Paris et Berlin en passe de débloquer le programme MGCS (char du futur)

Par Michel Cabirol  |   |  690  mots
Le programme MGCS a été pris en otage par le groupe allemand Rheinmetall. (Crédits : DR)
Le blocage du Bundestag sur le programme franco-allemand est en passe d'être levé avec l'accord trouvé entre les trois industriels concernés (Krauss-Maffei Wegmann, Nexter et Rheinmetall), selon des sources concordantes.

La marche en avant est à nouveau réenclenché sur le programme MGCS (Main Ground Combat System), le char européen du futur. Très clairement, le blocage du Bundestag sur le programme franco-allemand est en passe d'être levé avec l'accord trouvé entre les trois industriels concernés (Krauss-Maffei Wegmann, Nexter et Rheinmetall), selon des sources concordantes. Un accord qui reste encore à affiner. Mais l'étude d'architecture système du programme MGCS, qui était encore attendue cet été après bien des retards, pourrait être notifiée très rapidement. Et pourquoi pas dès le 16 octobre lors du prochain conseil des ministres franco-allemands... C'est l'objectif en tout cas.

Cette signature interviendrait un an après que la France et l'Allemagne aient signé en 2018 une lettre d'intention, ainsi que le document de besoin opérationnel conjoint, pour avoir une base initiale de coopération. Cette guérilla allemande en augure d'autres à l'avenir, Rheinmetall n'étant pas probablement prêt de désarmer pour prendre le contrôle du programme MGCS et du groupe KNDS, une société commune entre Nexter Systems et Krauss-Maffei Wegmann (KMW).

Neuf lots divisés en trois

L'accord en passe d'être conclu entre les trois industriels est un subtil compromis entre les exigences de tous les acteurs concernés. Si la France devrait garder 50% de la charge de travail sur le MGCS - Paris est resté ferme sur cette condition -, les trois industriels vont se partager à parts égales les responsabilités du char du futur, explique-t-on à La Tribune. Ainsi, le contrat sur l'étude d'architecture va être découpé en neuf lots, qui seront attribués à parts égales entre Krauss-Maffei les trois industriels, selon des sources concordantes. A ces derniers de parvenir à organiser la charge de travail à hauteur de 50/50 entre la France et l'Allemagne et de proposer rapidement aux ministères des Armées français et de Défense allemand.

Initialement, les autorités franco-allemandes avaient transmis avant l'été aux trois industriels concernés (Nexter, Krauss-Maffei Wegmann et Rheinmetall) un document proposant un partage des tâches : 50% pour Nexter, 25% pour Krauss-Maffei et 25% Rheinmetall. Mais c'était trop peu pour le patron du groupe de Dusseldorf, Armin Papperger, qui veut également le leadership de KNDS. Au total, Armin Papperger a fait perdre au programme MGCS un an environ.

Le SCAF pris en otage

Dès lors, Rheinmetall n'a eu de cesse de faire dérailler cet accord, en agitant tous azimuts tout cet été ses réseaux, dont notamment le parlementaire Henning Otte (CDU), réputé proche du groupe. Avec succès puisque le Bundestag, et plus précisément, la commission du budget, qui a la possibilité d'autoriser ou non tout projet s'élevant à 25 millions d'euros, a bloqué le programme MGCS et, cerise sur le gâteau, a pris en otage le programme du SCAF (Système de combat aérien du futur) d'Airbus et de Dassault Aviation. Un programme qui a également d'autres difficultés à surmonter, MTU jouant un  jeu trouble. Une initiative parlementaire téléguidée en grande partie par les groupes d'armement allemands avec à l'esprit la défense des intérêts industriels, notamment ceux de Rheinmetall.

Le Bundestag avait envoyé une lettre, datée du 14 juin dernier, à la ministre de la Défense d'alors, Ursula von der Leyen. "Le résultat de la discussion sur le système MGCS s'est conclu sur un désaccord entre les deux industriels de l'armement terrestre, KMW et Rheinmetall, concernant leur rôle respectif", avait alors expliqué le Bundestag. Résultat, les parlementaires ont lié les avancées du MGCS au SCAF. Pour débloquer les financements de ces programmes, ils demandaient une consolidation de l'industrie de l'armement terrestre allemand ou, à défaut, la désignation d'un groupe allemand pour exercer le leadership dans le projet MGCS. Ce qui est aujourd'hui le cas (deux tiers du programme MGCS est sous leadership allemand). Et la lettre se terminait ainsi : "Tant que l'une des deux solutions n'aura pas été trouvée, aucun progrès ne pourra être enregistré sur le SCAF au Bundestag". L'épreuve de force des Allemands a payé... en partie.