Lutte anti-sous-marine : la France retrouve sa souveraineté en eaux profondes

Le ministère des Armées et Thales vont relocaliser en France une filière industrielle de bouées acoustiques destinées à lutter contre les sous-marins. Un investissement de l'ordre d'une trentaine de millions d'euros.
Michel Cabirol
La France redeveloppe une filière industrielle souveraine de bouées acoustiques pour répondre à la présence accrue depuis quelques années de sous-marins russes, notamment dans l'Atlantique Nord, voire turcs en mer Méditerranée.
La France redeveloppe une filière industrielle souveraine de bouées acoustiques pour répondre à la présence accrue depuis quelques années de sous-marins russes, notamment dans l'Atlantique Nord, voire turcs en mer Méditerranée. (Crédits : POOL New)

Article réactualisé le 18/03/2021 à 16h30 : la ministre des Armées Florence Parly, qui devait se rendre à Anglet chez Telerad ce jour, a été contrainte d'annuler son déplacement

La lutte anti-sous-marine est déjà une grande spécialité française. Elle le sera encore plus en 2025, année où la France devrait maîtriser complètement la chaine de détection de détection des sous-marins avec la mise en service de nouvelles bouées acoustiques "Made in France". En visite jeudi au sein de la PME technologique Telerad, basée à Anglet (Pyrénées-Atlantiques), la ministre des Armées Florence Parly va lancer cette  nouvelle filière industrielle dans le domaine de la défense sous le leadership de Thales Underwater Systems, qui souhaite mettre en place une équipe intégrée où prendront place plusieurs PME à forte valeur ajoutée comme Telerad, Selha Group, Astic, Realmeca...

"Il s'agit d'une relocalisation d'une compétence que nous n'avions plus, puisqu'on achète nos bouées aux Etats-Unis", a expliqué le cabinet de Florence Parly.

Ainsi, la ministre des Armées va annoncer lors de sa visite chez Telerad la notification d'un contrat de développement de "quelques millions d'euros" de bouées SonoFlash, a indiqué son cabinet. La marine française consomme par an entre 4.500 et 7.000 bouées, qui finissent au fond de l'océan mais qui coûtent à l'unité plusieurs milliers d'euros. Ce chiffre "ne vas pas diminuer" avec une présence accrue depuis quelques années de sous-marins russes, notamment dans l'Atlantique Nord, voire turcs en mer Méditerranée.

Un marché estimé entre 100 et 400 millions par an

Pour relancer cette filière, qui avait été abandonnée en 1996, Thales et le ministère des Armées vont investir ensemble dans un projet de la classe de 30 millions d'euros. Soit les deux tiers financés par l'État et un tiers par Thales. Et si le programme est limité du point de vue budgétaire, "il est emblématique : sans bouée acoustique performante, on devient aveugle sur ce qui se passe sous l'eau", rappelle-t-on dans l'entourage de la ministre. Thales, qui travaille depuis cinq ans sur ce projet, souhaite se faire une place au soleil sur le marché ouvert annuel estimé entre 100 et 400 millions de dollars bon an, mal an que se partagent le duopole Ultra et Sparton, qui a été racheté en décembre par l'israélien Elbit Systems. Un marché qui reste très cyclique à l'image de celui des munitions.

Mais ce duopole agace, y compris aux Etats-Unis où l'US Navy grince de plus en plus les dents face aux prix pratiqués par les deux sociétés américaines, qui augmentent sans cesse leur marge. Pour autant, Thales vise des prix équivalents face à ces deux futurs concurrents mais avec des performances supérieures. Et le groupe électronique, qui a déjà vendu des sonars à 17 marines dont l'US Navy, estime qu'il lui faut produire plusieurs milliers de bouées SonoFlash pour atteindre les standards de rentabilité du groupe. La bouée pourra être larguée d'un hélicoptère Caïman (NH90), de l'avion de lutte anti-sous-marine Atlantique-2 ou même d'un drone.

Michel Cabirol

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Commentaires 9
à écrit le 17/03/2021 à 10:34
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C'est une goutte d'eau qui a été relocalisée ,notre industrie est morte .

le 17/03/2021 à 15:18
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A la condition que ce soit de la très hte technologie : aéronautique, spatial, super ordinateurs, industrie nucléaire...et bien sûr matériel militaire .

le 18/03/2021 à 7:55
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Je rappelle que les sonars des hélicoptères de l'US Navy sont Made in Brest ;)

à écrit le 17/03/2021 à 8:34
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Sachant que notre principal enemi qu'est l'Allemagne en dispose également de sous marins cela reste un bon investissement, même si c'est pas grand chose, car en plus comme vous le dites ils envahissent les océans ces sous marins, un moyen discret d'...

le 17/03/2021 à 9:16
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Les (petits) sous marins Allemands sont de très bons bateaux servis par d'excellents équipages et il me semble dangereux d'imaginer que nous soyons isolés sur cette planète. Vous signalez justement l'importance mondiale des flottes sous marines dont...

le 17/03/2021 à 9:34
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Il ne faut pas oublier, comme le font tous les anes qui ''dirigent'' notre pays, que l'allemagne n'est pas un pays ami mais un partenaire dont l'objectif, à terme, est de dominer dans tous les domaines la France.

le 17/03/2021 à 9:48
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Nous ne sommes pas isolés, heureusement nous aurons toujours les américains derrières nous malgré notre compromission avec l'obscurantisme allemand. Et tant mieux c'est quand même particulièrement rassurant. Pourquoi ? Trump nous a encore fait un...

le 17/03/2021 à 14:06
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Faire de bonne bouée qui détruisent la réputation commerciale des SM allemand serait une excellente nouvelle et un moyen d'assurer aussi nos ventes exports.

le 18/03/2021 à 8:34
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En effet maintenant le plus efficace pour avancer réellement serait de sortir de cette infernale union européenne, outil financier allemand s'il en est.

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