En 2024, une navette autonome La Défense-Roissy-Charles de Gaulle ?

PRISE DIRECTE. Lors du Forum Zéro Carbone organisé par La Tribune, sur fond de regain d'intérêt pour la voiture personnelle en pleine crise Covid, un débat a dressé l'état des lieux de son usage et esquissé sa future place dans les mobilités. Il a réuni Jean-Philippe Doyen, président de Sixt France, Nicolas Meilhan, conseiller scientifique chez France Stratégie, Patrick Pélata, consultant et ancien numéro deux de Renault, ainsi que Clément Rossignol Puech, maire EELV de Bègles et vice-président de Bordeaux Métropole.

VOIR notre dossier « Cinq ans après la COP21 »

La voiture individuelle, perçue comme plus sécurisante que les transports collectifs grâce à la distanciation sociale qu'elle permet, sera-t-elle la grande gagnante de la crise sanitaire ? Élus et experts analysent les tendances récentes en matière de déplacements quotidiens. Ainsi, à Bègles, « avant même ce deuxième confinement, nous étions à moins de 30 % d'utilisation des transports en commun », relève Clément Rossignol Puech, maire EELV de la ville. En parallèle, « nous assistons à une augmentation très forte de l'usage des vélos et à une stabilisation de l'usage de la voiture ». L'élu, qui est aussi président de Bordeaux Métropole, s'inquiète. « Si cette crise incite les usagers à revenir vers la voiture individuelle, cela signifie, pour les grandes métropoles comme l'agglomération bordelaise, des embouteillages et des enjeux sanitaires liés aux particules fines et à la qualité de l'air ».

De son côté, Nicolas Meilhan, conseiller scientifique chez France Stratégie, note que, si le vélo est en plein boom, c'est principalement parce que les usagers ont délaissé les transports en commun. « Pour l'instant, la voiture individuelle est toujours là », assure-t-il. « Elle va continuer d'occuper une place centrale dans la mobilité tout en poursuivant sa révolution », avance de son côté Jean-Philippe Doyen, président de Sixt France, d'autant que « certains déplacements ne sont faisables qu'en une voiture ». Et pour en limiter un « usage excessif », encore faut-il que les citoyens puissent disposer d'alternatives, telles que les transports en commun... Ce qui n'est pas le cas partout, et certainement pas dans la ruralité.

Ainsi, « parce que c'est plus compliqué et plus coûteux, seuls 10 % des Parisiens utilisent leur voiture. Le bon sens veut qu'ils marchent ou prennent un vélo, un bus ou un métro », souligne Nicolas Meilhan. « Le problème n'est pas dans les villes », martèle-t-il, mais dans des zones où les habitants n'ont pas d'autre choix que celui de la voiture.

Développer le covoiturage

La solution dans ce cas ? Pour Nicolas Meilhan, elle réside dans le covoiturage. « Il faut absolument éviter la démobilité subie », source de tensions sociales, comme on l'a vu avec le mouvement des Gilets Jaunes, insiste pour sa part Clément Rossignol Puech, qui veut développer davantage le covoiturage et l'autopartage au sein de sa collectivité, ainsi que, plus généralement, la multi-modalité telles qu'à la gare Saint-Jean, à Bordeaux, laquelle offre une série de solutions de mobilité - du vélo libre-service au bus en passant par le train et le covoiturage. « La révolution, qui a commencé avant la crise sanitaire, c'est que les collectivités locales commencent à comprendre l'intérêt du covoiturage, complémentaire des réseaux de transports en commun existants », acquiesce Nicolas Meilhan.

La voiture vertueuse sera donc partagée, et en plus, elle sera électrique... « Si le covoiturage est une solution, il y a aussi tout un dispositif qui a commencé à se mettre en place pour accélérer l'avènement de la voiture électrique », rappelle Jean-Philippe Doyen. Pour le dirigeant de Sixt qui, outre la location traditionnelle, propose également des solutions de véhicules en libre-service et d'autopartage, les acteurs de la mobilité partagée jouent un rôle clé dans la mobilité verte, ne serait-ce qu'en remettant sur le marché des voitures électriques d'occasion.

La voiture autonome, nouveau paradigme

Mais le vrai changement pourrait intervenir via les véhicules autonomes. Et cette révolution est déjà en marche. C'est une réalité, par exemple, dans la ville de Phoenix, en Arizona, où Waymo, une division d'Alphabet, a récemment mis en service des taxis sans chauffeurs. Et d'ici 2030, le phénomène pourrait s'accélérer. D'ailleurs, des projets existent aussi en France, comme celui « de faire le trajet La Défense - Roissy en navette électrique et autonome, avec pour objectif un fonctionnement de ce service au moment des Jeux olympiques de 2024 », précise à cet égard Patrick Pélata, consultant et ancien numéro deux de Renault. Reste que, avant de devenir la nouvelle réalité de la mobilité, la voiture autonome a encore quelques étapes à franchir, notamment règlementaires...

 
 
 

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 21/01/2021 à 14:56
Signaler
"regain d'intérêt pour la voiture personnelle" Les gens y sont contraints, combien de fois faut il le dire ? Alors je sais que nous ne sommes pas en démocratie mais de grâce par décence et respect pour l'humanité n'amalgamez pas contrainte et cho...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.