Article réactualisé le 18/03/2021 à 16h30 : la ministre des Armées Florence Parly, qui devait se rendre à Anglet chez Telerad ce jour, a été contrainte d'annuler son déplacement
La lutte anti-sous-marine est déjà une grande spécialité française. Elle le sera encore plus en 2025, année où la France devrait maîtriser complètement la chaine de détection de détection des sous-marins avec la mise en service de nouvelles bouées acoustiques "Made in France". En visite jeudi au sein de la PME technologique Telerad, basée à Anglet (Pyrénées-Atlantiques), la ministre des Armées Florence Parly va lancer cette nouvelle filière industrielle dans le domaine de la défense sous le leadership de Thales Underwater Systems, qui souhaite mettre en place une équipe intégrée où prendront place plusieurs PME à forte valeur ajoutée comme Telerad, Selha Group, Astic, Realmeca...
"Il s'agit d'une relocalisation d'une compétence que nous n'avions plus, puisqu'on achète nos bouées aux Etats-Unis", a expliqué le cabinet de Florence Parly.
Ainsi, la ministre des Armées va annoncer lors de sa visite chez Telerad la notification d'un contrat de développement de "quelques millions d'euros" de bouées SonoFlash, a indiqué son cabinet. La marine française consomme par an entre 4.500 et 7.000 bouées, qui finissent au fond de l'océan mais qui coûtent à l'unité plusieurs milliers d'euros. Ce chiffre "ne vas pas diminuer" avec une présence accrue depuis quelques années de sous-marins russes, notamment dans l'Atlantique Nord, voire turcs en mer Méditerranée.
Un marché estimé entre 100 et 400 millions par an
Pour relancer cette filière, qui avait été abandonnée en 1996, Thales et le ministère des Armées vont investir ensemble dans un projet de la classe de 30 millions d'euros. Soit les deux tiers financés par l'État et un tiers par Thales. Et si le programme est limité du point de vue budgétaire, "il est emblématique : sans bouée acoustique performante, on devient aveugle sur ce qui se passe sous l'eau", rappelle-t-on dans l'entourage de la ministre. Thales, qui travaille depuis cinq ans sur ce projet, souhaite se faire une place au soleil sur le marché ouvert annuel estimé entre 100 et 400 millions de dollars bon an, mal an que se partagent le duopole Ultra et Sparton, qui a été racheté en décembre par l'israélien Elbit Systems. Un marché qui reste très cyclique à l'image de celui des munitions.
Mais ce duopole agace, y compris aux Etats-Unis où l'US Navy grince de plus en plus les dents face aux prix pratiqués par les deux sociétés américaines, qui augmentent sans cesse leur marge. Pour autant, Thales vise des prix équivalents face à ces deux futurs concurrents mais avec des performances supérieures. Et le groupe électronique, qui a déjà vendu des sonars à 17 marines dont l'US Navy, estime qu'il lui faut produire plusieurs milliers de bouées SonoFlash pour atteindre les standards de rentabilité du groupe. La bouée pourra être larguée d'un hélicoptère Caïman (NH90), de l'avion de lutte anti-sous-marine Atlantique-2 ou même d'un drone.
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