Fusion Peugeot-Fiat : pourquoi la Commission européenne met la pression

D'après des rumeurs de presse, la Commission européenne n'aurait pas reçu les engagements suffisants permettant de remédier à des positions dominantes sur certains segments. Elle pourrait prolonger de plusieurs mois son processus d'examen, provoquant la chute des titres PSA et FCA en Bourse...
Nabil Bourassi
(Crédits : Stephane Mahe)

Chez PSA, on a plusieurs casseroles sur le feu... Il y a bien la casserole "crise du covid" en ébullition et qui mobilise toutes les équipes pour répondre présents lors de la reprise économique. Mais une autre casserole jusqu'ici maintenue à feu doux (en remuant de temps en temps) semble désormais à bout de cuisson: il s'agit du non moins crucial et historique examen du projet de fusion PSA-FCA par les autorités de la concurrence de la Commission européenne.

Eviter la phase II

Alors que la première phase d'examen arrive à son terme le 17 juin, avec possibilité de prolongement de dix jours, les Etats-majors des deux groupes automobiles s'inquiètent du risque que la Commission enclenche une "phase II", là où ils espéraient un feu vert dès juin...

"L'enjeu pour PSA et FCA est d'obtenir un feu vert dès la phase I de la procédure ; si la Commission européenne ouvre une phase II, cela reportera, en effet, le processus de fusion de plusieurs mois au moins. Cette pression pousse probablement à des discussions confidentielles entre la Commission européenne et les deux constructeurs qui pourraient accepter de prendre des engagements remédiant aux préoccupations de concurrence identifiées par la Commission européenne", explique Lionel Lesur, avocat français et italien spécialisé en droit de la concurrence associé au cabinet McDermott Will & Emery.

Car d'après Reuters, la Commission aurait déjà tiqué sur le segment des utilitaires légers. Selon elle, en s'unissant, PSA et FCA pourrait se retrouver en position dominante. Les deux groupes ont pourtant tenté de déminer le sujet en travaillant sur les termes du périmètre. "L'un des enjeux est aussi la définition par la Commission européenne du périmètre géographique des différents marchés pertinents. Retenir, selon le marché, un périmètre national ou européen peut, en effet, avoir un impact significatif plus ou moins favorable sur l'analyse de la position concurrentielle du nouvel ensemble, notamment sur les véhicules utilitaires légers", explique Maitre Lesur. Autrement dit, l'analyse de la Commission n'est pas la même si elle raisonne en parts de marché Europe ou plus spécifiquement d'un pays à l'autre. Ainsi, en Italie, la nouvelle entité atteindrait 40% du marché des utilitaires légers, soit le seuil à partir duquel la Commission juge qu'il y a une entrave concurrentielle.

Des engagements insuffisants ?

Mais il semblerait que même sur une perspective européenne, avec 34% de parts de marché, FCA-PSA serait, sans franchir les seuils d'alerte, plus de deux fois plus gros que le second acteur, soit Renault avec 16% des ventes totales. Pour éviter la phase 2, les deux groupes automobiles avaient jusqu'au 10 juin minuit pour formuler des propositions, selon l'AFP.

"Il existe deux types d'engagements : des engagements structurels, qui règlent définitivement le problème via des cessions d'actifs et/ou des engagements comportementaux et à portée contractuelle. Dans ce dernier cas de figure, un constructeur pourrait, par exemple, renoncer à des clauses d'exclusivité avec ses revendeurs, ou désinvestir le segment (ou une marque au moins) sur certains marchés", explique Lionel Lesur.

Mais, d'après l'AFP, les propositions formulées n'auraient pas convaincu la Commission européenne, laquelle a déjà montré sa très grande fébrilité face aux rapprochements industriels géants, n'hésitant pas à empêcher la fusion entre Alstom et Siemens, malgré le soutien des gouvernements allemand et français.

En outre, d'autres sujets pourraient être mis sur la table sans qu'ils aient pu fuiter dans la presse. "Sur le segment des petites voitures, il y a potentiellement un sujet aussi même si cette problématique semblait, peut-être, plus critique dans la configuration d'une fusion entre FCA et Renault", rappelle Lionel Lesur du cabinet McDermott Will & Emery.

Chez PSA et FCA, le discours n'a pas changé: les deux groupes sont prêts à toutes les concessions pour faire aboutir ce projet industriel qui doit donner naissance au quatrième groupe automobile mondial.

D'ores et déjà, la perspective d'un retard dans la mise en oeuvre de la fusion entre les deux groupes a fait chuté les titres de PSA et FCA en Bourse. Le premier a perdu près de 10% sur la journée, tandis que le second a abandonné près de 9%. Les marchés ont remis la cuisson à feu très fort...

Nabil Bourassi

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Commentaires 21
à écrit le 20/06/2020 à 20:20
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N'oublions pas que l'Europe est dirigée par les Allemands, ils détiennent les postes principaux, le rapprochement entre PSA et FCA représente un danger pour ...VAG ceci peut expliquer cela non ?

à écrit le 13/06/2020 à 12:53
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Pechiney acheté en 2003 par Alcoa (Canadien) qui lui-même se fera acheté en 2007 par Rio Tinto (Anglo-australien) – Plus que deux usines en France ( sur 41 sites en France en 2003) Alsthom turbine à gaz acheté par GE (fusion Alsthom-Siemens refuse ...

à écrit le 12/06/2020 à 23:00
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La Commission ne va qd même pas casser le pt fort des 2 groupes ds les utilitaires légers. Le périmètre d'appréciation devrait être mondial, sachant que ce soit ds les utilitaires ou le reste du secteur, l'Europe accueille ss restriction aucune, les...

à écrit le 12/06/2020 à 19:57
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Vous oubliez aussi que la commission européenne bloque la fusion STX chantiers naval avec le puissant groupe italien Finmecanica. Tout cela au profit des groupes Asiatiques. En ce qui concerne PSA leur dirigeant sont suffisamment intelligents pour j...

à écrit le 12/06/2020 à 19:21
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Vous oubliez aussi que la commission européenne bloque la fusion STX chantiers naval avec le puissant groupe italien Finmecanica. Tout cela au profit des groupes Asiatiques. En ce qui concerne PSA leur dirigeant sont suffisamment intelligents pour j...

à écrit le 12/06/2020 à 16:12
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l'UE persiste à vouloir empêcher la constitution de groupes européens de taille mondiale, Nous avons eu le triste exemple d' Alstom et Siemens et nos technocrates Bruxellois s'entêtent. On se demande pourquoi , qui a intérêt à ce que l'UE soit faibl...

à écrit le 12/06/2020 à 15:21
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La cecite de ces pretendus decideurs qu'elle soit volontaire ou non est mortifere pour l'avenir. Rien de concret pour sortir par le haut, a croire qu'ils ont decide d'un suicide collectif, ce qui va advenir. En face la Chine, de l'autre l'oncle Sam q...

à écrit le 12/06/2020 à 13:04
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Pendant ce temps : Les intérimaires de PSA Peugeot-Citroën grincent des dents. Afin de renforcer ses équipes du site d'Hordain (Nord), le géant français de l'automobile va faire venir des salariés d'une usine polonaise. Une décision qui laisse n...

à écrit le 12/06/2020 à 11:32
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Pourquoi ne parles-vous pas du fait que PSA Peugeot Citroën va faire venir ses salariés polonais à son usine d'Hordain et qu'il envisage aussi de faire venir des salariés espagnols de Saragosse ?

à écrit le 12/06/2020 à 8:57
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Sans être spécialiste, je doute fort de l'intérêt de cette fusion pour PSA. En essayant de regarder objectivement forces et faiblesses des 2, PSA me semble plus avoir à y perdre qu'à y gagner à être lié à un groupe (FCA) dépassé, peu innovant et trop...

le 13/06/2020 à 1:01
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à vous lire les patrons de PSA sont stupides de se marier avec FCA. que savez vous de leurs stratégies ? Que connaissez vous de leur comptabilité ? de leur projet ? Ce n'est pas à nous de juger. Vous reprenez des banalités lus et relus dans des m...

le 14/06/2020 à 1:06
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commentaire sans connaitre FIAT; le groupe FIAT 1) n'est pas endetté 2) a environ 10 marques connues dans le monde et peut donc les utiliser dans différents pays et segmenter les marchés 3) est présent sur presque tout les continents et sur...

à écrit le 12/06/2020 à 8:37
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Positions dominantes de Peugeot et Fiat? Une très mauvaise plaisanterie (même sans rien n'y connaitre, on ne peut que sourire. La réalité est quand on empêche les professionnels de prendre les ajustements qu'ils jugent nécessaires, on détruit notre ...

à écrit le 11/06/2020 à 22:53
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Lacommission rejoue le scenario Pechiney arcelor on brade l'indutrie europeenne au profit de Nissan Toyata et les autres...; La concurrence a conduit à la disparition de l'aluminium Pechiney Elle a echoué en essayant de brader l'indutrie férrovi...

le 12/06/2020 à 14:07
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Alstom est bien maintenent avec la fusion avec Bombardier c'est optimal.Vous n'avez pas besoin d'une fusion avec des allemands.Les allemands veulent de conquerir le continent.

le 14/06/2020 à 0:12
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La Commission casse des synergies industrielle locales en poussant à dementeler des organisations trop performantes, ss prétexte de position dominante pour faciliter l'accès au marché à des firmes hégémoniques mondiales qui elles, ne souffrent pas en...

à écrit le 11/06/2020 à 20:13
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Parce que cette commission est sous controle allemand.Ou etait cette commission quand les allemands ont achete presque tout les fabriquants des vehicules en Europe.L'industrie automobile forme plus de 30% de PIB de l'economie allemande.Sans cette ind...

le 12/06/2020 à 8:13
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Presque tout les fabricants de véhicules ? vw a créé un monstre en achetant des fabricants de camions, moto et voiture haut de gamme, ça n'a rien à voir... Personnellement si la commission peut empêcher le petit, mais rentable, PSA de fusionner ...

le 12/06/2020 à 9:18
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Et si Fiat n'est pas en forme economiquement pk vous et en particulier PSA Group n'achetera pas FCA mais ils se vont fusioner?

le 12/06/2020 à 22:31
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bil36, justement PSA est trop petit et trop centré sur l'Europe, en perte de vitesse en Chine, absent en Amérique du N, très concurrencé en Amérique du Sud par les constructeurs allemands dt VW. Ses plateformes doivent couvrir en volume plus de modè...

à écrit le 11/06/2020 à 18:49
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Parce que seuls les constructeurs automobiles allemands font ce qu'ils veulent quand ils veulent en UERSS empire prévu pour durer mille ans, les autres étant condamnés par les autorités européennes à rester derrière les allemands. La nostalgie de...

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