Renault résiste à la dégringolade au Brésil

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  753  mots
Cérémonie pour la deux millionième Renault produite au Brésil
Le marché et la production s'effondrent au Brésil, Coupe du monde ou pas. Les immatriculations de voitures particulières neuves y ont reculé de 19,3% en juin, de 10,2% sur six mois. Mais Renault résiste, grâce à la nouvelle Sandero II.

Coupe du monde ou pas, l'économie brésilienne ne va pas bien.  La production automobile, un secteur clé, a dégringolé en juin (-33%), faisant craindre que 2014 ne soit la plus mauvaise année depuis... seize ans. Sur l'ensemble du premier semestre, la production de véhicules légers a chuté de 16,8% au Brésil, selon l'Association des constructeurs Anfavea. Si cette tendance se maintenait, la baisse en 2014 serait la plus forte depuis 1998.

Ventes en chute sérieuse

Conscient des difficultés, le gouvernement brésilien de la présidente Dilma Rousseff a prolongé le mois dernier des exemptions fiscales jusqu'à la fin de l'année. Mais, malgré ce soutien, les effectifs du secteur automobile ont diminué de 3% en juin par rapport au même mois de 2013, les constructeurs s'ajustant à la baisse de la demande et des exportations  - de 51% en juin ainsi que de 35% sur six mois, notamment vers l'Argentine.

Selon l'Anfavea, les immatriculations de voitures particulières neuves ont reculé au Brésil de 19,3% en juin, de 10,2% sur six mois à 1.190.330 unités, à cause en particulier de la baisse de confiance des ménages brésiliens et de la hausse des taux d'intérêt. Le marché automobile brésilien est le quatrième mondial.

Il est dominé par l'italien Fiat (245.400 immatriculations sur le semestre, -18,5%) - qui est également le premier constructeur dans l'Argentine voisine -, devant l'allemand Volkswagen (228.900, -14,6%), l'américain Chevrolet (GM, 225.529, -11,2%).

Renault s'en sort bien

L'un des rares constructeurs qui affichent des immatriculations en hausse sur le semestre au Brésil est... Renault (80.296 véhicules, +6%). La firme française est le sixième constructeur sur place, le coréen Hyundai venant de le doubler de peu. L'ex-Régie a commercialisé en juin au Brésil - sous la marque Renault - la nouvelle Dacia Sandero II, produite à Curitiba, dans l'Etat du Parana. La version pseudo-baroudeuse "Stepway", arrivera, elle, fin 2014. Un vrai renouvellement de la gamme, puisque la Logan II avait été lancée au Brésil en fin d'année dernière.

La Sandero II est un modèle crucial, rentrant dans la catégorie fiscalement favorisée du "Carro popular" (moteurs de moins de 1.000 centimètres-cubes). La Sandero II est disponible avec un micro-moteur 1,0 et un 1,6, tous deux "Flex Fuel" c'est-à-dire pouvant fonctionner à l'essence ou à l'alcool. Le Brésil est depuis 2011 le deuxième marché de Renault, après la France. Et c'est l'un des plus rentables, affirmait récemment le constructeur.

Carlos Ghosn, le PDG de Renault, a d'ailleurs annoncé en avril dernier un nouveau plan d'investissements pour le Brésil sur la période 2014-2019 de 500 millions de réals (162 millions d'euros). Le plan précédent de 1,5 milliard de réals (485 millions d'euros) avait permis l''augmentation des capacités de production de 280.000 à 380.000 véhicules par an dans l'usine de Curitiba; le renouvellement de la gamme avec notamment l'introduction du fourgon Master; l'expansion du réseau de concessionnaires avec l'ouverture de 100 nouveaux points de vente au cours des trois dernières années. La firme tricolore en est à 275 aujourd'hui.

PSA reste à la traîne

Elle vise désormais une part de marché au Brésil de 8% à l'horizon 2016. Renault produit des véhicules à Curitiba depuis quinze ans. Après avoir longtemps stagné et perdu beaucoup d'argent, la firme au losange a en fait percé avec sa gamme "Entry" (Sandero, Logan et 4x4 Duster) fabriquée sur place.

PSA se porte moins bien que Renault au Brésil. La firme perd chroniquement de l'argent sur place. Sa gamme est trop diversifiée pour des ventes encore faibles. Ses immatriculations ont reculé de 13,2% sur  six mois à 49.700 unités. Les volumes sont inférieurs de 40% à ceux de Renault, et ce, avec deux marques. PSA  produit depuis la fin 2000 à Porto Real, dans l'Etat de Rio.

L'Argentine plonge aussi

La situation automobile de l'Argentine n'est pas... meilleure que celle du Brésil. La production automobile dans l'Argentine voisine a chuté de 21,8% au premier semestre de 2014, d'après l'Association des constructeurs locale Adefa. Les exportations argentines ont décliné de 23%. Nettement plus petit que celui du Brésil mais encore conséquent, le marché a reculé quant à lui de 34% à 306.431 véhicules sur six mois (utilitaires et poids-lourds compris), selon les chiffres de  l'Adefa.

En Argentine, les immatriculations de Renault, qui est implanté industriellement à Cordoba depuis les années 60, ont reculé de 44% à 36.597 unités au premier semestre. Installé également depuis les anées 60, PSA produit à Palomar, près de Buenos Aires. Ses immatriculations ont fléchi au premier semestre de 33% à 44.760.