Satellites télécoms : la jolie commande d'Eutelsat qui fait enfin décoller Airbus en 2018

L'opérateur de satellites européen Eutelsat a commandé à Airbus Space Systems deux satellites de télécoms tout-électriques pour renouveler la constellation Hotbird. Ils desserviront l'Europe, le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord
Michel Cabirol
Seulement sept satellites de télécoms ont été commandés jusqu'ici en 2018 sur le marché ouvert
Seulement sept satellites de télécoms ont été commandés jusqu'ici en 2018 sur le marché ouvert (Crédits : Eutelsat)

Airbus Space Systems peut respirer. Dans un marché satellitaire très, très restreint, le constructeur européen a réalisé un énorme coup commercial en étant sélectionné par Eutelsat, l'un des premiers opérateurs mondiaux, pour fournir deux satellites de télécoms de nouvelle génération Hotbird (13F et 13G) qui desserviront l'Europe, le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord. Cette commande estimée à 500 millions d'euros n'est pas réellement une surprise : Eutelsat est un partenaire de longue date d'Airbus, qui lui a déjà construit 23 satellites.

"La confiance permanente d'Eutelsat à l'égard de nos produits en fait aujourd'hui le client de lancement d'Eurostar Neo, qui sera notre nouveau satellite de télécommunications phare, a expliqué le directeur général d'Airbus Space Systems, Nicolas Chamussy. Eutelsat a d'ailleurs été notre principal partenaire pour la plupart de nos grandes premières, notamment Eurostar E2000+ et Eurostar E3000, mais aussi avec la propulsion entièrement électrique".

Ces satellites en remplaceront trois autres actuellement en service et renforceront la capacité de la position orbitale de diffusion phare d'Eutelsat à 13° Est. Soit la couverture européenne avec un faisceau de forte puissance. Avec un lancement prévu en 2021, ils seront les neuvième et dixième satellites Eurostar à haute puissance tout-électriques fabriqués par Airbus. Leur entrée en service est prévue en 2022.

Une nouvelle victoire d'Airbus face à Thales

Le marché des satellites reste "assez déprimé" cette année, a estimé Nicolas Chamussy, soulignant qu'"il y a eu jusqu'à présent cinq satellites télécom" en 2018 en dehors de ce contrat (contre huit l'année dernière sur le marché ouvert). "Il est rare d'avoir une commande aussi importante surtout à l'heure actuelle où les marchés spatiaux sont en contraction", a d'ailleurs souligné Rodolphe Belmer. Cette commande vient également confirmer la place de leader du constructeur européen sur le segment des satellites à propulsion électrique, qui permet d'emporter une charge utile plus importante pour une même masse à la place du carburant dans les satellites traditionnels.

Un marché où Thales a encore dû mal à pénétrer de façon pérenne en dépit de son succès en avril dernier pour la fabrication du satellite Konnect VHTS (Very High Throughput Satellite) pour le compte d'Eutelsat. En outre, le satellite Amos 8 pour l'israélien Spacecom a été finalement été attribué à l'industriel IAI, Angosat 2 au russe RKK Energia, BSat 4b à l'américain Loral (Maxar) et, enfin, Galaxy 30 à Orbital ATK (Northrop Grumman).

Cette acquisition est entièrement couverte par l'enveloppe d'investissements existante d'Eutelsat, a assuré l'opérateur de satellitesLa constellation Hotbird est l'un des plus grands systèmes de diffusion en Europe. Elle diffuse 1.000 chaînes de télévision vers plus de 135 millions de foyers en Europe, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Selon Eutelsat, les satellites d'Airbus offriront des fonctionnalités évoluées en matière de protection et résilience du signal montant, ainsi qu'une redondance en orbite exceptionnelle.

Nouvelle plateforme d'Airbus

Les deux satellites utiliseront leurs nombreux propulseurs électriques pour une mise à poste et des manœuvres orbitales plus rapides. Ils afficheront chacun une puissance électrique de 22 kW, pour une masse au lancement de seulement 4,5 tonnes, grâce à la version tout-électrique EOR (Electric Orbit Raising) de la plateforme Eurostar Neo. Les deux nouveaux satellites seront fabriqués à partir de la plateforme Eurostar Neo dans "notre usine digitale 4.0", a précisé Nicolas Chamussy. Ils seront construits à Stevenage et Portsmouth au Royaume-Uni, ainsi qu'à Toulouse. Cette "nouvelle façon de produire garantit une continuité digitale de bout en bout, de la conception aux derniers tests en orbite", a-t-il assuré.

Le développement de la plateforme Eurostar Neo d'Airbus a été soutenu par l'Agence Spatiale Européenne (ESA) et les agences spatiales européennes dans le cadre du programme ARTES-14 conduit par l'ESA et le CNES, et largement soutenu par l'Agence spatiale britannique (UKSA).

Michel Cabirol

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