Le gouvernement rouvre le débat sur le diesel

Par Nabil Bourassi  |   |  571  mots
Les ventes de diesel ont perdu 20 points de parts de marché en France en sept ans.
L'affaire Volkswagen est l'occasion de revenir sur la question du diesel et de sa fiscalité avantageuse. Le gouvernement souhaite relancer ce débat tout en prenant garde de ne pas pénaliser l'industrie automobile française. En réalité, l'arbitrage final pourrait revenir aux consommateurs eux-mêmes...

Le gouvernement va-t-il enfin trancher la question du diesel ? Cette vieille marotte source de nombreux couacs au sein-même du gouvernement pourrait trouver un épilogue, ou un nouveau départ, après le scandale des moteurs truqués de Volkswagen.

Poussé par la majorité, le gouvernement commence à sortir ses cartes plus tôt qu'il ne l'avait prévu. Des amendements ainsi déposés par des élus socialistes dans le cadre des discussions autour du projet de loi de finances visent à réduire l'écart de fiscalité entre le diesel et l'essence. Il s'agirait ainsi d'augmenter de deux centimes le prix du litre de diesel à la pompe, et de baisser celui de l'essence d'environ un centime. D'autres dispositifs fiscaux sont également dans la ligne de mire des députés : le barême de la taxe sur les voitures de sociétés, trop avantageux pour les diesels, ou encore la TVA.

Un "débat légitime" d'après Valls

Manuel Valls a fini par s'exprimer sur le sujet mercredi 7 octobre. Sur RTL, le Premier ministrea ainsi expliqué que "rapprocher la taxation sur le diesel et l'essence est un débat légitime" :

"Je réunirai cette semaine plusieurs ministres pour évoquer les solutions que nous pourrions proposer sans que cela représente un coût supplémentaire (...) pour les conducteurs, et sans que cela puisse représenter non plus un danger, une mise en cause des emplois dans l'industrie automobile."

"Je crois que c'est possible, mais ça veut dire qu'il faut le faire intelligemment, en prenant le temps, et sur plusieurs années", a-t-il ajouté. De son côté, Ségolène Royal s'est prononcée pour une égalisation des deux fiscalités. "Aujourd'hui, il y a un avantage pour le diesel de 15 centimes par litre. L'idée, c'est de neutraliser", a déclaré la ministre de l'environnement à la sortie du conseil des ministres.

De vieilles divergences

Les réticences du gouvernement à s'engager sur une telle voie étaient éminemment industrielles. Les constructeurs automobiles français sont parmi les plus importants fabricants de diesel du monde. Sous Jean-Marc Ayrault déjà, la question du diesel avait causé une violente passe d'arme entre Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif, et Delphine Batho, ministre de l'environnement.

"Notre souhait est de trouver une formule qui n'attaque pas le diesel, car attaquer le diesel c'est attaquer le made in France car nous sommes les meilleurs en diesel", avait ainsi répondu Arnaud Montebourg à sa collègue qui fustigeait une technologie qui tuait 40.000 personnes par an.

Le diesel a déjà commencé à perdre du terrain

En réalité, le débat sur le diesel a d'ores et déjà porté ses fruits puisque les Français se détachent petit à petit de cette motorisation. Sur les neuf premiers mois de l'année, la part des diesels est brutalement tombée à 58,2% du marché alors qu'elle était de de 64,6% un an auparavant. En 2018, cette proportion était de 77%.

La perspective d'un réajustement fiscal encore flou ou encore des restrictions annoncées dans Paris notamment (Anne Hidalgo veut y interdire le diesel en 2020) a fait fuir les consommateurs inquiets de la valeur résiduelle (le prix à la revente) de ce qui est encore considéré comme un actif financier. La campagne sur les effets sanitaires du diesel a également éloigné les acheteurs. Enfin, les progrès des motorisations essence en matière de consommation ont plaidé en sa faveur.