Loi de programmation militaire : bataille financière entre Bercy et le ministère des Armées

Bercy souhaite fixer une enveloppe budgétaire à 377 milliards d'euros sur les sept prochaines années de la prochaine loi de programmation militaire. Le ministère des Armées est quant à lui sur une trajectoire comprise entre 400 et 410 milliards d'euros pour atteindre ses objectifs capacitaires et opérationnels.
Michel Cabirol
La préparation de la future Loi de programmation militaire entre dans une phase cruciale et déterminante
La préparation de la future Loi de programmation militaire entre dans une phase cruciale et déterminante (Crédits : SARAH MEYSSONNIER)

Après un été très studieux pendant lequel les ministres, celui des Armées Sébastien Lecornu et celui de l'Économie Bruno Le Maire, ont mené ensemble des travaux à la demande d'Emmanuel Macron, la préparation de la future Loi de programmation militaire (LPM) entre dans une phase cruciale et déterminante. Et les relations se tendent entre l'Hôtel de Brienne et Bercy. Logiquement. Il fallait bien s'en douter. Car les deux ministères ne sont évidemment pas d'accord sur l'enveloppe budgétaire à consacrer aux armées lors de la prochaine LPM (2024-2030), qui sera votée en 2023. Et la différence n'est pas minime.

Selon des sources concordantes, Bercy ne veut pas dépasser la barre des 377 milliards d'euros sur les sept prochaines années - soit 2% du PIB français, argumente-t-il - tandis que l'hôtel de Brienne campe sur une fourchette comprise entre 400 et 410 milliards d'euros pour atteindre ses objectifs capacitaires et opérationnels. L'actuelle LPM (2019-2025) avait prévu une enveloppe budgétaire de 295 milliards d'euros. Enfin, les armées tablent quant à elles sur une fourchette de 425 à 430 milliards d'euros pour financer, expliquent-elles, le modèle « Armées 2030 ». Sinon, précisent-elles, « l'Ambition 2030 » sera sous-financé. D'autant que le service national universel (SNU) va consommer des crédits entre 1,7 et 4,1 milliards. Cher pour un gadget...

Conseil de défense et de sécurité nationale

Le conseil de défense et de sécurité nationale prévu mercredi à 14h30 devrait décider de l'enveloppe financière qui sera dévolue aux armées. La future LPM arrive dans un contexte budgétaire compliqué mais aussi dans un contexte géopolitique très tendu au niveau international (guerre en Ukraine, au Tigré, conflit Arménie/Azerbaïdjan, résilience du terrorisme islamiste, tensions en Mer de Chine...) Ce n'est donc pas le moment de baisser la garde pour la France, qui a des prétentions mondiales notamment en Afrique et Indo-Pacifique. Et, en même temps, la situation budgétaire française n'est pas loin d'être catastrophique comme le soulignait la Cour des comptes : déficit public de 6,4 points de PIB en 2021, soit plus du double de celui de 2017, et une dette publique supérieure à 110 points de PIB.

En juillet dernier, la veille du 14 juillet, Emmanuel Macron avait rappelé lors de son discours à l'Hôtel de Brienne, que « notre effort ne peut pas faiblir » et « doit être poursuivi ». Pas question de réduire la voilure au moment où le président a souhaité poursuivre la remontée en puissance des armées françaises. D'autant qu'il a lancé le concept piégeux d'économie de guerre, un concept très exigeant en munitions et en maintien condition opérationnelle (MCO). Les armées partent de loin pour remettre à niveau leurs stocks (munitions et pièces de rechange). Pour se mettre en marche dans cette économie de guerre, les industriels ont besoin de visibilité, donc de commandes. Et pour avoir des commandes, il faut des budgets. Jusqu'où le président ira-t-il, jusqu'où peut-il aller ? Le conseil de défense et de sécurité nationale livrera demain certaines réponses.

Michel Cabirol

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Commentaires 17
à écrit le 29/09/2022 à 10:08
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Il est toujours plus intéressant "d'investir" sur des Patriotes que sur des machines ! ;-)

à écrit le 28/09/2022 à 2:26
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Il faut adapter notre outil militaire à la réalité nouvelle. La Russie a été sur estimée , elle n'a pas pu envahir l'Ukraine avec sa deuxième armée du monde, ce n'est donc plus un problème dans le conventionnel et seule l'arme nucléaire nous protège ...

à écrit le 28/09/2022 à 0:03
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Vive la BITD !

à écrit le 28/09/2022 à 0:01
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Décidemment, on en apprends de belles tous les jours. Voila une armée qui mise tout sur le haut du spectre comme ils disent, avec des bateaux, des avions presque à la pointe, tant qu'en face ils ne sont pas équipés d'armes américaines... Dont le pr...

à écrit le 27/09/2022 à 22:02
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On se retrouvera comme tjrs derrière les allemands. Ils vont ratrapper leurs retards et la France sera tjrs le 2ème, malgré l avance que nous avions. Macron comme les autres ont voulu faure la guerre ...ça nous a apporté des morts pour rien, et l...

à écrit le 27/09/2022 à 21:28
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On a un peu l'impression que notre armée, malgré toutes les qualités qu'elle peut montrer, n'est plus assez forte pour garantir nos frontières. Le résultat des politiques de gribouille menée par les gouvernements socialistes, et par le plus sociali...

à écrit le 27/09/2022 à 21:14
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On ne peut pas se mettre en remorque des Allemands pour cause de radinerie. On doit pouvoir montrer ses gros bras face aux dictateurs de ce monde pourri.

à écrit le 27/09/2022 à 19:20
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Il faut investir dans notre industriel militaire et dans la recherche mais arreter tout opex en Afrique pour faire des économies. En politique il faut choisir.

le 29/09/2022 à 3:47
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@BCE.investir dans l'industriel oui, mais les Opex restent notre meilleur "vitrine" pour vendre nos matériels. Quand à la Russie les théoriciens de la guerre de haute intensité ont tout faux contre ce pays qui n'arrive même pas à gagner le Donbass da...

à écrit le 27/09/2022 à 18:49
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On ne sait pas quels seront les besoins militaires pour la semaine prochaine. Ça n'a pas de sens de prévoir sur 7 ans. Ça montre juste la lourdeur, l'inertie de l'état centralisé régi par la constitution de la 5ème république.

le 27/09/2022 à 19:34
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Cela n'a rien d'une lourdeur absurde cela permettre d'assurer en principe de garantir des crédit annuel afin notamment de pouvoir programmer et gérer les programmes militaire très lourd et offrir une visibilité tant à l'armée qu'a la BIDT. la plan...

à écrit le 27/09/2022 à 18:49
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Les britaniques prévoient de pousser leur efforts budgetaire à 112Milliard d'euros pour 2030. Avec 377 milliard en 7ans, la france atteindra à peine 54 milliard. Donc très loins des britaniques. On sera alors une armée de seconde zones, même en...

à écrit le 27/09/2022 à 18:20
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Bonjour, personnellement je ne suis pas adepte de dépenser de l'argent que nous n'avons pas soit à crédit... Mais malheureusement avec la guerre entre l' Ukraine et la Russie nous devons impérativement augmenter les dépenses militaires de notre pays...

le 27/09/2022 à 18:57
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L'investissement dans la defense est une nécessité vitale, le ministère de l'économie ne devrait même pas avoir son mot à dire comme d'ailleurs pour la santé ou l'enseignement. D'autre part, que cela plaise ou non, l'investissement dans la BIDT rapp...

à écrit le 27/09/2022 à 17:41
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N'importe quoi !

à écrit le 27/09/2022 à 17:12
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Le Maire est-il prêt à soutenir un siège? Rappelons que Sarkozy avait pris l'eau en voulant embarquer sur son croiseur... sur la Seine.

à écrit le 27/09/2022 à 17:03
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Même dans la défense de notre nation, on ne peut compter que sur la sobriété et résilience ! Le citoyen en "arme" et non privatisé!:-)

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