Renault espère obtenir avant Noël le feu vert de Pékin pour s'implanter en Chine

Par Alain-Gabriel Verdevoye, à Tokyo  |   |  623  mots
Après plusieurs retards successifs, Renault espère désormais obtenir le feu vert officiel de Pékin à son implantation en Chine avant Noël. Renault veut s'implanter enfin industriellement à Wuhan. Le démarrage de la production devrait intervenir en 2016

Renault est en attente de l'autorisation des pouvoirs publics à Pékin pour le démarrage de son usine en Chine. "Nous attendons le feu vert d'ici à la fin de l'année", nous affirmait Gilles Normand, responsable de l'Asie-Pacifique au sein du constructeur français, la semaine dernière au salon de Tokyo. "L'alliance historique entre notre partenaire Nissan et le groupe Dongfeng est le meilleur garant que (celui-ci) ne peut pas abandonner Renault", précisait le dirigeant. Sous-entendu: même si le consortium chinois Dongfeng rentre au capital de... PSA Peugeot Citroën.

Des retards successifs

Le feu vert officiel de Pékin à l'implantation industrielle de Renault en Chine était initialement attendu pour la fin du premier trimestre 2013. Puis Renault l'espérait "avant l'été", comme on nous l'affirmait officieusement en avril dernier, au salon de Shanghai. Mais, les retards se sont accumulés. Ce feu vert doit se matérialiser par "la publication sur son site du document officiel de la NDRC, l'entité qui ratifie les accords en Chine", explique-t-on chez Renault. "La publication sur le site équivaut à une publication chez nous au Journal officiel".

Le groupe tricolore doit implanter une usine à Wuhan, capitale de la province du Hubei, siège de Dongfeng, où se trouve également le site local de PSA. Cette usine Renault devrait avoir une capacité de 150.000 véhicules par an, moyennant un investissement de 7,2 milliards de yuans (870 millions d'euros), selon un document déjà publié sur le site du Bureau de protection de l'environnement de la province.

Partenariat avec Nissan

Pour cette usine, Renault s'appuie sur le partenariat noué il y a plusieurs années par Nissan - allié japonais de la firme au losange -... avec Dongfeng. La co-entreprise entre Nissan et  Dongfeng est même bien plus importante que DPCA, la société commune détenue par ce même chinois avec PSA dans l'ex-Empire du milieu. A l'image de Nissan, Renault a prévu de créer une nouvelle co-entreprise spécifique avec ce consortium public.

Chez Renault, on assure officiellement ne voir aucun rapport entre le retard de l'autorisation attendue au projet de Renault avec Dongfeng en Chine et les discussions actuellement en cours entre le même Dongfeng et PSA pour une entrée au capital de ce dernier. Il n'empêche. "C'est un levier supplémentaire dans les mains des chinois vis-à-vis de l'Etat français", nous assurait récemment un expert qui connaît bien le groupe chinois. "

Les chinois sont rompus aux grandes négociations diplomatiques. La partie chinoise peut très bien faire dépendre le feu vert pour l'implantation de Renault en Chine des résultats de la grande négociation entre Dongfeng, PSA et l'Etat français", affirmait cet expert.

Début de production prévu en 2016

Le projet de la co-entreprise de Renault avec Dongfeng devrait produire des véhicules de type 4x4 et des modèles multi-usages, selon le document officiel sur le site du Bureau de protection de l'environnement de la province. Des voitures électriques sont aussi à l'étude. Les négociations avait démarré en juin 2011.

L'accord avec Dongfeng a été finalement signé l'an dernier. La fabrication de véhicules dans l'ex-Empire du milieu pourrait débuter avant la fin  2016. "On bénéficiera des plates-formes, des moteurs, des boîtes de vitesses, déjà fabriquées par notre partenaire Nissan sur place", souligne Gilles Normand.

Seul grand constructeur mondial à ne pas être implanté aujourd'hui  industriellement en Chine à ce jour, Renault s'y était installé une première fois en 1993 pour y produire des minibus Trafic. Mais, les cadences étaient demeurées dérisoires et l'expérience avait vite tourné court. Le projet additionnel de fabriquer des Kangoo n'avait pas eu de suite.