La polémique enfle après l'abandon de la vente d'Opel par GM

Constatant une amélioration du marché automobile, le constructeur américain décide de conserver sa filiale européenne. Une décision qui provoque la colère de l'Allemagne, la satisfaction de la Grande-Bretagne et la prudence de Bruxelles.

Le conseil d'administration de General Motors vient de mettre fin dans la nuit de mardi à mercredi à un long feuilleton en annonçant qu'il conserverait sa filiale Opel. Le constructeur américain réduit à néant des mois de négociations au terme desquelles sa filiale européenne devait être cédée à l'équipementier canadien Magna.

GM justifie sa décision par le fait que le contexte général de l'industrie automobile a montré des signes d'amélioration. L'américain a en effet annoncé ce mardi que ses ventes avaient progressé le mois dernier pour la première fois en deux ans.

"GM présentera rapidement un plan de restructuration à l'Allemagne et aux autres gouvernements et espère qu'il recevra un accueil favorable", a ainsi déclaré le directeur général de GM Fritz Henderson. Le plan en question devrait coûter aux alentours de trois milliards d'euros.

La décision de conserver Opel a été prise lors d'un conseil d'administration organisé alors que la Commission européenne pressait GM de confirmer sa volonté de vendre Opel. En décidant de ne pas vendre le constructeur européen, très présent en Allemagne, GM fait une volte-face inattendue.

En décidant de conserver sa filiale, GM tire un trait sur les efforts déployés par Magna pour s'assurer du soutien des salariés d'Opel, dont le nombre est de près de 50.000. Le canadien cherchait à obtenir leur aval à son plan de restructuration, promettant des garanties sur l'emploi en l'échange d'un abaissement des coûts salariaux.

Les efforts du canadien Magna sont ainsi réduits à néant. Au terme d'une compétition féroce, ce dernier, allié à la banque russe Sberbank, avait été choisi par GM pour acquérir 55% d'Opel.

Un plan qui justement suscitait des interrogations dans plusieurs pays où Opel est implanté notamment la Grande-Bretagne, patrie de Vauxhall, la marque britannique d'Opel, ainsi qu'en Belgique où de nombreuses suppressions d'emplois et une fermeture d'usines devaient intervenir.

La décision fait des remous outre-Rhin. Le président du Land de Hesse a fait part de sa colère et exigé le remboursement du prêt relais accordé à GM d'ici la fin du mois de novembre. Le ministre allemand de l'Economie Rainer Brüdera a émis la même exigence. Opel a fait répondre qu'il ne doit que 900 millions d'euros environ à l'Etat fédéral et aux Länder allemands car il a déjà remboursé une partie du prêt relais dont il a bénéficié : 200 millions sur un total de 1,1 milliard d'euros, moins que le montant maximum de 1,5 milliard mis à sa disposition.
 

Le gouvernement allemand a en tout cas qualifié l'attitude de General Motors dans ce dossier d'"inacceptable". Les syndicats allemands d' Opel ont annoncé des "actions de protestation" sur tous les sites allemands dès jeudi, qui doivent ensuite s'étendre au niveau européen.

Ce mercredi, le gouvernement britannique a appris la décision de GM avec satisfaction, proposant même d'apporter une aide financière à l'américain. "Nous avons pris note de la décision de GM et nous voulons travailler étroitement avec eux", a déclaré un porte-parole du gouvernement. "Nous avons toujours dit que si une solution juste et viable sur le long terme émergeait, alors le gouvernement serait enclin à apporter un financement. La décision de GM a également été saluée par le syndicat britannique Unite qui estime qu'il s'agit là du meilleur accord possible pour le pays.

La Russie, très impliquée dans l'opération via Sberbank, s'est dite "surprise" par la décision de General Motors selon le porte-parole du Premier ministre, Vladimir Poutine. Elle va même étudier l'éventualité de recours juridiques.

Le ministre espagnol de l'Industrie Miguel Sebastian a fait part de la "surprise" de l'Espagne.

Bruxelles a aussi réagi. La Commission européenne souligne qu'elle restera vigilante sur les aides publiques qui pourraient accompagner l'inévitable restructuration d'Opel sous l'égide de GM et espère que ce plan se fera "sur des bases économiques solides".

(retrouvez le communiqué de GM).

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Commentaires 2
à écrit le 04/11/2009 à 13:08
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Les Allemands licencient aussi par milliers, personne ne dit rien ?

à écrit le 04/11/2009 à 11:29
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Il y a 6 mois, les dirigeants de Fiat avaient dit que GM se comportait comme des rigolos ....et ils avient raison !!!

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