Le roumain Dacia tire l'industrie auto "française" en Europe

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  668  mots
La Dacia Logan, premier prix du constructeur roumain (Crédits : <small>DR / Salon de l'Automobile</small>)
Le roumain Dacia, filiale à bas coûts de Renault, a encore vu ses immatriculations bondir de 34% en Europe, le mois dernier. La marque Renault elle-même perd en revanche du terrain. Inquiétant

L'industrie automobile française connaît un curieux paradoxe. C'est la seule marque n'assemblant aucun véhicule dans l'Hexagone qui tire les...  ventes des constructeurs tricolores au sein de l'Europe. Le roumain Dacia, filiale à bas coûts de Renault, a encore vu ses immatriculations de voitures neuves progresser de 34% dans l'Union européenne en février, et même de 36,5% sur les deux premiers mois de l'année. Un formidable engouement. Dacia est même la marque qui progresse le plus en Europe...

Les voitures à bas prix triomphent

A côté du label de véhicules à bas coûts, les autres marques françaises font piètre figure. La marque Renault seule progresse de 3,9% seulement en février  (+4% sur deux mois). Soit moins que le marché total. Inquiétant. Le groupe PSA voit pour sa part ses immatriculations croître de 3,6% le mois dernier dans l'Union. Si Peugeot se comporte correctement (+6,8% en février, +8% sur deux mois), Citroën recule légèrement en février (-0,2%) et progresse de 2,5% seulement sur deux mois.

Fâcheux, alors que le marché européen, lui, semble reparti. Les immatriculations de voitures neuves ont, toutes marques confondues, effectivement progressé de 8% sur l'ensemble de l'Union européenne le mois dernier et de 6,6% sur les deux premiers mois de 2014, selon l'ACEA (Association des constructeurs européens).

Dacia cartonne avec ses véhicules d'entrée de gamme Logan (à partir de 7.700 euros), Sandero, Duster, pas chers, économiques d'entretien, plutôt fiables, mais aux prestations limitées et à la qualité de finition forcément médiocre - à ce prix! Une marque de véhicules ingénieux, à marges relativement élevées selon Renault - mais avec des profits toutefois faibles en volume en raison du prix de transaction très bas. Ceci dit, on ne peut pas dire que le succès des Dacia bas de gamme tire vers le haut l'image de la construction automobile française et de Renault en particulier!

30% des ventes du groupe Renault

En février, Dacia a atteint plus de 3% de part de marché dans l'Union européenne avec 26.821  immatriculations. Elle représente 30% des ventes du groupe Renault... La marque au losange elle-même ne pèse plus que 6,9% du marché européen, un niveau extrêmement bas. Il y a dix ans, Renault seul dépassait les 10% de pénétration en Europe. Avec Dacia, le groupe de Boulogne-Billancourt fait moins bien aujourd'hui que la marque au losange seule en 2004! Pas vraiment un progrès.

Côté PSA, Peugeot détient 6,8% du marché de l'Union et Citroën 5,3%. En dix ans, les deux marques de PSA ont hélas également  perdu un peu de terrain. Sur l'année 2004,  Peugeot frisait les 8% en Europe,  Citroën dépassait les 6%...

"Les ventes de la gamme "Entry" (Logan, Sandero, Duster...) ont encore progressé en janvier et février dans le monde",  nous affirmait début mars au salon de Genève Arnaud Deboeuf, responsable des véhicules à bas coûts de Renault. "Nous avons vendu 1,08 million d'unités l'an dernier dans le monde, soit une progression de 13%. Et nous aurons encore une croissance en Europe cette année", assurait le dirigeant.

+22,8% déjà en 2013

Les volumes de Dacia avaient déjà bondi de 22,8% en 2013 sur l' Union européenne. La marque de Pitesti avait presque atteint les 300.000 immatriculations de voitures neuves  l'an dernier.  En France, "Dacia est la quatrième marque dans les ventes aux seuls clients particuliers", explique Arnaud Deboeuf.  Les immatriculations de Dacia ont grimpé de 11,2% dans l'Hexagone en 2013, frisant les 90.000 voitures, avec une part de marché supérieure à 5%.

Dans l'Union européenne, en-dehors de Dacia, le groupe allemand Volkswagen s'est correctement comporté (+8% en février). Le premier constructeur auto européen a notamment vu ses marques Audi et Skoda progresser sensiblement. Les américains GM et Ford, partis de très bas il est vrai, remontent la pente en février dans l'Union européenne, avec des hausses de ventes de 12,6% et 12,2% respectivement. Le japonais Toyota poursuit aussi son redressement (+16,2%).