Le salon automobile de Pékin ouvre ses portes lundi, au coeur du premier marché mondial. La grande manifestation de la capitale chinoise, qui se tient une année sur deux en alternance avec celle de Shanghai, verra jusqu'au 2 mai "120 lancements mondiaux ", selon son site internet. Sur les stands, prendront également place 74 concepts futuristes. A l'approche du salon, les grands constructeurs multiplient d'ailleurs les grandes annonces d'investissements, signe de leur intérêt prioritaire pour un marché devenu pour nombre d'entre eux leur premier débouché mondial (GM, Nissan, BMW...).
Ford investit
Ford a ainsi indiqué jeudi qu'il allait construire une nouvelle usine à Hangzhou, au sein de sa société commune avec le japonais Mazda et son partenaire chinois Changan, pour porter sa capacité annuelle sur place à 1,2 million de véhicules. Moyennant un investissement de 760 millions d'euros (580 millions d'euros). GM, le premier constructeur automobile en Chine, a énoncé pour sa part son intention de racheter à son allié SAIC 1% de leur co-entreprise. Une intention beaucoup plus stratégique qu'elle en a l'air, puisqu'elle remettrait les deux partenaires à égalité au sein du capital, alors que SAIC est majoritaire depuis 2009, l'année noire pour l'américain qui était alors au bord de la banqueroute. Cette co-entreprise a d'ailleurs signé dernièrement un accord avec le gouvernement de la province du Hubei en vue de la construction d'une nouvelle usine, à Wuhan (centre du pays), capable de produrie 300 000 voitures supplémentaires par an.
Usines en construction
Volkswagen, deuxième acteur automobile dans l'ex-Empire du milieu,va de son côté construire sa quatorzième usine - avec son partenaire chinois SAIC. Dix fonctionnent déjà et trois sont en chantier. Le japonais Suzuki a démarré la construction de sa deuxième usine en Chine d'une capacité de 150.000 unités, avec son partenaire local Changan, le même qui travaille avec Ford et... PSA. Son compatriote Honda veut doubler ses ventes en Chine d'ici à 2015 grâce à l'introduction d'une dizaine de nouveaux produits et à l'accroissement de ses capacités. Ce constructeur est présent en Chine au travers de deux coentreprises, l'une avec Guangzhou Automobile et l'autre avec Dongfeng. Sa société conjointe avec Dongfeng va ouvrir une deuxième usine en juillet 2012 et celle avec Guangzhou envisage d'en construire une troisième d'ici à 2014.
Nissan en pointe
Nissan prévoit, quant à lui, d'investir 30 à 40 milliards de yens (280 à 375 millions d'euros) dans une nouvelle usine en Chine, à Dalian, en partenariat avec le même Dongfeng, selon le journal japonais Nikkei. L'usine serait dotée d'une capacité de production de 200.000 véhicules par an et entrerait en activité en 2014. Elle produirait les 4x4 Murano et X-Trail. L'allié nippon de Renault envisage également d'assembler sur le site des véhicules électriques. Logique: les pouvoirs publics chinois veulent développer les modèles "verts". Pour des raisons relevant davantage d'une volonté d'indépendance vis-à-vis du pétrole importé que d'écologie pure... 500.000 véhicules électriques ou hybrides rechargeables seront en circulation en 2015, cinq millions en 2020, selon les plans gouvernementaux ! GM et Volkswagen ont d'ores et déjà annoncé de tels véhicules sur le marché chinois. Et le constructeur local BYD y travaille.
PSA construit une troisième usine à Wuhan
En attendant la prochaine signature de l'accord d'implantation industrielle de Renault en Chine avec Dongfeng, PSA poursuit son déploiement. Sa société commune DPCA, qui dispose d'une capacité de production de 450.000 véhicules par an, construit une troisième usine à Wuhan, portant à terme le potentiel à 750.000 véhicules. Ce nouveau devrait être inauguré en 2013. Une seconde co-entreprise, avec Changan, baptisée CAPSA et basée à Shenzhen, aura par ailleurs une capacité de production annuelle de 200.000 véhicules. Elle assemblera notamment la gamme DS dès 2013.
Ralentissement du marché
Le marché automobile chinois avait connu de très fortes croissances en 2009 et 2010. Il s'est toutefois ralenti l'an dernier, avec une progression de 2,5% seulement à 18,5 millions de véhicules, après la fin des aides gouvernementales à l'achat de véhicules de petite cylindrée. Certaines grandes villes ont aussi édicté des mesures restrictives pour l'immatriculation de nouveaux véhicules. Les ventes totales de véhicules en Chine ont même reculé de 3,4 % sur les trois premiers mois de 2012, à 4,79 millions d'unités, selon les données de la CAAM (Association des constructeurs). La production s'est pour sa part établie à 4,78 millions d'unités sur trois mois (- 1,8 %), dont 3,77 millions de voitures particulières (+1,1 %) et 1 million de véhicules utilitaires (-11,4 %). Avec un taux d'équipement qui reste peu élevé (5 véhicules pour 100 habitants), le potentiel de croissance du marché automobile en Chine demeure toutefois extrêmement important.
Marques locales
Si les constructeurs étrangers sont toujours en pointe, la politique gouvernementale chinoise tend désormais à favoriser la création de marques locales par les groupes multinationaux mais, surtout, à protéger et encourager les groupes automobiles proprement chinois. Pékin a ainsi annoncé en décembre dernier la fin de mesures de "soutien à l'investissement étranger". De fait les marques purement chinoises, spécalisées dans des véhicules rustres et plutôt bas de gamme, mais aux tarifs peu élevés, s'octroient près de 40% des ventes totales aujourd'hui. En pointe: Chery, Geely, BYD.... Ces marques exportent d'ailleurs aussi vers les pays émergents, où elles ont tendance à concurrencer les produits coréens et japonais, voire européens ou américains. Dans l'automobile, la Chine s'est incontestablement éveillée.
Constructeurs | Nombre d'unités |
GM | 2 487 000 |
Volkwagen | 2 201 000 |
Nissan | 1 248 000 |
Hyundai-Kia | 1 172 000 |
Toyota | 803 000 |
Chery | 642 000 |
Honda | 618 000 |
[...] |
[...] |
PSA | 404 000 |
TOTAL | 17 167 000 |
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