhicules blindés de type VBCI, un contrat potentiel qui avait été estimé par l'Elysée à 1,5 milliard d'euros. C'est l'objectif ambitieux (?) affiché. Le Qatar avait signé en décembre 2017, outre la levée de l'option sur l'achat de 12 Rafale supplémentaires et un contrat d'exploitation et maintenance du métro de Doha, une lettre d'intention pour l'achat de 490 VBCI dans le cadre du programme Al Rayyan à l'occasion d'une visite d'Emmanuel Macron à Doha. Ce serait le premier contrat export pour le VBCI.

Des compétitions très dures pour les équipements

Ce qui a pris beaucoup de temps - pratiquement toute l'année 2018 -, c'est le choix du client sur plusieurs équipements clés du VBCI, qui sera armé avec le missile moyenne portée (MMP) de MBDA. Deux d'entre eux ont notamment cristallisé une lutte acharnée entre les industriels : la tourelle et les systèmes de communications. Doha a finalement tranché fin 2018 : c'est finalement le norvégien Kongsberg qui fournira au détriment de Nexter la tourelle tandis que le consortium Thales/Kongsberg équipera les VBCI de moyens de communications. Enfin, le radar sera celui de Thales.

Ces compétitions ont été très, très dures entre les différents industriels. Mais aujourd'hui tout est, semble-t-il, rentré dans l'ordre, le schéma industriel ayant été validé par Barzan Holdings, société détenue par le ministère de la Défense qatarie. Barzan et Nexter avaient créé une entreprise commune, qui servira de base industrielle pour la livraison et la maintenance des VBCI.

Le forcing de Rheinmetall

Alors que le RfQ (cotation) sur le VBCI est attendu pour bientôt, ce n'est pas pour autant l'euphorie dans le camp français. Car Rheinmetall, qui revient à marches forcées sur ce dossier, en a fait son objectif prioritaire en 2019. Le groupe allemand peut compter sur trois atouts. Il a déjà signé un contrat en mars 2013 pour la vente de 62 chars Leopard 2A7 et de 24 pièces d'artillerie PzH200 notamment. Ce qui lui a permis de très bien connaître l'armée de Terre qatarie. Sur cette campagne, Rheinmetall, qui proposerait le véhicule blindé de combat à chenilles Lynx, a également obtenu le plein soutien de l'Etat allemand, qui lui interdit d'exporter vers l'Arabie Saoudite. Outre, le Qatar, les industriels allemands misent sur une liste de pays autorisés dans la région comme le Koweït, l'Egypte, l'Algérie et le Qatar.

Résultat, le dispositif (lobbying, expertise...) de Rheinmetall a en grande partie basculé d'Arabie Saoudite vers le Qatar. Notamment les experts de Rheinmetall International Holding (RIH), filiale basée à Zurich, ont été envoyés à Doha. L'ancien patron de RIH, John Taylor travaille depuis janvier comme consultant chez Barzan après avoir passé trois ans à la tête de la filiale de Rheinmetall. Enfin, le lobbying de Rheinmetall pourrait également passer via BAE Systems avec qui le groupe allemand a récemment créé une société commune. Bref, Nexter sent le souffle chaud de Rheinmetall sur sa nuque...