Renault-Nissan : Macron "vigilant" sur le maintien des "équilibres"

Par latribune.fr  |   |  668  mots
(Crédits : POOL New)
Les autorités françaises sont "vigilantes" sur le maintien des "équilibres" entre Renault et Nissan, deux mois après l'arrestation de Carlos Ghosn au Japon, a déclaré dimanche Emmanuel Macron, qui s'est aussi inquiété du sort de l'ancien "taikun de l'automobile".

"Nous sommes vigilants à ce que les équilibres de l'alliance soient préservés", a déclaré le chef de l'État au cours d'une rencontre avec la presse au premier jour de sa visite en Égypte.

"Je ne crois pas du tout que ce qui se passe, qui est un cas individuel, soit de nature à renverser les équilibres de l'alliance" franco-japonaise, qui a "montré sa stabilité", a-t-il ajouté.

Renault détient actuellement 43% de Nissan, qui lui-même possède 15% de Renault (mais sans droit de vote) et 34% de Mitsubishi.

Une remise à plat de l'alliance, dont Carlos Ghosn était la clef de voûte, pourrait signifier une perte d'influence de Renault, alors que certains chez Nissan déplorent que le constructeur japonais ne soit pas traité sur un pied d'égalité malgré un poids qui a grandi au fil des ans.

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Des échanges entre Paris et Tokyo

Emmanuel Macron a indiqué qu'il avait évoqué avec le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, la situation de Carlos Ghosn, en détention depuis le 19 novembre au Japon, sur des soupçons de malversations financières qu'il nie.

"Je me suis simplement préoccupé que le sort d'un compatriote français respecte le minimum de décence qu'on est en droit d'attendre", a-t-il expliqué avant d'ajouter : "j'ai considéré que la détention préventive était très longue et que les conditions de sa détention étaient dures, je l'ai dit à plusieurs reprises au Premier ministre Abe".

Interrogé sur le sujet lundi à Tokyo, le porte-parole du gouvernement japonais a défendu le système japonais.

"Je voudrais m'abstenir de dévoiler la teneur des discussions entre les deux dirigeants. Mais les enquêtes sont menées par des unités pleinement indépendantes selon des procédures appropriées basées sur des décisions de nature uniquement judiciaire", a souligné Yoshihide Suga, lors d'un point presse régulier.

Après deux mois de secousses déclenchées par l'arrestation surprise de M. Ghosn, Renault a nommé cette semaine un binôme aux commandes: Jean-Dominique Senard à la présidence et Thierry Bolloré à la direction générale.

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MM. Macron et Abe "ont dit espérer que cette nouvelle direction permette à la coopération entre Nissan et Renault d'avancer sans heurts", a souligné M. Suga.

Nissan visé également par une enquête

Le groupe automobile japonais Nissan fait aussi l'objet d'une enquête par la SEC , le gendarme américain de la Bourse, au sujet de la rémunération de ses cadres dirigeants aux États-Unis.

"Nous avons reçu une demande de la SEC (Securities and Exchange Commission) et nous coopérons pleinement", a affirmé un porte-parole du constructeur dans une brève déclaration, sans donner de détails.

Il s'agit de problèmes similaires à ceux qui ont valu à Nissan une double inculpation au Japon, selon une source proche du dossier.

Le groupe, dont l'affaire Ghosn a révélé les lacunes de gouvernance, est poursuivi par la justice nippone pour sa responsabilité dans la dissimulation de revenus reprochée à son ancien PDG sur la période 2010 à 2018. Il est mis en cause en tant qu'entité morale ayant remis les rapports boursiers incriminés.

Arrêté le 19 novembre à Tokyo, M. Ghosn se trouve toujours en détention. Il est sous le coup de trois inculpations, pour abus de confiance et minoration de revenus.

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Lors de son unique comparution devant un tribunal le 8 janvier, le dirigeant de 64 ans s'est dit accusé à tort. Ses avocats ont déposé plusieurs demandes de libération sous caution, mais la justice les a rejetées, mettant en avant un risque de dissimulation ou destruction de preuves et de fuite.

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(avec agences)