Ces constructeurs automobiles qui gagnent tant d'argent...

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  844  mots
La Lexus IS 300h hybride participe au succès de Toyota (Crédits : DR)
Toyota et Hyundai affichent de fortes marges pour des constructeurs généralistes. Les champions sont toutefois les firmes de haut de gamme Jaguar Land Rover et Porsche. Les français sont hélas à la traîne

Le japonais Toyota et le coréen Hyundai Motor se portent bien. Les marques "premium" allemandes ainsi que la britanniques Jaguar Land Rover aussi. Le constructeur automobile japonais Toyota vient certes d'être détrôné de la première place mondiale par le groupe Volkswagen. Mais le consortium nippon n'en affiche pas moins, en chiffres absolus, les plus gros profits de l'industrie automobile mondiale. Il affiche même une petite progression de son bénéfice net de 4,6% à 588 milliards de yens (4,2 milliards d'euros) sur son premier trimestre fiscal (1er avril-30 juin), battant son propre record.

Marge opérationnelle de 10,8%

La marge opérationnelle du japonais, très confortable, atteint les 10,8%. C'est sans conteste la meilleure des constructeurs automobiles généralistes. Toyota dispose d'une large gamme mondiale, la plus étendue avec celle du groupe Volkswagen, allant des mini-véhicules comme les Daihatsu nippones ou l'Aygo européenne aux énormes pick-ups "Full Size" Tundra destinés aux Etats-Unis, sans oublier les 4x4 Land Cruiser ou les limousines Lexus LS.

Le coréen Hyundai Motors enregistre pour sa part une baisse de son bénéfice net au deuxième trimestre (avril à juin 2014), mais il n'en aligne pas moins une marge  encore extrêmement honorable pour un groupe généraliste de 9,1%. Hyundai Motors est une des deux sociétés du consortium Hyundai-Kia, le cinquième groupe automobile mondial. La branche Kia Motors enregistre, elle, une marge encore satisfaisante de 6,3%.

Mazda et Suzuki se débrouillent bien

Satisfecit également pour le japonais Mazda - qui revient de loin - avec une marge de 7,9% (d'avril à juin) ou son compatriote Suzuki (7,1%). Ce dernier affiche un résultat d'autant plus remarquable qu'il se spécialise dans les petits véhicules... Skoda, filiale tchèque de Volkswagen, fait aussi très fort avec une marge opérationnelle de plus de 7% (au premier semestre). Pas mal pour un constructeur qui se veut l'un des champions du rapport qualité-prestations-prix.

Honda est à 6,5% (d'avril à juin). Le groupe Volkswagen dans son ensemble annonce 6,3% (sur le semestre). Les voitures à bas coûts de la gamme "Entry" du groupe Renault  (Logan, Duster, Sandero...), vendues sous le label Dacia en Europe ou Afrique du nord et sous la marque au losange ailleurs, réalisent aussi de solides profits selon les dirigeants du constructeur tricolore. Mais celui-ci ne publie aucune donnée financière spécifique les concernant.

Rentabilité majeure pour JLR et Porsche

Malgré leurs mérites, les constructeurs généralistes ne peuvent toutefois afficher les superbes marges des marques de haut de gamme! Logique. Le britannique Jaguar Land Rover (JLR) se retrouve ainsi à 17,2% sur son premier trimestre fiscal 2014-2015 (avril à juin 2014). Repris par le constructeur indien Tata Motors en 2008 à Ford, JLR se situe donc au niveau de... Porsche (groupe Volkswagen), lequel enregistre une marge de 17% au premier semestre.

Dans le club très fermé des constructeurs réalisant 10% de marge ou plus, on trouve également le bavarois BMW (10,7% sur le semestre) et son compatriote Audi (10%, groupe Volkswagen également). Mercedes progresse, mais sa marge de 7,5% reste moyennement satisfaisante  pour un label "premium".

Derrière les firmes "premium", d'autres constructeurs généralistes comme l'américain Ford et le japonais Nissan, contrôlé par Renault, arborent une rentabilité de 5%. Enfin, Renault affiche une marge semestrielle de 3,7%, le groupe Fiat Chrysler Automobiles de 2,7%, PSA de 1,7%.

Les japonais profitent de leurs processus

Les fortes marges structurelles des japonais, mais aussi des coréens, s'expliquent par les profits sur leur marché intérieur relativement fermé aux importations, mais aussi par leur grande présence dans des régions réputées rentables comme la Chine, l'Asie du sud-est, les Etats-Unis. Par ailleurs, leurs gammes sont larges et, sauf dans le cas de Suzuki, comprennent une forte proportion des véhicules de gamme moyenne et supérieure, structurellement plus profitables. Par ailleurs, les japonais sont réputés pour la qualité de leurs processus industriels et une bonne fiabilité de leurs véhicules qui contiennent les coûts de garantie.

Les spécialistes du haut de gamme allemands ou JLR enregistrent, eux, des résultats solides dus à leurs prix de vente élevés. Mais, pour trouver des clients acceptant de payer cher, ils doivent concevoir et fabriquer des véhicules de qualité technologiquement évolués, ce qui les oblige à des dépenses de recherche et développement ainsi qu'à des investissements industriels élevés.

Les constructeurs américains font l'essentiel de leurs marges en Amérique du nord mais aussi en Chine. Quant aux constructeurs européens, ils pâtissent des coûts de production  élevés dans certains pays (Allemagne, France, Belgique), mais aussi de la faible rentabilité du marché du Vieux continent, extrêmement concurrentiel et  technologiquement fort exigeant. Le marché européen se concentrant progressivement sur des petits véhicules généralement à très faibles marges, l'équation est complexe. Par ailleurs, Fiat comme les français ont pâti ces dernières années de marchés faibles en Europe du sud.

>>> Voir aussi : DIAPORAMA Ces constructeurs qui affichent d'insolents profits