Renault sauve l'usine de Sandouville en produisant pour Fiat et GM

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  755  mots
Le nouveau Renault Trafic sert de base à des dérivés pour Fiat, GM, Nissan
Renault sauve le site normand de Sandouville. Le site de production du fourgon Trafic va aussi fabriquer des dérivés pour Fiat. Il devrait aussi fournir l'américain GM et peut-être le japonais Nissan.

Bonne nouvelle pour le "made in France". L'usine Renault de Sandouville (Seine maritime) va non seulement fabriquer des modèles pour Fiat. Mais elle "devrait également produire des véhicules pour... General Motors", selon des sources internes du groupe français. Renault vient de lancer la troisième génération de son célèbre fourgon Trafic, qui repose sur la base du précédent, mais se voit profondément restylé et remotorisé.

Sauver l'usine normande

Le lancement du nouveau Trafic a constitué un événement  industriel majeur. Car il sauve l'usine normande de Sandouville (2.200 salariés à fin 2013), jusque là en déshérence ! Naguère spécialisé dans les voitures de gamme moyenne et haute de Renault, le site proche du Havre qui fête ses cinquante ans, a reçu 230 millions d'euros d'investissements pour se reconvertir dans les utilitaires et industrialiser le Trafic.

Renault et Fiat ont en outre signé au mois de juillet 2014 un accord de coopération, aux termes duquel le français produira également à Sandouville un dérivé dudit Trafic, pour remplacer l'actuel Fiat Scudo (issu d'une coopération avec... PSA). Et ce, à partir du deuxième trimestre 2016. Le véhicule Fiat utilisera des moteurs du groupe tricolore. Cocorico.

Des dérivés mutliples

Mais ce n'est pas tout. Un dérivé supplémentaire du Trafic verra aussi le jour pour GM. Au nom d'une collaboration de plus de vingt ans dans les utilitaires entre les deux groupes, Renault a développé sur la base  de ce Trafic des dérivés pour Opel, marque allemande de GM, ainsi que Vauxhall, le label britannique du constructeur américain. Et une partie au moins de ces modèles doit être assemblée en Normandie. Un beau succès pour la firme tricolore.

Enfin, Renault pourrait également assembler à Sandouville  un autre dérivé du Trafic - décidément ! - restylé et rebaptisé pour son partenaire japonais Nissan. "Il y aurait une logique industrielle à ce que ce véhicule soit aussi produit à Sandouville. Mais ce n'est pas encore acté", souligne-t-on officieusement au sein de la firme tricolore.

Lorsque Renault s'était engagé au début de l'actuelle décennie, à conserver le site de Sandouville, il avait décidé d'y fabriquer des utilitaires, des modèles à plus fortes marges que les voitures permettant de mieux absorber les coûts de production élevés dans l'Hexagone. "Ce sont 100.000 fourgons garantis par an", avait annoncé Jérôme Moinard, le directeur du site, en février 2011. Vu les volumes additionnels pour des véhicules destinés à d'autres marques, ce sera au final bien davantage.

Renault a vendu 305.200 utilitaires

Renault est l"un des grands spécialistes européens de l'utilitaire léger. Il en a écoulé 305.200  l'an passé dans le monde dans le monde, indépendamment des camions produits par Renault Trucks - une filiale à 100% du suédois AB Volvo qui produit dans des sites totalement distincts...

Le français vend certes moins que le groupe Volkswagen (510.847 utilitaires légers produits l'an dernier dans le monde), Fiat (431.200 unités vendues en 2013, hors branche poids-lourds Iveco) et PSA (370.100). En revanche, il dépasse Mercedes (270.144). Sur le seul marché européen, Renault est le troisième acteur (14,1% de part de marché en 2013), derrière PSA (20%) et Volkswagen (15,8%), mais devant Fiat (11,6%), Ford (11,1%), Mercedes (9,8%).

Grand spécialiste des coopérations

Renault devient un grand spécialiste des coopérations multiples. L'usine française de Maubeuge (Nord) fabrique ainsi depuis l'an passé une version dérivée de sa fourgonnette Kangoo pour... Mercedes, qui la commercialise sous le nom de Citan avec des diesels de la firme au losange. Renault a par ailleurs co-développé avec Smart (Mercedes) les futurs petits véhicules qui seront lancés prochainement, dont la très attendue Twingo III fabriquée à Novo Mesto en Slovénie. Cette usine du groupe tricolore produira aussi une Smart à quatre places sur la même plate-forme.

L'usine Renault de Flins en région parisienne fabriquera par ailleurs la prochaine génération de petites Nissan Micra à partir de 2016. D'ores et déjà, Renault fournit des moteurs diesel fabriqués dans ses usines à Nissan et Mercedes. Renault devrait aussi fournir au japonais Mitsubishi des berlines produites à Busan, en Corée, par sa filiale locale RSM.

Renault est le premier actionnaire du japonais Nissan (à hauteur de 43,4%). Le français a  également passé en 2010 un vaste accord de coopération technique et industrielle avec Daimler (Mercedes), comprenant des (petites) prises de participations réciproques. Renault détient 1,55% de Daimler.