Si, si, la Pologne a enfin renoncé à acheter des hélicoptères français

Par Michel Cabirol  |   |  556  mots
Le Caracal d'Airbus Helicopters a été vendu à 139 exemplaires dans le monde.
C'était une chronique d'une trahison annoncée. Le gouvernement polonais rompt les négociations d'un contrat portant sur l'achat de 50 hélicoptères multirôle Caracal d'Airbus Helicopters, évalué à 3,14 milliards d'euros.

C'était écrit. C'était d'ailleurs une chronique d'une trahison annoncée. La seule question était de savoir quand Varsovie l'annoncerait. Finalement le gouvernement polonais a précisé mardi soir qu'il rompait les négociations qui portaient sur l'achat de 50 hélicoptères multirôle Caracal d'Airbus Helicopters, évalué à 3,14 milliards d'euros. Décidément l'Europe de la défense est un vain mot...

François Hollande à Varsovie

Suprême humiliation pour la France, Varsovie a fait cette déclaration à neuf jours de la visite de François Hollande, également annoncée ce mardi, pour des consultations intergouvernementales bilatérales, le 13 octobre. Une déclaration d'hostilité incroyable envers la France alors que Paris avait renoncé en partie à livrer les deux BPC à la Russie pour la sécurité de Varsovie...

La France a aussi "renoncé, notamment à la demande des Polonais, à la livraison des bâtiments (de guerre) Mistral" à la Russie, avait-on expliqué en février dernier au ministère de la Défense français.

Cette rupture risque de laisser de profondes traces entre la France et la Pologne. En février dernier, une remise en cause de l'appel d'offres enverrait un "message politique de retrait par rapport au partenariat stratégique développé ces dernières années" avec la Pologne, avait-on également souligné à l'Hôtel de Brienne. D'autant que la France avait déployé des forces militaires (avions, chars Leclerc, moyens navals..) dans l'est de l'Europe, notamment en Pologne, dans le cadre des mesures de réassurance de l'Otan après l'annexion de la Crimée par Moscou, Varsovie s'inquiétant des ambitions régionales de son puissant voisin russe, avait-on rappelé.

Faux arguments

La signature d'un accord sur des investissements compensatoires (offset) était donnée comme condition à la réalisation du contrat d'achat des appareils. "L'interlocuteur n'a pas présenté de proposition offset répondant à l'intérêt économique et la sécurité de l'Etat polonais", a expliqué le communiqué, sans autre précision. Airbus Helicopters n'a pas fourni de commentaire dans l'immédiat.

"Les divergences dans les positions de négociations des deux parties ont rendu impossible un compromis, ainsi la poursuite des négociations devient sans objet", selon un communiqué du ministère du Développement. "La Pologne considère comme terminées les négociations de l'accord offset avec Airbus Helicopters, relatives à l'achat des hélicoptères multirôle Caracal pour l'armée polonaise", a précisé ce communiqué.

En négociations exclusives depuis avril 2015

Le gouvernement conservateur, en place à Varsovie depuis novembre dernier, a dès le début contesté le choix du cabinet libéral précédent d'acheter 50 appareils Caracal, au nom de la défense des usines polonaises de ses concurrents, l'américain Lockheed Martin et l'italo-britannique Agusta-Westland, basées respectivement à Mielec et Swidnik. Ce qui était un argument fallacieux puisque Airbus Helicopters et ses partenaires allaient créer plus de 3.000 emplois en Pologne en ouvrant des chaines d'assemblage. La Pologne était en négociations exclusives depuis avril 2015 pour la vente des 50 Caracal. Des discussions très compliquées depuis le changement de gouvernement à Varsovie.

Cet appareil a pourtant été vendu à 139 exemplaires dans le monde, dont 19 à l'armée de l'Air et de Terre française : Brésil (50 exemplaires), Koweït (30), Mexique (14), Malaisie (12), Thaïlande (8), Indonésie (6). Fin 2015, 75 appareils de ce type avaient été livrés par Airbus Helicopters.