Opel : GM va supprimer 10.000 emplois, la polémique enfle

Constatant une amélioration du marché automobile, le constructeur américain décide de conserver sa filiale européenne. Une décision qui provoque la colère de l'Allemagne. GM prévoit de supprimer 10.000 emplois, soit 20% des effectifs.

General Motors devrait supprimer environ 10.000 emplois chez Opel, sa filiale européenne qu'il a finalement décidée de conserver. Cela représente pas moins de 20% des effectifs du constructeur, qui compte des usines en Allemagne, au Royaume-Uni et en Espagne. Il y aura "très peu de différence entre ce que RHJI proposait de faire, ce que Magna proposait de faire et ce que General Motors va proposer de faire", a expliqué le vice-président de GM John Smith.

Le conseil d'administration du groupe de Detroit amis fin dans la nuit de mardi à mercredi à un long feuilleton en annonçant qu'il conserverait sa filiale Opel. Le constructeur américain réduit ainsi à néant des mois de négociations au terme desquelles sa filiale européenne devait être cédée à l'équipementier canadien Magna.

GM justifie sa décision par le fait que le contexte général de l'industrie automobile a montré des signes d'amélioration. L'américain a en effet annoncé ce mardi que ses ventes avaient progressé le mois dernier pour la première fois en deux ans.

"GM présentera rapidement un plan de restructuration à l'Allemagne et aux autres gouvernements et espère qu'il recevra un accueil favorable", a ainsi déclaré le directeur général de GM Fritz Henderson. Le plan en question devrait coûter aux alentours de trois milliards d'euros.

La décision de conserver Opel a été prise lors d'un conseil d'administration organisé alors que la Commission européenne pressait GM de confirmer sa volonté de vendre Opel. En décidant de ne pas vendre le constructeur européen, très présent en Allemagne, GM fait une volte-face inattendue.

En décidant de conserver sa filiale, GM tire un trait sur les efforts déployés par Magna pour s'assurer du soutien des salariés d'Opel, dont le nombre est de près de 50.000. Le canadien cherchait à obtenir leur aval à son plan de restructuration, promettant des garanties sur l'emploi en l'échange d'un abaissement des coûts salariaux.

Les efforts du canadien Magna sont ainsi réduits à néant. Au terme d'une compétition féroce, ce dernier, allié à la banque russe Sberbank, avait été choisi par GM pour acquérir 55% d'Opel.

Un plan qui justement suscitait des interrogations dans plusieurs pays où Opel est implanté notamment la Grande-Bretagne, patrie de Vauxhall, la marque britannique d'Opel, ainsi qu'en Belgique où de nombreuses suppressions d'emplois et une fermeture d'usines devaient intervenir.

La décision fait des remous outre-Rhin. Le président du Land de Hesse a fait part de sa colère et exigé le remboursement du prêt relais accordé à GM d'ici la fin du mois de novembre. Le ministre allemand de l'Economie Rainer Brüdera a émis la même exigence. Opel a fait répondre qu'il ne doit que 900 millions d'euros environ à l'Etat fédéral et aux Länder allemands car il a déjà remboursé une partie du prêt relais dont il a bénéficié : 200 millions sur un total de 1,1 milliard d'euros, moins que le montant maximum de 1,5 milliard mis à sa disposition.

Le gouvernement allemand a en tout cas qualifié l'attitude de General Motors dans ce dossier d'"inacceptable". Les syndicats allemands d' Opel ont annoncé des "actions de protestation" sur tous les sites allemands dès jeudi, qui doivent ensuite s'étendre au niveau européen.

Ce mercredi, le gouvernement britannique a appris la décision de GM avec satisfaction, proposant même d'apporter une aide financière à l'américain. "Nous avons pris note de la décision de GM et nous voulons travailler étroitement avec eux", a déclaré un porte-parole du gouvernement. "Nous avons toujours dit que si une solution juste et viable sur le long terme émergeait, alors le gouvernement serait enclin à apporter un financement. La décision de GM a également été saluée par le syndicat britannique Unite qui estime qu'il s'agit là du meilleur accord possible pour le pays.

La Russie, très impliquée dans l'opération via Sberbank, s'est dite "surprise" par la décision de General Motors selon le porte-parole du Premier ministre, Vladimir Poutine. Elle va même étudier l'éventualité de recours juridiques. Le ministre espagnol de l'Industrie Miguel Sebastian a fait part de la "surprise" de l'Espagne.

Bruxelles a aussi réagi. La Commission européenne souligne qu'elle restera vigilante sur les aides publiques qui pourraient accompagner l'inévitable restructuration d'Opel sous l'égide de GM et espère que ce plan se fera "sur des bases économiques solides".

(retrouvez le communiqué de GM).

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Commentaires 5
à écrit le 08/11/2009 à 8:47
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De quoi faut-il encore s'etonner dans ce bas monde de la finance ou ce sont des gens qui n'ont jamais eu a galerer de leur vie qui decident,font et defont des milliers de vies...Plus que jamais les petits marchent ou crevent!

à écrit le 05/11/2009 à 18:12
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GM à raison de conserver OPEL. Son avenir se fera avec GM car ce dernier dispose de moyens technologiques et financiers. Le futur de l'automobile viendra des Etats-Unis.

à écrit le 05/11/2009 à 15:23
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voilà le vrai visage de l'ultralibéralisme et on verra les allemands et les autres européens concernés payer la restruturation de GM par peur du chomage.Décidemment les européens n'ont encore rien compris à la mondialisation sauvageLes mutinationales...

à écrit le 05/11/2009 à 11:14
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Le contribuable européen, qui a financé les prêts à GM alors engagé dans de prétendues négociations pour calmer la Commission et Madame merkel, et qui de surcroît risque de payer le plan de restructuration de GM en Europe, sait ce qui lui reste à fai...

à écrit le 05/11/2009 à 8:40
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La multi-nationale GM démontre toute sa puissance et les Nations (Européennes) totale impuissance dans une mécanique d'urgence économique absurde; chaos et anarchie chez ceux-là même qui vous écrase à coups d'exigence de "performances" inutile. Sans ...

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