La Chine, vache à lait du groupe Volkswagen

Par Alain-Gabriel Verdevoye, à Berlin  |   |  1030  mots
La VW Golf GTe hybride rechargeable sera commercialisée en septembre 2014 en France. / DR
Le constructeur auto allemand a enregistré 4,3 milliards d’euros de bénéfice opérationnel en Chine, où il a vendu plus de 3,2 millions d’unités. Un record. Le groupe compte investir plus de 18 milliards d’euros dans le pays entre 2013 et 2018.

Etre le pionnier paye. Arrivé au milieu des années 80 en Chine, le groupe automobile Volkswagen a réalisé en 2013 un bénéfice opérationnel record de 4,3 milliards d'euros (en hausse de 600 millions sur 2012) dans l'ex-Empire du milieu.

C'est ce qu'a annoncé Martin Winterkorn, président du directoire, lors de la conférence annuelle de bilan ce jeudi à Berlin. Ces profits ont été générés par les deux co-entreprises chinoises et… ne sont pas consolidés dans les résultats globaux annoncés par le deuxième constructeur auto mondial ! C'est donc un sacré « plus ».

Investissements faramineux

Le consortium de Basse-Saxe a vendu 3.266.235 véhicules (+16,2%) en Chine l'an dernier. Un marché chinois plus de trois fois supérieur à ce que représente le débouché allemand pour Volkswagen… Le groupe de Wolfsburg vend en Chine six fois plus de voitures que PSA, pourtant arrivé aussi au milieu des années 80… mais à travers une première co-entreprise de Peugeot avec la mairie de Canton qui a périclité. PSA a dû ouvrir une deuxième co-entreprise quelques années plus tard avec Dongfeng !

Lié aux groupes SAIC et FAW, le groupe Volkswagen dispose de huit usines d'assemblage en Chine, qui fabriquent des Volkswagen, notamment des modèles spécifiquement conçus pour ce marché, des Audi - la marque est traditionnellement le numéro du « premium » dans le pays - et des Skoda.

Il y investit 9,8 milliards d'euros entre 2013 et 2015 pour porter notamment ses capacités à 4 millions d'unités, voire 18 milliards d'euros entre 2013 et 2018. Soit presque 20% des 100 milliards d'euros d'investissements mondiaux annoncés par le groupe d'ici à 2018. La Chine génère d'ores et déjà le tiers des ventes mondiales du groupe allemand.

Une marge entre 5,5 et 6,5% cette année

En-dehors des opérations en Chine Volkswagen a affiché l'an dernier un profit net mondial… en chute de plus de moitié. Mais cette dégringolade s'explique essentiellement par un résultat 2012 de référence artificiellement gonflé par l'intégration de Porsche. Dès lors, les résultats du groupe Volkswagen sont en fait fort honorables. Un bénéfice net de 9,1 milliards d'euros représente une vraie manne par rapport aux pertes de PSA, par exemple. Le consortium automobile allemand affiche, sinon, un bénéfice opérationnel record au titre de 2013 à 11,7 milliards (11,5 milliards en 2012)… sans inclure les bénéfices en Chine mais en comprenant les excellents profits de la marque sportive Porsche, à savoir 2,6 milliards d'euros. En 2012, Porsche n'avait été intégré que sur les cinq derniers mois de l'année!

Porsche permet de compenser le recul des profits d'Audi (à 5 milliards d'euros en 2013 tout de même) ou de la marque Volkswagen (à 2,9 milliards, hors utilitaires). Soit une marge totale de 6% du chiffre d'affaires, et même plus de 10% pour la filiale Audi seule. Pas mal, quand même, pour un groupe en partie généraliste, qui affronte la crise en Europe.

« En 2014, nous prévoyons une marge entre 5,5 et 6,5% », a souligne ce jeudi Martin Winterkorn.

Les livraisons ont crû l'an dernier de 4,9% à des chiffres historiques de 9,73 millions d'unités.

« Nous devrions atteindre les dix millions en 2014, avec quatre ans d'avance sur notre objectif pour 2018 », a indiqué Martin Winterkorn. 

Le flux de trésorerie net des activités automobiles est positif de 4,4 milliards d'euros et les liquidités nettes font rêver: presque 17 milliards d'euros...  

 

>> Lire aussi : Comment Volkswagen réussit à gagner autant d'argent ? 

 

Une forte internationalisation

Cet énorme vaisseau, qui emploie 572.800 salariés au 31 décembre 2013  (en hausse de 23.000 personnes sur un an) et en prévoit plus de 600.000 en 2018, est très « intercontinentalisé », puisqu'il vend 61,5% de ses véhicules hors du Vieux continent, contre la moitié pour Renault, 42% pour PSA. Volkswagen est parmi les deux premiers constructeurs traditionnellement au Brésil - avec Fiat. Ses ventes ont dépassé les 900.000 unités en Amérique du sud en 2013. Elles étaient toutefois en baisse de 10%.

Le groupe de Wolfsburg est aussi implanté en Amérique du nord avec 880.000 ventes (+5,6%). En Europe, malgré le recul des marchés, le constructeur a quand même pu livrer 3,65 millions de véhicules (-0,5%), dont 1,85 million en Europe de l'ouest hors Allemagne (+0,1%).

Sur les deux premiers mois de 2014, le groupe a accru encore de 4,7% ses livraisons à 1,5 millions d'exemplaires.

Gamme extrêmement large

Volkswagen jouit d'une gamme de véhicules complète (plus de 310 modèles) avec ses plates-formes modulaires mondiales. Patron du directoire de Volkswagen de 1993 à 2002, Ferdinand Piëch s'était forgé la réputation de roi des plates-formes. Volkswagen fut en effet l'un des premiers constructeurs à systématiser la stratégie d'une multiplication des modèles à partir de plates-formes communes, engrangeant un durable avantage compétitif.

La dernière plate-forme modulaire du consortium, la « MQB », celle de la dernière Golf VII, franchit une étape supplémentaire.

Martin Winterkorn souligne : 

 

"Nous avons produit un million d'unités sur cette plate-forme dans neuf usines l'an passé. Nous en prévoyons deux millions en 2014, quatre millions en 2016 dans plus de vingt sites".

Volkswagen dispose de la gamme la plus large de toute la production mondiale. « Nous allons lancer 100 modèles nouveaux ou revus en 2014 et 2015 », a lancé le président du directoire. Prochains lancements : le 4x4 compact sportif Porsche Macan, la nouvelle « moyenne supérieure » Passat en octobre 2014, les successeurs des petites Skoda Fabia et grosses Superb en fin d'année, des Audi A4 et Q7 inédites l'an prochain.

Le consortium dispose de l'avantage d'un éventail de douze marques pour couvrir le spectre du marché, de la Skoda tchèque ou de l'espagnole Seat en entrée de gamme au haut de gamme Audi, Bentley (Grande-Bretagne), en passant par Lamborghini (Italie), Bugatti (France), Porsche, les constructeurs de poids-lourds MAN ou Scania (Suède)... L'éventail comprend même les motos de Ducati. Bref, pas un créneau qui soit négligé!

Pour animer tous ces modèles, Volkswagen propose en parallèle une gamme de moteurs impressionnante, du  trois cylindres de 60 chevaux au V12 de 700 chevaux, voire au W16 Bugatti de 1.200 chevaux. Avec même une offensive cette année dans les voitures électriques (Volkswagen e-Up, e-Golf) et hybrides rechargeables (Golf GTe et Audi A3 e-Tron).