Legal et Segafredo décarbonent leurs emballages

En position de challengers sur un secteur très concentré, les torréfacteurs indépendants Segafredo Zanetti et Legal se démarquent avec des stratégies RSE offensives qu’ils déclinent dans l’emballage. L’italien, installé dans la banlieue de Rouen, vient de bannir le paquet multi-matériaux. Le français produit la première capsule à base de végétaux sur son site historique du Havre.
Oublié le multi-matériaux, une partie des cafés bio torréfiés dans l'usine rouennaise Segafredo de Sotteville-lès-Rouen en sortent enveloppés d'une seule couche de résine plastique à 100% recyclable.
Oublié le multi-matériaux, une partie des cafés bio torréfiés dans l'usine rouennaise Segafredo de Sotteville-lès-Rouen en sortent enveloppés d'une seule couche de résine plastique à 100% recyclable. (Crédits : Segafredo)

Oubliée le triple sandwich d'aluminium, de PET et de polyéthylène, bête noire des recycleurs. Depuis quelques jours, une partie des cafés bio torréfiés dans l'usine Segafredo de Sotteville-lès-Rouen - la deuxième plus importante du groupe dans le monde - en sortent enveloppés d'une seule couche de résine plastique à 100% recyclable.

Signataire du pacte des Nations unis sur le Global Impact, l'italien est le premier à réussir ce que ses dirigeants qualifient de « prouesse industrielle ». Il aura fallu pas moins deux ans à ses équipes pour calibrer le procédé consistant à plier, puis à souder le polyéthylène : un matériau beaucoup plus fragile que l'alliage utilisé antérieurement. « Il supporte difficilement la vitesse des machines. Pour maintenir les mêmes cadences et garantir l'effet barrière, beaucoup d'adaptations techniques ont été nécessaires », détaille Nicolas Peyresblanques, PDG pour la France.

"Une vraie filière de recyclage"

Avec ce nouvel emballage éco-conçu qui sera implémenté progressivement sur tous ses produits, la marque anticipe la future réglementation française qui vise le 100% recyclé pour les déchets plastiques et ménagers à horizon 2025. « 80% de nos gammes répondront à cette exigence dès 2022, date à laquelle tous les centres de collecte seront dans l'obligation de valoriser le polyéthylène pour lequel il existe une vraie filière de recyclage sur le marché français », assure le PDG.

Distinguée par Ecovadis, la politique RSE de Segafredo n'est pas circonscrite au packaging. Elle l'a conduit à élargir ses références en bio ou à se fournir en électricité renouvelable au terme d'un accord avec EDF. Son PDG réfléchit aussi à faire voyager le café vert par la Seine depuis les quais du Havre jusqu'à son site rouennais.

Haro sur l'alu

Installé au Havre depuis 170 ans, le torréfacteur français Legal suit une trajectoire comparable. La PME que son directeur adjoint présente comme un « David au pays des Goliath » mise sur une production plus durable pour se démarquer face à des concurrents musculeux au premier rang desquels Lavazza (Carte Noire) ou Jacobs Douwe Egberts (Maison du Café, Jacques Vabres, L'Or, Senseo).

Au terme de trois ans de R&D, elle a ainsi lancé en 2018 la première capsule compatible Nespresso à 98% végétale qu'elle est capable de produire au rythme de 90 millions d'exemplaires par an. Là aussi, c'est une forme de prouesse pour Benoît Chatenay : « Conserver une herméticité de douze mois avec une capsule composée de végétaux et d'un filtre en cellulose est infiniment plus compliqué que d'avoir recours à de l'aluminium mais c'est vecteur de différenciation ».

Outre cette « innovation mondiale », l'entreprise se flatte d'avoir repensé l'ensemble de ses process pour les rendre plus soutenables : les déchets de filtres des dosettes servent à la fabrication d'isolant, les sacs de jute vont garnir des portières... « Ne considérer que l'emballage est réducteur. Nous nous engageons sur l'ensemble de la chaîne de production », insiste Benoit Chatenay.

Face à des consommateurs de plus en plus sourcilleux sur la provenance, Legal table aussi sur la traçabilité. En 2024, un QR Code permettra aux acheteurs de pister deux de ses références depuis le caféiculteur jusqu'à l'usine d'ensachage en passant par les transporteurs. Ou quand le petit noir se met au vert.

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Commentaire 1
à écrit le 05/02/2021 à 8:53
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C'est bien mais cela ne va pas assez vite et de loin, trop d'intérêts entremelés entre producteurs de produits polluants et les autres. Les solutions sont nombreuses mais la plupart ignorées.

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