Renault lance la production des Logan... chez le russe Lada

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  629  mots
La Renault Logan II, produite chez Avtovaz, sera présentée fin août. /DR
L'usine géante du russe Avtovaz (Lada) à Togliatti commence à fabriquer des Logan II et Sandero II, véhicules à bas coûts de Renault. Ces modèles seront présentés fin août au salon de Moscou. Renault est la deuxième marque automobile en Russie.

C'est parti. Renault "a démarré la production des Logan II et Sandero II dans l'usine Avtovaz de Togliatti", indique une source interne au sein de la firme automobile française Ces deux modèles, fabriqués dans la fameuse usine russe des Lada, à mille kilomètres au sud-est de la capitale, seront présentés officiellement au salon de Moscou, fin août. Renault a saturé son propre site de fabrication moscovite. Il profite donc des grosses capacités inemployées d'Avtovaz, le premier constructeur russe dont l'Alliance Renault-Nissan est en train de boucler la prise de contrôle.

Suppressions d'emplois massives

La production des Logan II et Sandero II à bas coûts - diffusées sous la marque Renault  et non le label roumain Dacia - est d'autant plus logique que les ingénieurs du groupe français ont installé en 2011 à Togliatti  une ligne d'assemblage de véhicules sur la plate-forme "Entry" (entrée de gamme de type Logan). Lada, la marque d'Avtovaz, a déjà démarré la production de  sa Largus, un break de la première génération de Logan restylé et rebaptisé. Et Nissan fabrique depuis 2012 sa Sylphy sur cette même base à Togliatti. Les Logan II et Sandero II produites là-bas seront destinées au marché local.

Le constructeur russe, contrôlé déjà partiellement par l'Alliance Renault-Nissan, a besoin de saturer un appareil de production démesuré. Il vient d'ailleurs d'annoncer qu'il allait supprimer 13.000 emplois. Le groupe précise que, à la fin de l'an dernier, 65.891 personnes travaillaient sur le site. Des effectifs énormes, hérités de la période soviétique.

Avtovaz a enregistré l'an dernier une perte nette de 7,9 milliards de roubles (161 millions d'euros). Malgré l'aide de Renault, les niveaux de productivité sont très loin de ceux de la concurrence internationale. Bâtie dans les années soixante avec l'aide des ingénieurs de Fiat pour produire la Fiat 124 de 1966 - dont la production a été stoppée en début d'année 2012 -, l'usine de Togliatti  vise une production de presque un million d'unités vers... 2017. On en est loin aujourd'hui. Longtemps constituée de modèles archaïques, au manque de fiabilité légendaire, mais pas chers, la gamme se renouvelle progressivement, avec le soutien de Renault. Mais, on n'en est qu'au début.

Ventes des Lada en chute libre

En décembre 2012, Carlos Ghosn - PDG de Renault et de son allié japonais Nissan -, Serguei Chemezov, Directeur général de la société publique Russian Technologies, ainsi que Igor Komarov, alors PDG d'Avtovaz, avaient scellé à Moscou un accord final permettant à Renault-Nissan de prendre le contrôle du russe. L'Alliance Renault-Nissan doit en principe boucler ce mois-ci le rachat de 67,1% du capital pour 577 millions d'euros.

Avtovaz, qui n'exporte quasiment pas, voit ses ventes dégringoler régulièrement en Russie. Les immatriculations de Lada y ont reculé de 14% sur cinq mois à 162.700 unités, selon l'Association des entreprises européennes (AEB). Soit une part de marché historiquement basse de 15,8%. Contre 18,3% en 2012. En Russie, Avtovaz avait déjà  plongé de 15% à 456.309 unités l'an passé. Les ventes cumulées des Lada, Renault et Nissan ont, ensemble, fléchi  toutefois de 5% seulement, comme le marché total.

Renault, qui produit notamment des 4x4 Duster à Moscou, réussit dans le pays. La firme au losange est la première marque étrangère en Russie, devant le coréen Kia, et la deuxième derrière... Lada. Les immatriculations de Renault ont certes reculé de 7% sur cinq mois à un peu moins de 80.000 unités. Mais le français détient 7,8% du marché. Et les marges en Russie sont parmi les meilleures du groupe, de l'aveu même du constructeur tricolore. Nissan, qui progresse de 29% à 70.300 véhicules, occupe 6,8% du marché.